Memfis - Vertigo

Chronique CD album (38:44)

chronique Memfis - Vertigo

Ça n’est pas parce qu’on vient de Göteborg et qu’on joue une musique fine et racée que les labels se bousculent pour vous signer. Eh non, Raymond. Si les talentueux petits groupes de Metal français qui se voyaient dédaigner par les maisons de disques « sérieuses » il y a encore quelques grosses poignées d’années de cela pouvaient avoir cette impression en voyant les confrères scandinaves rejoindre apparemment sans effort les écuries bien établies, Memfis est là pour bousculer cette image d'Epinal à la peau dure. Parce que d’un côté, quiconque aime ses décibels sophistiqués mais abordables, velus mais variés risque d’adopter ce quatuor suédois – car bon sang, ce que le groupe nous met entre les hublots sur ce 2e album, c’est de la graine de bestseller chez Prosthetic Records! Mais de l'autre ce n’est que 3 ans après qu’il ait été mis en boite, au terme d'autant de procédure judiciaire contre son petit label de l’époque (Dental Records), que Vertigo voit le jour, en 2011, dans une indifférence certaine, voire même générale. Et depuis le groupe en est toujours à gérer ses sorties lui-même, façon artisan du microsillon moulé à la louche sur un coin de table du web. Comme quoi...

 

Mais ne brûlons pas les étapes. Oui, donc: Vertigo c'est la classe à Dallas. Un Metal progressif, extrême, plutôt accidenté, séduisant, délicat mais-pas-que, et technique. Pour vous le situer sur la planisphère des possibles musicaux, cet album flotte quelque-part aux alentours du barycentre d'un polyèdre défini par les sommets Textures, Scale The Summit, Menace, The Erkonauts et TDEP ** toi aussi deviens un crack en géométrie euclidienne avec CoreAndCo **. On est donc sur du velours, de la fourrure d’hermine, de la dentelle d’Alençon et des soieries de chez Jean Roze. Plus du growl, des glapissements coreux aigus… Et du chant clair, parce que, quand même, ça colle bien avec les gants blancs et le fume-cigarette.

 

Vertigo c’est un voyage merveilleux durant pas loin de 40 minutes pleines d’inventivité, de subtilités rythmiques, de rage (quand même) et de voyages. Parfois psyché-planant, parfois exotique (« Serpent » démarre comme un Dillinger oriental), par moments à la limite du Mathcore, mais à d’autre en mode « religiosité cosmique » (cf. le démarrage de « Hiatus »), parfois Stoner, parfois rehaussé de zigouigouis électro-glitchesques (vers 1:09 sur « Enigma »), Memfis surprend par son aptitude à aller à l’encontre des clichés des genres dans lesquels il s’inscrit: mélodique bien que rattaché aux sphères à préfixes « Math- » et « Tech- », adepte du format court alors qu’il est franchement Prog… De ce point de vue il est proche de la démarche des Erkonauts et autres She Said Destroy. Et pour les mal-comprenants qui auraient du mal à se rendre compte que Memfis se joue des frontières stylistiques, ce dernier rend la chose explicite sur « In Chase of Death », morceau sur lequel alternent en parfaite intelligence Punk/Hardcore, Death, Prog éthéré et Sludge.

 

Alors je sais, je vous parle là d’un album dur à catégoriser, pas franchement easy listening, et à l'écart du flot tumultueux des skeuds tout-beaux-tout-chauds à grosse promo, donc vous risquez de renâcler à aller vérifier si tout cela en vaut la peine… Pourtant je vous conseille instamment de jeter une oreille attentive à la musique qui jaillira de vos enceintes quand vous aurez cliqué sur le player proposé en haut à gauche de cette chronique – sélectionnez le morceau-titre, tiens, pour voir. Et si vous jouez les têtes de mule et martelez qu’en dehors de l’actualité point de salut, sachez qu’Imperium, leur nouvel album, est en bonne voie. D’ailleurs vous pouvez d’ores et déjà en écouter un extrait prometteur sur Youtube.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: comparer un groupe à ses « pairs », c’est nul. Mais si je veux avoir une chance de vous intéresser à cet album de Metal riche et osé qui a déjà 7 ans dans les pattes, autant que je vous aguiche en assénant que Vertigo est un parfait mélange entre les univers de Textures, Scale The Summit, Menace, The Erkonauts et TDEP.

photo de Cglaume
le 03/07/2018

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