Mindless Self Indulgence - You'll Rebel to Anything

Chronique CD album (26:28)

chronique Mindless Self Indulgence - You'll Rebel to Anything

Allez voyons, mais si: vous aussi il vous est arrivé d’avoir des coups de cœur honteux pour des groupes ou albums qui vous ont fait méchamment triper, bien qu'évoluant dans des sphères musicales et selon des codes qu'habituellement vous vomissez. En grattant un peu cette épaisse carapace de métalleux bourru, je suis sûr qu'on peut trouver de vieux groupes de glam à touffe foisonnante et spandex rose, de fiers guerriers prêchant le retour au heavy-dungeons&dragons-metal, voire des rondelles rap, r'n'b ou variétoche dont, en présence de potes, vous n'oseriez pas même avouer connaître ne serait-ce que le nom. Personnellement, avec l'âge, je commence à collectionner ce genre de plaisirs coupables. Et Mindless Self Indulgence – avec notamment ses 2 derniers albums « You'll Rebel To Anything » et « If » (dans l'ordre chronologique) – en est un parfait exemple.

 

Et pourquoi donc est-ce « trop-la-grosse-te-hon » d'avouer, au milieu d'une assemblée de barbares à T-shirts noirs et bières bon marché, qu'on vénère les 2 albums sus-évoqués? Parce que Mindless Self Indulgence, c'est trendy, émo, ado et calibré pour tout péter en radio – enfin si les thèmes abordés par le groupe lui permettaient d'espérer pouvoir être un jour diffusé sur les ondes. Je vois d'ailleurs mal quelle musique conviendrait mieux en fond sonore d'une High School party select' où de jeunes merdeux pleins aux as et trop deg'-de-la-life-on-a-la-rage-against-ze-society s'enverraient coke, cocks et cocktails par tous les orifices.

 

Mindless Self Indulgence pratique en effet une musique à la croisée de l'indus, de l'électro light et du punk rock abondamment rehaussée de mélodies pop, de beats et vocaux occasionnellement hip-hop ainsi que de claviers new wave bien kitschos. Je sais, ça aurait tendance à filer la nausée présenté comme ça, mais je vous jure que c'est d'la-bombe-bébé. Le résultat transpire la hargne, la décadence, l'immaturité, l'insolence et un sentiment d'urgence communicatif. Chacun des morceaux est un tube en puissance, hyper accrocheur, hautement énergique, doté d'une rythmique enlevée – généralement syncopée ou violemment martelée –, le tout étant incroyablement fédérateur et entrainant. Le M. Loyal de cette troupe joyeusement festive s'appelle Jimmy Urine (avec ou sans glaçon?), chanteur qui ne peut laisser indifférent. Sorte de dandy punk au débit parfois impressionnant, aux exaspérations aiguës et à la rage de petit roquet – auquel, il faut l'avouer, on aurait bien envie, de temps à autre, de balancer un coup de latte dans les côtes pour qu'il nous lâche les mollets – il est parfait dans cet univers électrique, coloré (en rose fluo), irresponsable et transgressif. Les autres musiciens, peu démonstratifs, disparaissent d'ailleurs complètement derrière lui, écrasés qu'ils sont par la personnalité exubérante de ce Marilyn Manson efféminé pour jeunes rebelles de 14 ans.

 

Vous l'aurez remarqué au ton du paragraphe précédent: exposé à cet album, il est difficile de ne pas osciller sans cesse entre une juste fascination provoquée par des morceaux aussi évidents qu’ensorcelants, et une aversion certaine pour des gimmicks à ce point éloignés du bon goût (que vos canons esthétiques soient metal ou non). Mais l'efficacité des titres l'emporte rapidement, et on se laisse aller à reprendre les oh-oh-oh et les na-na-na de refrains volontairement crispants, en même temps qu’on s'assouplit la nuque sur des morceaux pourtant parfois très éloignés de nos chères sonorités métalliques (« What Do They Know? », « Bullshit » ...). On craque sous l'impact des coups de fouet rythmant « Shut Me Up », on aboie les « You stupid motherfucker! » en chœur avec Jimmy, on abandonne toute retenue et on ressort les chorégraphies des années Depeche Mode pour « Straight To Video » ... Et de fil en aiguille, on finit par surmonter ses inhibitions initiales jusqu’à ce qu’au terme d'un titre éponyme excellentissime, on clame avec la foule en délire: « Il n'y a que M.S.I. – prononcez Aime Esse Aïe – qui m'aille! ». Rideau – il ne reste plus guère qu’à appeler un exorciste pour avoir un espoir d'en sortir indemne…

 

Pour ceux qui connaitraient « If », mais pas « You'll Rebel To Anything », sachez que cet album est peut-être légèrement moins varié que son successeur, mais qu'il se situe exactement dans la même veine, et qu'il fait montre d'une qualité et d'une richesse équivalentes. Le groupe semble s'y être lâché un peu plus au niveau des bidouillages électroniques, mais cela reste la même excellente came, et je vous invite instamment à vous y vautrer et à vous en délecter au même titre que de l'épisode suivant.

 

A noter pour l'anecdote: 1) une reprise du « Tom Sawyer » de Rush, parfaitement intégrée à la tracklist 2) l'existence d'une édition – connue sous l'appellation « Expanded & Remastered » – contenant plein de goodies dont la vidéo de « Molly », un featuring de Kenny Muhammad – star américaine du human beat box – sur « La-Di Da-Di », plus 3 autres titres rares dont une version live de « Wack! ».

photo de Cglaume
le 28/12/2010

3 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 28/12/2010 à 09:41:02

Pour les curieux qui veulent tenter l'aventure, penchez-vous sur leur album de 2000 -Frankenstein Girls Will Seem Strangely Sexy-
Un cran au dessus.

cglaume

cglaume le 28/12/2010 à 14:39:50

La suite de la découverte à rebrousse-poil de leur discographie est déjà prévue, et "Frankenstein Girls..." figure en bonne position dans la liste de mes achats à venir

U

U le 28/12/2010 à 15:15:01

Même avec un hommage à Michael Jackson ;-)

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