Melvins - Lysol

Chronique CD album

chronique Melvins - Lysol

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 8 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

Sers-toi un bon whisky. Un Lagavullin, un Laphroaig ou un Talisker. Si t'as pas trop de fric, essaie un Tullamore Dew, basique mais très bon rapport qualité/prix.
Whisky, donc.
Oui, il faut bien ça pour encaisser, une soirée apparemment comme les autres, les émotions que te font vivre ce foutu disque du paradis. Un ami à moi s'est d'ailleurs tapé un vrai bad trip en voiture, la première fois qu'il l'a écouté... Route de campagne encadrée par les arbres qui te tombent dessus et les troncs, les troncs solides qui t'appellent pour l'encastrement ultime. Les bras ouverts des arbres, le paradis n'est pas toujours ce que l'on croit.
Bon voyage, mauvais voyage, à toi de voir et laisse les circonstances influer sur ton trip, mais il faut dire que ça donne envie de faire comme l'indien de la pochette. Lever la tête aux cieux, fermer les yeux, les bras bas mais comme en croix et prier les anciens dieux.

Ce disque fait planer, ce disque fait voyager. C'est de la musique vivante, osée, du pur son vibrant. Ça commence par du Drone, du temps où on n'avait pas encore collé cette étiquette sur tout un tas de trucs pourris. Y'avait bien Earth (mais j'y ai jamais cru) ou un mec dans sa cave dont personne n'a jamais entendu parler (c'est dans le domaine du possible, pauvre de lui...), pourquoi pas, et puis eux : les Melvins en fookin' 92.
Bref, du Drone-Rock si tu veux, des guitares qui ronronnent, allez, on se laisse le temps d'écouter onduler la distorsion, absorbé par le son. Et derrière, des voix : claires, tutoyant le ciel en nappes supra-oxygénées.

Les voix. Ce con de groupe a quand-même des longueurs d'avance sur toutes ces formations plus ou moins dans la suivance (ah-ha!) qui ne savent que gueuler, sans rien rechercher d'autre dans le travail vocal. D'accord, ne pas savoir chanter, c'est un problème, mais on peut le contourner autrement qu'en vociférant tout le temps à tue-tête. Merde!
Fin de la parenthèse.

La batterie de Crover rentrera soudainement. Délire tribal, suspense de fou, avant que des paroles obscures portées par des lignes de chant inventives (j'y reviens et j'insiste) apportent les émotions spatialisées. Ouverture grandiose de plus de 18  minutes. Deux mouvements, plus que deux morceaux, s'enchaînent dans l'harmonie désaxée et avec une fluidité rare, pour finir de t'élever au-dessus du misérabilisme ambiant. D'hier (début 90) et d'aujourd'hui.

Ce disque est une seule putain de plage, morceaux tous collés les uns aux autres sans aucun renseignement sur la jaquette. Demerden Sie sich, JA? Alors, bien-sûr, on reconnaîtra une version touchante et minimaliste du diptyque « Second Coming »/ « The Ballad Of Dwight Fry » du grand Alice Cooper Band (réécoute leurs premiers albums, c'est d'la balle, kikooooo-LOL-rape) Ici, la voix claire de Buzzo apporte une fausse naïveté troublante, mêlée de tristesse, délicate par moments, plus rauque à d'autres. Champ de bataille, la guerre de sécession continue encore, quelque part dans l'espace-temps, et les victimes tombent encore et le gars continue à dresser le drapeau ridicule-obscène, à sonner le clairon enroué, son désuet dans cet océan inepte de corps sacrifiés. Beau.

Il y aussi « Sacrifice », justement, reprise de ces tordus de Flipper. Funéraire, fataliste, fatale. Sacrifie-toi sur l'autel et tâche d'utiliser la douleur finale comme transcendance à toute ta vie pourrie. Superbe, terrifiant.

A côté de tout cela le dernier mouvement, « With Teeth », sonnera presque rassurant. Aérien, il s'arrête cependant brusquement, te laissant dans la frustration et le désarroi. Désorienté, il ne te reste plus qu'à te saouler à mort et relancer ce disque pour chercher à comprendre et te finir.

Je crois que je pourrais terminer cette chronique en résumant: c'est magnifique. C'est con, hein? Mais il y a vraiment de la pure beauté là-dedans. Qui ose encore faire ça? Qui a le détachement ET la passion nécessaire pour te balancer ça en travers de la tronche, sans aucune boursouflure, sans en faire de trop, sans se rater un peu aux entournures?
Personne.
Sauf eux.
C'est à pleurer.

photo de El Gep
le 08/05/2011

3 COMMENTAIRES

vkng jzz

vkng jzz le 08/05/2011 à 14:29:51

c'est le mieeeeeeeeeux !!!!

frolll

frolll le 02/08/2011 à 12:48:45

IN DIS CU TA BLE

(ah merde, je suis une fois encore d'accord avec viking jazz)

vkng jzz

vkng jzz le 03/08/2011 à 09:19:46

ça en fait au moins un \o/

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