Maruta - Forward Into Regression

Chronique CD album (29:13)

chronique Maruta - Forward Into Regression

Un peu de culture, ça fera de mal à personne. Le nom de Maruta vient du nom donné aux cobayes humains sur lesquels les "docteurs" de l'Unité 713 "travaillaient". Pour résumer rapidos avant de causer Grind Core: l'unité 713 de l'armée impériale japonaise est – très grosso-modo - l'équivalent des unités de "médecins" de la Waffen SS... Ca vous donne une idée sur le contenu des recherches menées par ces individus qui, pour bénéficier d'une immunité totale, ont gentiment offert leurs travaux sur les armes chimiques et bactériologiques à l'Oncle Sam.

 

L'instant culture étant achevé on va se pencher sur cette nouvelle rondelle de Maruta qui sort ici son second album. Ce groupe américain fait figure de fer de lance de la scène new school Grind Core, une scène passablement surestimé qui fabrique une musique hygiénique qui s'adresse plus volontiers aux bizuts qu'aux vieux routards de l'Underground. Enfin bref... Maruta tartine un nouvel album qui s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur, ici, on traine la savate dans le Grind Core moderne et rutilant proche de machins comme Rotten SoundKill The Client ou Nasum. La musique surfe proprement sur les sentiers battus et n'offre pas grand'chose d'excitant. Parties rapides sans saveurs, mosh parts plus lourdes, alternance inexpressive de voix Death et de voix braillardes, élucubrations techniques ineptes et un groove aux abonnés absents. Un album bien fade qui suit à la lettre tous les poncifs de cette scène dite New School. Pour schématiser, on dira que les groupes de la trempe de Maruta sont aux Grind Label Rouge ce que les Job For A Cowboy et autres Carnifex sont au Brutal Death de Suffocation ou Dying Fetus... des versions édulcorées saturées de sucreries qui arrondissent les angles pour une pénétration sans douleur.

 

Maruta part dans tous les sens, mange à tous les râteliers et entasse sans grande élégance des plans piochés ici et là. Au finale, on s'emmerde. L'ensemble de Forward Into Regression dégage une impression de brouillon, un fatras qui fait des pieds et des mains pour astiquer son image de sympa. Manque de pot: l'album ne dégage aucune force, aucune puissance, aucune rage... Ca démoule un produit Grind Core comme on dépose un étron au fond d'un chiotte empestant l'eau de javel. Et la production manucurée très au goût du jour ne fait pas oublier la faiblesse totale de ces 16 titres.

 

Une chronique bien acerbe? Non, c'est juste que cet album sonne faux et creux, un amoncellement d'artifices, de pirouettes techniques, de mosh part bien coiffées, de plans sagement tordus et poliment destructurés comme on apprend à le faire dans les usines de Hard Core Dolce Gabbana. Maruta et son Grind bling-bling semblent avoir oublié que ce qui constitue l'essence même du Grind Core, c'est la furie. Or, là on patauge dans une baignoire d'inefficacité à peine remuée par des remous qui – étrangement – sentent le Slipknot...

 

Maquillée comme une greluche, la musique de Maruta réussit à métamorphoser la hargne et l'hystérie du Grind Core en résignation calculée. On n'est jamais transporté ni ému, ni interpelé par ces 16 chansons amorphes.

 

Un album qui rapidement quitte les eaux de la médiocrité pour accoster sur les rivages de l'insupportable. Tape-à-l'œil, ampoulé, artificiel, laborieux... Croyez-moi, le Grind Core a mieux à offrir que ça.

photo de Cobra Commander
le 24/06/2011

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