Nightwatchers - Who's to Blame

Chronique K7 (16:52)

chronique Nightwatchers - Who's to Blame

- Putain t'étais passé où ?? On t'as cherché partout après que les bleus nous ai chargé...

- Au Comico en Garde à Vue.. Je me suis fait surprendre par une peau de banane déposée plus tôt par un Baceux infiltré dans le cortège de tête. Le sale fourbe !!! Résultat, ils me sont tombés à quatre dessus, autant dire que c'est pas avec ma séance hebdo de Krav Maga que j'ai pu dérouiller un seul de ses porcs.

- Putain d'banane ! T 'as vraiment pas d'bol en manif avec les fruits et légumes. La dernière fois c'était quoi ?? Défonçage de boite crânienne à grand coup de courgette ??

C'est ça !! Courgette du jardin.. Mais bon au final je m'en tire pas trop mal... En revanche, la fille qui se trouvait à coté de moi a eu moins de chance, elle s'est faite arraché un œil par un tir tendu de lance grenade. « Dans ta gueule ! Sale pute révolutionnaire, ça te fera passer l'envie de sortir dans la rue pour défendre tes droit. Et maintenant rentre chez toi petite merde gauchiste » Voilà comment ça s'est terminé pour elle. Dans une mare de sang et sous un déluge de propos sexiste...

- Le Bad ! Et toi ta confrontation avec la police et ta GAV comment ça c'est passé ?

- Bah exactement comme sur Who's to Blame le dernier Nightwatchers. Donc plutôt mal...

 

Groupe originaire de Toulouse, Nightwatchers, combo s’exécutant dans un registre plutôt Punk-Rock ne paraît pas au premier abord déborder d'originalité. Pourtant, si dans la forme ce Who's to Blame se veut hyper-classique, son fond lui et la posture qu'adopte le groupe sont à rebours des représentations du genre. Dans le but de renouveler la critique Punk envers l'institution policière et la défiance historique que cultive ce mouvement envers les autorités, Nightwatchers a choisi de prendre, avec ce Who's to Blame, le contre pied des postures contestataires, pour embrasser le point de vue, le discours et les pratiques même de la police. C'est donc dans la peau même des forces de l'ordre que les Nightwatchers déroulent sans filtre, avec un sacré sens de la provoc et à partir des nombreuses expériences et témoignages issus des dernières luttes sociales, une série de morceaux empreints de saloperies policières.

On démarre fort avec « Guilt is Subjective ». Le ton est donné, la course poursuite qui s'engage entre les cow-boys et les Indiens débute dans une ambiance très ShipWestern mais plutôt chevaleresque et entraînante. Celles et ceux qui ont apprécié le dernier Terrible Feelings Shadows, devraient ce réjouir à l'écoute de ce premier titre. Ce morceau aux allures de chronique policière -comme le reste de Who's to Blame - fait la part belle dans son propos à la Garde à vue, étape indispensable en vue d'établir la culpabilité des interpellé(es). Pourtant, ce que nous disent les flics de Nightwatchers c'est qu'on s'en fout de ta culpabilité ou de tes aveux. «Claiming your innocence. Do we need proof to prove you guilty ? We don't need proof to prove you guilty ».

La preuve de ta culpabilité se fabrique, ton inculpation reposant sur de faux témoignages des collègues, des notes blanches ressorties pour les circonstances ou pire encore sur ton auto-inculpation. Ils sont vraiment méchant ces flics, mais pas de soucis l’État de droit et l'IGPN nous protègent de ces abus... Ahah !! Petit message de soutien d'ailleurs aux inculpés de l'affaire du Quai Valmy qui ont fait l'objet de ce genre de pratiques ordurières, écopé de peines fermes et trinqué pour tout le mouvement contre la loi travail. Solidarité avec les inculpés, on lâche rien, ni personne !! Pour finir, ce titre me fait beaucoup penser à cet excellent film de Claude Miller qui nous donne très bien à voir la perversité de ce dispositif policier. Si vous n'avez pas vu Garde à vue et bah c'est pas si grave. Du cinéma comme on en fait moins, c'est moi qui vous le dit ! Autant dire que ça n'a pas grande valeur...

