Morgue - There Was a Smell of Frying

Chronique CD album (64:29)

chronique Morgue - There Was a Smell of Frying

Des CDs bradés pour 3 francs 6 sous (paie ton expression de vieux croûton!), des bacs regorgeant de trésors impatients de venir se nicher dans votre lecteur, des pochettes bien typiques du genre, des noms de groupes déjà croisés au détour de mags ou de webzines … On a tous acheté des albums improbables d’occase ou en solde. Core&Co profite de l’occasion (ouarf) pour vous livrer ses impressions sur des CDs qui n’auraient peut-être sinon jamais été chroniqués en ces lieux.

 

Je fais des découvertes grâce aux soldes – épisode 3

 

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peu-veuh pas connaîîî-treuh

Il y a une petite dizaine d’années de ça, avant que la découverte de Mr Bungle et de la paternité changent à jamais ma vie, j’ai eu – comme beaucoup – ma période « gros bourrin ». La pêche au skeud grumeleux se faisait alors sur des webzines nommés « Fleshrites » (R.I.P.), « Bludgawd » (R.I.P.) ou encore « Braindead zine ». C’est en ces temps heureux où votre serviteur achetait encore du Regurgitate, du Gorerotted ou du Sublime Cadaveric Decomposition (si si) que pour la première fois, sur un obscure webzine étranger – américain de mémoire –, j’ai lu une mention à Morgue, présenté comme le meilleur groupe français de l'époque. « Ouawh, 'y a des ricains qui chérissent Morgue et je ne connais même pas ces gus?!! » m’écriais-je intérieurement (oui parce que s’écrier ça tout haut dans un bureau, ça l’aurait fait moyen…). Je pris alors mentalement note du patronyme dudit groupe, au cas où... Mais allez savoir pourquoi (un budget limité!), je n’eus jamais l’occasion d’acquérir l’une des productions de nos petits froggies, et ces derniers plongèrent pour un moment loin au-dessous de la zone balayée par mon écran radar … Jusqu’à ce que récemment ressurgisse des bacs à CDs soldés ce fantôme du passé. Aussitôt vu, aussitôt acheté!

 

Alors alors, ça donne quoi le « tout meilleur groupe français »? Eh bien ça régurgite un brutal death particulièrement craspec’, saupoudré d’accélérations et de passages chaotiques purement grind, mais aussi de ralentissements poisseux, de quelques beatdowns à se rouvrir des plaies à la nuque, et des habituelles (pour le brutal death) et pénibles (pour moi) harmoniques sifflées qui vous vrillent tympans et nerfs avec leurs aigus stridents. Par contre pas question ici de slammoshing death trendy ou autre brutal deathcore à grosse prod’: non là on est dans le baveux, le vilain, le purulent, bref du qui mord aux tibias et te refile direct' une septicémie carabinée. Déjà on a cette prod vrombissante, granuleuse et épaisse comme un cassoulet post–autopsie qui tranche d’avec les velléités « jumpy » de la nouvelle génération. Et cette approche roots est renforcée par une touche « evil zombie apocalypse » rappelant par certains côtés l’univers de Chris Reifert, entre The Ravenous et Autopsy, cette impression naissant du concert de goules grognant, growlant et gruikant sur ce slime sonore ainsi que de ces tempos écrasés rampant dans une atmosphère aussi lugubre que malsaine. Et pour couronner le tout, chacun de ces 19 titres étant précédé d’un bon petit sample horrifique (« Maniac », « Henry portrait… » ou encore… « Maurice »??), la potée de Morgue se retrouve relevée d’un coulis de bile qui évoque l’école goregrind aussi bien que les serial-deathsters de Mortician. Les amateurs du genre trouveront donc ici de quoi se taper un chouette gueuleton métallique de ratatouille à la gerbe. Mais personnellement, bien que toute une tribu de « connaisseurs » mais néanmoins amis m’ait certifié que c’était de la top de bidoche de 1er choix, j’ai bien peur d’être devenu trop bouché pour goutter pleinement à cette débauche d’incessants changements de rythmiques ne conduisant pas toujours quelque-part, à ce son de caisse claire souvent irritant, à ces plans baveux trop épais et homogènes, et surtout à ces harmoniques sifflées qui me donnent envie d’écorcher vif de la mémère à caniche…

