My Dying Bride - The Light at the End of the World

Chronique CD album (01:11:09)

chronique My Dying Bride - The Light at the End of the World

Ce disque est ma première rencontre avec la musique lente, je me souviens avoir été happé par ce Light Of The End Of The World.

 

Ce disque comblait à cette époque mon amitié pour les musiques lentes. J'en vois déjà certains rigoler dans leur barbe : allez-y messieurs les spécialistes du riff lent, rigolez du haut de votre discographie de Pentagram et de Candelmass, rigolez, mais comprenez bien que dans l'Yonne quand on écoute du metal, on passe pour un illuminé (ce qui n'est pas encourageant, ni très agréable) ; que ma principale source d'info est un ami (pour le collège) et pour arranger le tout je suis de la génération ''A.D.I.D.A.S.''

 

Vous voyez que je cumule les tares (le mot tare ne s'adresse pas à l'ami bien entendu). Entre deux sourires, vous allez me dire qu'en 99 t'étais plus au collège et que dans les départements ruraux se trouvent les plus gros lycées. Bah ouais, mais à l'époque j'étais déjà associable. Et vas pas croire que le hard-rock était représenté en nombre, sur un troupeau de 2000/2500 élèves s'il y avait 20 ou 30 metalleux c'est le bout du monde. Les railleries de l'époque - non pas les tiennes voyons - me surnommaient "la mort" ou "satan". à ce moment là, ça m'indifférait.

Maintenant, quand une maman demande à son bout de chou de lui tenir la main quand je les croise ça m'amuse, quand des femmes se retournent dans la rue pour savoir quand nos chemins bifurqueront je souris en repensant à cette phrase d'Amanda Woodward : pendant que t'es con les autres y croient. Et quand quatre ans plus tard je suis sorti du lycée, des mecs de 20 piges qui écoutaient encore du hard-rock devaient se compter sur les doigts de la main, et ceux là écoutaient peut-être du Doom-Death.

 

Oui donc reprenons la chronologie des choses, en 99 effectivement j'étais au lycée ; mais je me fournissais en zique à la bibliothèque municipale de Migennes, et comme ils n'avaient pas d'Anathema ou de Katatonia il me ne restait donc que My Dying Bride pour satisfaire ma boulimie musicale. J'ai du écouter tous les disques marqués 40, code définissant le hard-rock dans leur nomenclature. Quand en ville les jeunes claquaient des pièces de 2 francs français dans des babs ou des bornes d'arcade, moi c'était dans la location de disque, et je peux te dire que j'en ai claqué du pognon à la bibli. Et la pochette de ce disque me troublait, à savoir ce qui se cachait derrière ce nom à rallonge et cet artwork intrigant. Je pensais avoir le droit à du black ... ... Et j'ai tout de suite accroché à cette lenteur distinguée. Même cette voix digne d'un commentaire des Dessous des cartes, avec un accent de corbeau, ne parvient pas à me repousser ; faut dire que le chant death est très présent.

Je me souviens avoir trouvé ce disque lent et sombre mais pas triste ; aujourd'hui je rajouterai élégant et fini. Vous voyez une jaguar (les vraies, celles dessinées et conçues avant l'air Ford), ces voitures racées mais élégantes ; et bien ce Light At The End Of The World c'est pareil, on s'arrête et on admire. Sur ce Light Of The End Of The World pas de clavier tapageur, ni de simili-gueuleuse d'opéra pour goth-pouf à corset ; sur ce Light At The End Of The World, My Dying Bride c'est tout le contraire : c'est plein et bien habillé, alors que dans bien des cas les gogoth devrait s' acheter de quoi remplir le corset (cette blague est honteusement gratuite ; j'avoue, mais je voulais la placer, puis c'est Tookie qui me l'a soufflée).

 

Trêve de grivoiseries, car c'est contraire à ce disque. Les guitares grincent comme un corbeau enroué qui croasse la désolation à venir, les riffs sont lourds mais pas écrasants, la désolation est plutôt pesante comme la porte rouillée d'un caveau. La musique n'est pas noire mais grise brumeuse - merci aux guitares qui viennent fendre les nappes de clavier pour cette métaphore. Les rythmiques envoûtantes qui te font secouer la tête reprennent le groove nébuleux et la lourdeur d'un death metal sous tranxène. Et même si le batteur joue de la double grosse caisse, l'ensemble persistera obstinément à refuser la vélocité du metal de la mort, et s'il le faut My Dying Bride croulera une tonne de rouille sur le cadavre du death metal ; ce disque ne doit pas et ne peut pas être autre chose que de se traîner dans la splendeur.

Pour moi ce disque rappelle un jour où l'ennui et la tristesse s'insinuent et persistent sans raisons, ou comme des soirées de fin septembre pas forcément pluvieuses mais rappelant le bon temps passé et appelant des jours moins joyeux. Oui ce disque est triste, tendu, calme, sans être reposant.

 

Achat ou pas achat? achat d'un disque qui consume ma nostalgie quand j'ai un peu froid.

photo de Sepulturastaman
le 09/02/2014

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