Ministry - Twitch

Chronique K7 (45:44)

chronique Ministry - Twitch

Pour comprendre la démarche empruntée par cette chronique, référez-vous au Chapitre 1.

 

08 Juillet 2016, papa Al poste sur le compte facebook de son monstre préféré la pochette de Twitch avec en mention – TWITCH was released 30 years ago today! - s'ensuit une bonne centaine de commentaires, encore plus de partage et au moins le double en like de tous poils.

Amusant, tant Ministry semble démarrer en 1988, avec The Land of Rape and Honey. Les moins distraits d'entre vous se souviennent que le terminus de l'objet du jour ouvre tout grand la porte à Land...

 

En parcourant les commentaires, j'apprend que l'album est dans le top 10 de tous les temps d'un quidam... et pour un autre - qui n'écoute jamais les premiers ouvrages de Ministry-, cet opus a montré la voie à suivre à Trent Reznor – qui, dit-il, lui, a su en profiter. Bref, un lot de conneries délivrées sur mesure dans ce genre de commémoration. Parce qu'objectivement, la plaque n'a rien pour figurer dans un quelconque top que ce soit, fut-il personnel. Parce que Trent en aurait profité de toute façons, sans Twitch (mais pas sans Ministry, je vous l'accorde).

 

 Cold life , vous vous souvenez ? Un 45 tours, qui sort en mars 1982 en Europe, mais en 1981 chez Wax Trax. Un titre un peu trop synthpop pour être honnête avec quelques sons – biomécaniques ! - qui préfigurent l'Electro-Indus. L'Histoire retiens que le label Arista, en recherche à l'époque de son Depeche Mode américain, fera les yeux doux à Jourgensen qui sur commande va se compromettre dans le dispensable et ironiquement nommé With Sympathy.

Bon « Cold Life », le marche-pied idéal pour Twitch ... et la logique voudrait qu'il lui revienne le grade de premier album de Ministry ; un retour chez Wax Trax après le four de With Sympathy où bien heureusement Arista donne si sec le bon de sortie. Et nous voilà donc, dans ces années 80 balbutiantes, face a l'Avènement !

 

C'est que sur papier, cet opus a tout pour être réussi ! Participation d'Adrian Sherwood, le boss de On-U-Sound, patron du Dub mâtiné de la meilleure New-Wave de l'époque ; de son fidèle Lieutenant ( dans Tackhead) Keith Leblanc sur le formidable « The Angel » qui clôture la face A. Et pour le verso de la rondelle 33t, le nom de Luc Van Acker (Front 242) suffit à faire saliver le (petit à l'époque) belge que je suis.
C'est qu'au début de l'année 1989, au moment où je découvre ce disque, le F242 est déjà bien dans la place (la cour de récré où on fume des clopes en cachette) avec la K7 de Front by Front (sortie le 28 octobre 1988 – achetée par mes soins, sur un marché matinal local 2 jours avant Noël)...
Note dla : à la fin de l'année 1989, le plat Pays et mon esprit, Front 242 ont enterrés au loin le nom Ministry.

Les notes de pochette intérieures remercient e.a Jah Wobble et le Revolting Cocks gang in Brussels !

 

Août 2016.

 

  • 1980's was run by
    a person who's crazy -- like you! (and you)
    the 1990's will be
    unkindly, exactly like you! (and you)
    just like you! (and you)
    you! - « Just like you »

  •  

 

Al, ce bon vieux Al, visionnaire dans ses propos et innovant dans sa musique. Seul aux commande d'un titre emblématique d'une époque. On devine la patte de Sherwood, on entend surtout ces sons propres à l'EBM sur fond de symphonie en plastoc. Du grand Art même si surrané. Y' a Gareth Jones futur producteur aventureux (Einstürzende Neubauten, Wire) avant de devenir aventurier (Depeche Mode, Indochine) qui pousse ses premiers boutons – dont celui du percolateur, probablement.

 

« We believe » est probablement le titre le plus dancefloor de l'entité. Chant lancinant et groove efficace à l'appui et on entend, pour la première fois, une des petites marottes favorites de Jourgensen ; qui, si il n'aime pas chanté, aime les choeurs et les scansions rap.

 

« All day Remix» entre John Carpenter et Michaël Jackson, mon coeur balance semble se demander Jourgensen... et c'est particulièrement réussi. On retrouve le bon Stephen George (souvenez-vous) aux percus, et Patty, la femme du patron, aux choeurs. Une belle Poperie, ce titre !

« The Angel » clôture magistralement la Face A... et aussi le chapitre le plus pop de Ministry par la même occasion. Titre injouable en radio avant 2h du matin, pourvu que la nuit soit moite.

 

Faut croire que Jourgensen et Reznor ont ça en commun, des petits chefs d'oeuvre avec leurs compagnes et le terme – Angel-.

 

« Over the Shoulder » ouvre au propre comme au figuré l'autre facette de musicien cubain, celle qui intéresse le plus grand nombre de ses suiveurs. De l'EBM qui vire à l'Indus sans le savoir... et Michaël Jackson est toujours dans les parages (ce chant!).

Ce titre sort en qualité de single. Mauvaise pioche Al, le cul entre deux chaises, un zeste d'Arista sur toute la prod de ce morceau, ce chant si faux et ces sons cheap... Depeche Mode te met la raclée avec son « People are people » 10x plus inspiré et inspirant.

« My Possession » ah ben, on reprend les lignes ci-dessus...

 

B3 « Where you at now ?/Crash and burn/Twitch (Version II) » ... le voilà ! Le Main-Event de la plaque! 12 minutes et 15 secondes du terreau qui verra naître Ministry. L'intro punk cyborg contient les doses nécessaires de révolte du jeune Al. Luc Van Acker apporte une contribution mineure mais intense. Le tempo est enlevé.
Avec le temps, ça ressemble à une chute de studio d'Official Version. « Crash and burn » plus réussi, développe une approche plus crue de l'Electro que l'on qualifiera (enfin) d'Indus. « Twitch / version II » sonne comme Atari Teenage Riot, 10 ans avant l'heure. Entre inaudible et pièce maîtresse, l'hésitation se fait ressentir après toutes ces années.

 

Si vous êtes détenteurs du CD, il y'a 2 autres titres « Isle of Man » hypnotique paraît-il et un remix médiocre (aussi sur un maxi 45t) d' « Over my shoulder ».

 

30 ans plus tard, Twitch fait office de documentaire sur la musique synthétique de l'époque ; dans ses moments les plus fous – le tryptique – et ses périodes les plus habillées, calmes et habitées... sans doute plus intéressantes, à ce jeu-là, je retourne la K7 avec plaisir.

photo de Eric D-Toorop
le 30/10/2016

1 COMMENTAIRE

Xuaterc

Xuaterc le 30/10/2016 à 10:41:29

Intéressante découverte. Merci Eric!

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