Mordatorium - Obsessed with Death

Chronique CD album (40:55)

chronique Mordatorium - Obsessed with Death

« C’est tout p’tit, dans le garage du père à Titi,

C’est un peu la Scandinavie.

C’est old school, régressif et moisi.

C’est du Death, c’est la viiiiiie. »

 

Et pourquoi qu’on pourrait pô détourner du Renaud pour démarrer la chronique du 4e album d’un groupe de Death bourbeux from Chicago d’abord? Le rapport? Parce que vous voulez forcément qu’il y ait un rapport? Même si je ne suis pas consentant? Mais c’est du viol, ça, Môssieur!

 

Sur Obsessed With Death, Mordatorium est censé s’inscrire dans la lignée des Grave, Carcass, Vallenfyre, Entrails et autre Entombed – à l’époque où ce dernier avait encore du duvet au menton. Du moins c'est ce qu'on nous assène sur la feuille promo. Vous pensez bien: à ces mots le lapin ne se sentit plus de joie, et pour montrer son bel enthousiasme, il ouvrit un large bec et laissa tomber un « Moi M’sieur, moi M’sieur, prem’s, c’est moi qui l’ai vu en premier! ». Parce que le Death old school arborant un joli bronzage mitonné sous le ciel grisâtre de Stockholm, c’est bon, c’est plein de juteux grumeaux qui font sproutch dans la bouche quand on mord dedans. En plus on nous dit que ces zigs auraient précédemment donné dans un registre plus mélodique et expérimental: ça promettait donc de pleines brouettes de bonheur au coulis de cérumen!

 

La réalité porte malheureusement un string moins sexy. Car en fait de guitares marécageuses et de brumes spectrales, on se retrouve ici avec un Death Metal qui sent fort la brocante de St Bernard les Vieilles Cagettes, le bois mal raboté et les vieux chaudrons poussiéreux. Notez que ça sied assez bien à la dégaine « proto- » de l’entreprise... Mais on nous annonçait de l’eau stagnante et de la vase nauséabonde, et au lieu de cela on récolte vieille poussière et toiles d’araignées. Alors c’est sûr, ça dégage un certain charme, ça chevrote du glaire, ça dégouline crapuleusement, ça tremblote de l’écho à la lumière blafarde d’une vieille torche, comme dans une nouvelle Lovecraftienne démarrant dans l’atelier à outils au fond du jardin de Tonton René… Mais tout cela s'avère également un peu mité, un peu émoussé, un peu « Assedic et vieilles dentelles en fin de droit ». A la limite du pataud, du laborieux, voire du pathétique parfois – quand la batterie se fait un peu trop nettement entendre, et que, surprise et un peu honteuse d’être prise la main dans le sac de la médiocrité, elle se perd dans une brusque accélération pas vraiment pertinente... ‘y a des fois où l’on se dit qu’une bonne vieille BAR programmée avec sobriété et intelligence, c’est finalement pas si mal!

 

Pendant 40 minutes, Mordatorium nous propose donc un Death tout parcheminé et relativement basique dont le charme provient quasi-exclusivement de la disto « ponceuse à bande » de la guitare, ainsi que du chant de scrofuleux qui l'accompagne, le tout réussissant à créer quelques ambiances « film d’horreur de série B des 70s / 80s » bien cracra. On entend tantôt un riff qui rappelle le From Beyond de Massacre, tantôt un bourdonnement de bombardier qui évoque le Bolt Thrower des débuts, tantôt un vrombissement approximatif typé early 90s, tantôt une incartade punky (cf. « The Culling », ou plus encore « Catastrophe »), voire une mélodie qui fait mouche (le refrain de « Obsessed With Death », les vents glacés de « Biting Cold », certains passages de « Overmind »). Malheureusement on ne peut s'empêcher d'avoir pitié de ce batteur, on pâlit lors de la pénible décélération en 2e moitié de « Beheaded », on tousse face à la resucée Carcassienne à 2:14 sur « Overmind », et on s’escagasse devant la balourdise de « Murder Castle » (… pour ne citer que lui).

 

Rendons-nous à l'évidence: ça n’est pas encore aujourd’hui que de la marmite Death Old School va sortir un doux fumet justifiant les coulées de bave pavloviennes qui souillent les babines des indécrottables rustres que nous sommes…. Comment? Je suis un peu duraille avec les Américains? Ils ne font que respecter à la lettre les canons minimalistes du genre? Mouais… En même temps on ne les a que légèrement égratignés vos barbares là: ‘y pas Mord[atori]um! (tout ça pour placer un jeu de mot foireux en passant la ligne d'arrivée: c’est honteux lapin!).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: quand, dans leurs cavernes, nos aïeux travaillaient la fourrure de mammouth laineux et taguaient les parois de troupeaux de bisons apeurés fuyant devant les chasseurs, leurs enfants – qui bossaient déjà à la naissance de notre type de metal préféré – ne devaient pas sortir de leurs guitares en silex et de leur batterie en peau de yack autre chose que les sonorités mitonnées ici par Mordatorium, i.e. un Death de rustaud court sur pattes, mal élevé, mal dégrossi, qui sent la mousse, la poussière et la vieille torche dégoulinant de graisse de buffle.

photo de Cglaume
le 22/02/2018

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/02/2018 à 20:37:34

Rôô la dernière bulle !!!! Sinon: chant un peu faiblard et batteur avec deux d'expérience.

plasticblowfish

plasticblowfish le 25/02/2018 à 00:35:57

Je suis le batteur, salut.

plasticblowfish

plasticblowfish le 25/02/2018 à 01:03:16

C'est comme si l'auteur avait un problemme avec des Americains, ou est de mauvaise humeur? Pardonnez mon français. Now I switch to English:This is the first time I comment on a review but I had to do it now because this feels more like a string of put-downs and not a normal negative review. There is no constructive or legitimate criticism, just a general feel of "it sucks, it is pathetic and laughable".

cglaume

cglaume le 25/02/2018 à 08:30:37

Hi dude. I don't know how you can recognize a "normal" negative review from an "illegitimate" one based on an approximate Google translation. Still 1) I have no problem with American bands (I love a lot of them) 2) it's true that I was not exactly delighted by the album (especially by the drumming) even if I liked parts of it 3) I'd like to know what makes the contents of a review "legitimate"... ?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/02/2018 à 09:11:18

Et paf remonte ton slibard Lothar (quelqu'un peut traduire ?)

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