 

Néanmoins, comme toute musique habilement construite mais non formatée pour séduire le premier détenteur de carte Auchan venu, le death crado de Morgue laisse entrevoir de très bonnes choses pour peu qu’on se laisse porter par le tsunami sonore au lieu de lui faire bêtement face et de se le prendre en pleine poire. Et dans ces conditions, que constate-t-on? Que There Was a Smell of Frying… recèle tout de même de bien bonnes choses. Ainsi, quand le groupe sort du mode chaotique échevelé pour se recentrer sur du bon gros death plus franc du collier, il marque des points, comme sur l’ouragan riffesque à 1:36 sur « Removal of Limbs » ou tout du long de l’excellent « Perforated Bodies » (cette « mélodie » tournoyante à 1:06, maman!). Ensuite quand il décide de prendre le temps de pondre des atmosphères, bordel, c’est du bon! Qu’elles soient classiquement mais jouissivement horrifiques comme sur « Removal of Limbs » ou « Stoned With Stools », ou juste sombres comme sur « Homesick » ou le tripant « BoneSander » (qui me ferait presque penser – allez-y, lapidez-moi – à du Nile, si l’on oublie son passage crusty), perso c’est là que je trouve le groupe à son top. Rajoutez à cette bouteille à moitié pleine un tapping super sympa sur « (Pig) in Human Form », et vous comprendrez que même un vieux ramolli du blast comme moi ne peut pas entièrement bouder son plaisir sur cette galette qui – ah oui merde, j’avais complètement oublié de vous le dire – compile en fait l’album Artgore avec l’EP Bonecrunch + 2 version alternatives de titres de The Process to Define the Shape of Self Loathing.      

 

Parlons peu, finissons-bien: cet album n’est clairement pas pour les êtres raffinés et les vieilles rombières. Par contre les amateurs de gros quartiers de bœuf bien saignants peuvent y plonger leur esgourdes sans mouvement de recul aucun. Slurp!

 

PS: pour la petite histoire, l'un des ex-ex-membres (eh oui, 'y en a qui font des allers-retours) de cette auguste rédaction a dépanné le groupe en live derrière le micro... Sauras-tu le retrouver?

photo de Cglaume
le 13/02/2011

5 COMMENTAIRES

Cobra Commander

Cobra Commander le 13/02/2011 à 14:21:03

T'as pas cité INCANTATION? Je vais devoir te taper dessus!
Réédition - pour moi - mythique! Une certaine époque de la scène...
Nostalgie!

cglaume

cglaume le 13/02/2011 à 14:36:35

Je sais bien que tu m'avais parlé d'Incantation à l'époque où je faisais bcp tourner cette galette. Mais je préfère ne pas parler de ce que je ne connais pas ou peu - Incantation faisant partie de mes - presque - impasses, le peu que j'en ai écouté était trop lent et craspec pour coller avec mes goûts de l'époque ...
Faudrait que je réessaie pour voir si ça passe mieux avec de la bouteille ...

Cobra Commander

Cobra Commander le 13/02/2011 à 20:03:10

Essaie "Diabolical Conquest"; ça va te faire des choses dans le pantalon!

cglaume

cglaume le 13/02/2011 à 20:39:25

Ah non merci bien, pas de morpions !!!

bernard

bernard le 18/02/2011 à 16:50:08

Les 2 disques reunis sur ce Cd sont excellent !! De loin (mais alors de très loin) le meilleur groupe de brutal death français !!! Leur meilleur disque restant pour moi "The process ...." sur lequel les vocaux gutturaux ont laissé leur place a des cris ravageurs ! Un album d'une intensité folle !!!
MORGUE est mort, vive MORGUE !!!!

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