Mod Flanders Conspiracy - ...The Tragic Urn Spill...

Chronique CD album (39:50)

chronique Mod Flanders Conspiracy - ...The Tragic Urn Spill...

« La Machination Géo Trouvetou ». « Le Complot Longtarin ». Si de tels blazes apparaissaient sur l’affiche d’un fest’ Metal, on pourrait miser gros – sans trop risquer la ruine – que ledit festival ne serait ni exclusivement dédié au Drone, ni monté en hommage à Burzum. Et ce raisonnement est tout aussi valable avec Mod Flanders Conspiracy, dont le totem est également un personnage secondaire de cartoon, que les plus nerds d'entre vous auront resitué du côté de chez les Simpsons. Quand on porte ce genre de patronyme, préciser qu'on ne pratique ni le Drone ni le Black tient d’ailleurs plus de la grosse litote bien grasse que de l’information pure et dure: car c’est en effet plutôt du côté du Nawak Metal que s’inscrit le champ musical de ce défunt groupe américain dont …The Tragic Urn Spill… est le premier d’un duo d’albums sortis alors que le nouveau millénaire portait encore des couches.

 

Mais parler de Nawak Metal et insister sur le côté cartoon du groupe risque d’induire partiellement en erreur le chasseur de grosse basse funky et de badaboumeries rigolardes. Car les natifs de Virginie du Nord ont manifestement autant d’amour pour Mike Patton que pour le Mathcore de Dillinger ou les complaintes Emo à la ….. (mettez ici le nom du plus emblématique des chougneurs tatoués à mèche, perso je n’y connais rien). D’où la saveur un peu particulière de l’exercice, et cette appellation un peu bancale et pourtant assez fidèle de « Dandy Math-Nawakcore » – regardez bien à gauche, là. D’ailleurs si on devait rapprocher le groupe de ses plus proches équivalents au sein de la scène du Foutraque Metal, on citerait Kunamaka, Stanley Kubi, Psykup ou Aspirateur de Langue (que des Français? Oui) plutôt que les habituels gros noms du genre – quoique le traditionnel Mr Bungle, considéré sous son visage le plus psychopatiquement arty, ferait aussi l’affaire.

 

Ces noms de chansons pince-sans-rire (« C’est pas parce que je suis passé sur le billard pour me faire rallonger bras et jambes que ça fait de moi un « nain vendu »! », en 8e piste), ces espièglerie nasillardes qui lorgnent vers Herr Patton, ainsi que ces pétages de câble réguliers ont évidemment tout pour faire fondre le Nawakophile en manque. Quand il entendra le début de « Just Because I Got My Arms… » (It’s a Pooooo-lkaaaaa!), celui-ci ne pourra s’empêcher de penser à …? (le groupe, pas le texte à trou). Sur « Such Is The Wrath… », il craquera forcément son slip sur le couple basse / scat hystéro qui jaillit à 2:05. Et que dire de « Left Hand Right Boob… » qui ne lésine par sur les délires trampolinesques et les cabrioles épuisantes? En plus il faut bien reconnaître que le groupe bénéficie en la personne de Greg Bayliss d’un frontman monstrueux qui brille aussi bien en mode fêlé du casque que dans les excès coreux et les trilles émotionnelles. Dernier point qui emportera l’adhésion des fondus de Metal coquin: les morceaux arrivent à dessiner une vraie trame narrative et à faire naître de grandes et belles mélodies qui interdisent de voire l’exercice uniquement comme un délire expérimental. D’ailleurs, exposé à la douce gratouillerie scintillante qui éclot à 1:54 sur « The Goat Cobbler… », ou au groove psychotique des menaces Nawak proférées au bout d’une minute sur « Just Because… », le réticent sent ses genoux flancher et sa volonté vaciller…

 

Mais ces 40 minutes sont également truffées d’accès de fureur ado-plectiques, de plans planants/jazzy/cérébraux typés Post-Rock, et d’avancées en crabe pleines de méchante ironie. Et cette façon de ne quasiment jamais se laisser aller à une vraie accroche directe sans arrière-pensée expérimentalo-malaisante empêche trop souvent le bon vivant de profiter à plein de ce bouillonnement incessant d’idées farfelues. C’est un peu le même travers d’ailleurs qui m’empêche de goûter vraiment la saveur de certains albums / morceaux de Dillinger, Primus ou même Psykup (quand ce dernier abuse de la fibre « dandy »). Ça fait chier nom d’un pneu à ski, parce qu’il est plus qu’évident qu’il y a ici largement de quoi se faire immensément plaisir! Mais un peu comme une branlette divine effectuée en parallèle de la pause de pinces à linge sur le scrotum, il y a toujours un petit quelque-chose qui vient contrebalancer le bonheur direct donné par les morceaux. D’ailleurs l’insupportable bonus Bontempi livré en 9e position semble là pour l'expliciter noir sur blanc: Mod Flanders Conspiracy ne s’est pas uniquement donné pour mission de nous faire marrer et prendre notre pied. Il faut également que l’auditeur en chie, sinon c’est pas rigolo!

 

Est-ce la nature sadiques des relations que le groupe semble vouloir entretenir avec son public qui a conduit à la fin de son activité après Take a Ride On My One-Wheeled Rickshaw, sorti en 2005, 3 ans après …The Tragic Urn Spill…? Ça ne serait pas étonnant, le public nawakophone n’étant pas forcément amateur d’amour vache, et le public Avant-gardo-prise de chou de son côté étant sans doute moins amateur de fun outré. Nous essaierons d’élucider ce mystère en vous parlant de ce 2e album lors d'un futur dépoussiérage dominical…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: mélanger Psykup, Dillinger, Stanley Kubi et un groupe de Post-émocore conduirait sans doute à produire un proche cousin de Mod Flanders Conspiracy. Car ces Américains se plaisent à pratiquer un Metal délirant hérité de tonton Mr Bungle avec une gouaille violemment moderne très « fin de siècle » (le XXe) et une morgue élitiste colorée d’un brin de sadisme. L’appréciation du résultat dépendra donc forcément de la manière dont vos atomes sont crochus…

photo de Cglaume
le 25/11/2018

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