Melvins - Dale Crover EP

Chronique CD album (12:43)

chronique Melvins - Dale Crover EP

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

 

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 11 -

 

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...


Dale Crover, c'est le batteur-brute aux idées géniales, au groove unique, mais c'est aussi le mec capable de détrôner King Buzzo dans la catégorie des blagues les plus foireuses. C'est un sacré score. Ici, nous nous penchons donc sur son EP plus ou moins solo de 92. En couverture, un Dale qui ne fait pas le rigolo. Il tire la gueule, le pépère. La pose Grunge, quoi.

Alors le Grunge, c'est quoi? C'est sûr, on n'en a plus grand chose à cirer du Grunge en 2011. C'est pas plus mal, sachez déjà cela. Le Grunge, c'est pratique quand tu sais pas jouer. Ne pas savoir jouer, c'est pas bien grave, encore faut-il avoir des idées. De toutes façons, le cauchemar est terminé. Et pitié, ne reprenez pas le triste spectacle! Le Grunge s'est échoué soit dans le pathos comique, avec un blondinet aux épaules étroites qui se tire un coup de fusil dans le menton, soit dans le ridicule tragique, avec Chris Cornu et sa carrière de carriériste (solo, audio-esclave). Y'a aussi quelques OD qui traînent, à l'image de ce chanteur de Hard FM qui s'ignorait, une Alice spécialiste en chaînes hi-fi pour simples employés dynamiques. Le Rock Darty, quoi. Le Grunge, ça ne se lave pas plus que le Punk et ça se met à porter des chemises à carreaux avant la prochaine mode. Et s'il faut faire un brin de toilette pour approcher de nouveaux amis new style, on passera sur cette petite concession. Le Grunge, c'est pas un genre de musique, c'est un truc approximatif pour étiqueter de pauvres groupes approximatifs. Le Grunge, c'était la voix d'une génération qui ne savait pas ce qu'elle disait et qui a fini web designer pour une boîte d'assurances. Le Grunge ça se rebelle mollement avant de pleurnicher sur son sort.
Bref, le Grunge c'était pas grand-chose.

Crover qui prend la pose grungy, donc. Soit. Belle pochette. Bel humour(?). Surtout que c'est un dessin, pas une photo. Et ça, ça change tout. Hein? Pourquoi pas! Je te rappelle que j'écris bien s'que j'veux.
Il fait la tronche, éh bien, ce n'est peut-être pas pour rien. Car ce disque, contrairement à toutes attentes relatives au personnage haut en couleurs ineptes, est un joli disque (c'est pas ça qui est surprenant), teinté d'un certain spleen particulièrement communicatif (et ça c'est plutôt inattendu). « Dead Wipe » notamment, est lancinant, désabusé, Rock nonchalant, voire éreinté. Dale chante un peu grognon, n'a plus la force de faire suinter les sarcasmes. C'est touchant, mélancolique. Les mélodies te disent que, quelque part, pour quelque chose, pour quelqu'un, il est trop tard. Dommage mon gars, trop tard c'est trop tard, on passe à la suite.

Car on n'est pas là pour chialer dans sa chambre d'étudiant gnian-gnian, en témoigne le titre d'ouverture, « Hex Me », boueux et noisy. Crover tire sur les cordes de sa gratte comme un malade et la fait gémir dans le bas du gras. Une intro presque digne de « Eggnog » [Boner/1991]. Oui, Crover joue de la guitare sur ce disque, en plus de chanter et de, forcément, frapper ses fûts. Sachez qu'il gratte également avec son autre groupe Altamont, gros Rock épais et stupide (mais bonne came), et assure souvent le manche aigu chez les Big Business en tournée.

Chose lugubre, Rock tirant sur le Doom rapide (ah-ha!, qu'est-ce que je m'amuse!), « Respite » pue le destin de merde. Sombre, désabusé. Encore.
Tiens donc, « Hurter » contient un passage qui sera désossé et recomposé pour « Roadbull » sur « Stoner Witch » [Atlantic/1994], deux ans plus tard. La voix distordue y sonne plus rageuse, mais dans l'ensemble, le mal de vivre rôde toujours.

Globalement, les riffs et les structures sont ici plus linéaires, plus simples que d'habitude chez les Snivlem, ce qui rend cet EP particulièrement accessible... et à part. J'aime son charme grisâtre, son parfum de looose avec trois « O », son côté Pop souillée, sa tristesse qui n'en fait pas des tonnes. On dirait qu'à jouer à l'exercice solo, les Melvins en ont retiré une certaine introspection et une tendance à la déprime. J'dis ça, j'dis rien. Une belle surprise, en tout cas. Un disque qui devait beaucoup plaire à mes-dents-dans-ma-cervelle-sur-le-mur Cobain. A j'ai-une-grande-gueule-sur-le-net-El Gep, également.
Dommage du peu (12 minutes et des cendres). Et dommage qu'il n'y ait pas eu de suite.
J'appuie à nouveau sur play car il n'y a pas de gâchette qui traîne.

photo de El Gep
le 26/06/2011

2 COMMENTAIRES

Slapopeyer

Slapopeyer le 11/07/2023 à 13:55:25

Merci, vous exprimez très bien ce que je ressens en réécoutant ce drôle de EP, il me rappelle la looose complète au petit lycée de la petite ville dortoir en espérant que tout ce monde pourri au ralenti allait passé plus vite ... ça n'a jamais accéléré même en mettant le son beaucoup plus fort. Merci encore, je vais le reréécouter volume maxi

el gep

el gep le 11/07/2023 à 19:59:44

Bah de rien.
Mais réflexion faite, tout passe de plus en plus vite et j'ai déjà envie de dire "déjà???, mais, mais, j'avais encore tellement de choses à faire !!!".
Trop tard.
C'est pas grave. C'est grave. C'est la vie: hihihi.

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