Shora - Switching Rhetorics (split/ Merzbow)

Chronique CD album (32:24)

chronique Shora - Switching Rhetorics (split/ Merzbow)

Au premier abord, ce disque semble plus intéressant à écouter lors d´une petite fête entre amis, réunis autour du breuvage des minuscules plantes poussant au alentour des défections de nos amies les vaches. Cependant, afin d´apprécier à sa juste valeur, il est davantage recommandé d´écouter à pleine puissance et dans un casque audio ne serait-ce que les 10 premières secondes du premier morceau composé par Merbzow afin d´entrer directement dans ce monde hybride mais néanmoins cohérent. Si vous réussissez à refouler le délire névrotique naissant face ce son environnant, enveloppant, et si (par la suite), vous n´êtes pas effrayé par votre dentiste seulement par les sons que produisent ses appareils, alors vous vivrez durant une trentaine minutes une aventure mystique et inoubliable (pour vous dire la magie de Disney Land Paris ne fait pas mieux - alors fabriquez du rêve pour vos enfants, faites leur écouter Merzbow/Shora ; en bonus et grâce à Merzbow, ils ne serons plus apeurés par le dentiste). Bien ! Trêve de plaisanterie car ce split original est loin d´en être une. A l´inverse d´un grand nombre de split, celui-ci ne contente pas d´enchaîner les morceaux d´un premier groupe puis ceux d´un second. Nous sommes ici en présence d´un véritable agencement, d´une construction harmonieuse où les morceaux se succèdent alternativement avec beaucoup d´efficacité. C´est ce que nous allons voir maintenant.

 

Avant d´aborder directement le sujet, il nous faut présenter rapidement les deux groupes et leur musique. Shora est un groupe davantage axé sur le hardcore et assurément structuré, quelque soit le type d´étiquettes que l´on puisse leur collé. Ils utilisent des instruments et ce seul fait permet de distinguer des rythmes, des tonalités et de reconnaître les instruments eux-mêmes, voir de décrire plus ou moins précisément la musique. Concernant Merzbow, ceci est pour ainsi dire impossible. Alors qu´au premier abord, Merzbow semble seulement faire du bruit, il est possible, suite à un certain nombre d´écoute évidemment, de comprendre ou tout du moins de retrouver la structure du morceau, dans le sens où il est possible d´appréhender des sons à un moment donné. Pour dire d´une autre façon, nous pouvons deviner à un moment donné le type de sons qui va suivre ; Peut-être tout simplement parce que Merzbow, la musique n´est rien d´autre que des enchaînements et des superpositions de boucles plus ou moins complexe, avec plus ou moins de sons modifiés outrageusement. De plus, chaque morceau de Merzbow commence calmement et se termine violemment, à part le premier où c´est l´inverse. Au niveau des enchaînements maintenant, nous allons les traiter de façon chronologique c´est-à-dire selon leur apparition dans l´album (Au total, 7 morceaux ordonnés de la façon suivante : Merzbow, Shora, Shora, Merzbow, Shora, Merzbow et enfin Shora). Lors des quatre dernières secondes du premier morceau T2000 de Merzbow, une mélodie extrêmement courte et composée de deux notes apparaît, même si bien sûr en quatre secondes et deux notes, elle reste primitive, elle introduit habilement Shora en composant un aire (succinct) comme le fait le groupe de hardcore et, inversement shora prolonge la musique de Merzbow avec pareillement des boucles et les mêmes sonorités qui privilégiées davantage les aigus. Pour prendre un autre exemple, avec cette fois l´enchaînement Shora-Merzbow, nous pourrions penser l´engrenage soit agressif, mais il n´en est rien. Shora termine avec le prolongement des cymbales et Merzbow jusqu´à la trentième seconde laisse défiler une boucle très clame par rapport à se qui va suivre. De la même façon, le passage de Black cat (la quatrième) à Conciliated coercion (la cinquième) se fait sans une seconde de blanc ; L´agressivité sonore des deux morceaux ne donne pas l´impression de rupture.

 

L´enchaînement suivant Shora-Merzbow, ce déroule de la façon suivante : la fin de la chanson de Shora est violent mais le début de Merzbow est quant à lui très calme. Ce qui donne pour Merzbow, un morceau avec un son étouffé comme si nous nous trouvons dans le ventre maternel ou dans un milieu aquatique. Nous retrouvons d´ailleurs cette même impression dans le dernier morceau de l´album. Shora se met aussi à l´électro qui n´est pour le reste pas très éloigné de Merzbow et avec lors de la montée (volume) un son électro au départ tout du moins étouffé. Le passage de l´electro au hardcore se fait de façon correcte, sans rupture. Finalement, outre le fait de ne segmenter arbitrairement l´album avec un premier groupe puis un second, les deux groupes ont crée un ensemble sans d´importante rupture et, s´il y a rupture, c´est à l´intérieur même des morceaux et non lors des enchaînements. Une ambivalence se manifeste toutefois dans cet album. Malgré les bruits de Merzbow ou de la musiques de Shora, nous ne sommes pas en présence de sons inaudibles mais plus d´une agressivité sonore. De plus, l´utilisation de sons étouffés, nous ramène à un stade embryonnaire c´est-à-dire à une période de la vie extrêmement agréable. Et c´est là l´ambivalence : agressivité et plaisir.

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