On enchaîne avec « Déposition » et ces riffs qui nous renvoient directement à ce que les Clash ou les Ramones à l'époque pouvaient faire de mieux, car oui ces groupes sont géniaux et ont ouvert la voie pour toutes une génération de paumés, de frustrés, de drogués... mais putain ce qu'il ont pu se compromettre pour les premiers et être désolant de nullité sur pas mal d'albums pour les seconds. Mais bref, Nightwatchers pioche dans ses influences pour ne garder que le meilleur, et c'est tant mieux. On  retrouve donc sur « déposition » des sonorités empruntent d'un Punk-Rock facile à digérer mais toujours aussi Frais. Son propos l'est un peu moins. Triste réalité que de constater que la flicaille n'est toujours pas recrutée pour ses aptitudes intellectuelles. Plus t'es con, plus c'est gros et plus ça passe. Sur « Pav's Dog », les Chtars de Nightwatchers gagnent en volume et montent un peu plus dans les tours pour nous servir un titre à la trempe toujours aussi Punk-Rock. Les deux pistes suivantes que sont « You Have the Right to Remain Silent » « Empathy & Me » refroidissent davantage l'ambiance générale de ce Who's to Blame. L'atmosphère dans le Comico des Nightwatchers est délétère et crasseuse. Comme dans la plupart des Comicos d'ailleurs. « Plus de moyens humains et matériels pour les collègues ! De meilleurs conditions de détentions pour nos prévenus !!» comme qui dirait FO Police... Ahah ! Et pourquoi pas un enfermement à domicile pendant qu'on y est ou encore le droit de porter son arme de service pour aller se pinter la gueule avec les collègues ? « L’État d'urgence est mort, vive l’État d'urgence » !!

Les invectives Cold-wave du bleu préposé au chant ressemblent en beaucoup de points sur ces deux titres - la nonchalance en moins et la hargne en plus, à celles de Morrissey des Smiths. Son timbre de voix s'en rapproche beaucoup même si pour ce faire en gros tu feignes les harmonies et chantes en reculant... Le son et les effets utilisés sur « Empathy & Me » infléchissent également la tendance plutôt Punk-Rock des débuts vers une ambiance davantage tournée vers plus de Post-Punk. Plus de Chorus, plus de Delay et un pont Dub plutôt désopilant. Plus Cold-wave certes, mais on ne perd absolument rien de la pêche des premiers morceaux. Le refrain très Popisant de « Empathy & Me » en est la preuve. Merde aux preuves comme qui dirait les Nightwatchers !!

 

Concluons cette confrontation avec les Badcops de Nightwatchers - si tenté qu'il y ai des Polissiers ne serait-ce que passable – avec « It's a Shame ». Sur ce titre, les Nightwatchers reviennent au bon vieux Punk-Rock des familles. Les accords s’enchaînent avec beaucoup d'élan, la ligne mélodique est soignée, imparable et fera sûrement quelques émules en Live. Niveau parole s'est carrément Hardcore et scandaleux mais tellement réaliste. Les Nightwatchers singent et reproduisent les habituels propos culpabilisants et sexistes tenus par les flics lors des nombreuses dépositions recueillies dans le cadre de plainte pour viol... Haschtag « Balance ton porc ». On y retrouve donc les bons vieux poncifs masculinistes « Why did you dress that Way ? Why did you invit him at Home ? (…) Why did you walk alone at Night ? Why did you look him in the Eyes ? », et la rituelle mise en garde patriarcale « Oh baby be more careful ». Toute l'ignominie policière figure dans ce morceau et dans ce Who's to Blame.

Alors oui vous allez me dire que c'est hyper convenu dans l'ensemble, à la manière de Sub Urban Death par exemple, mais franchement c'est cool à l'écoute et rien de telle qu'une petite piqûre de rappel. Enfin, soulignons l'originalité de la démarche des Nightwatchers. Car pour redonner la parole à la flicaille, il en fallait du culot. Dans tous les cas ce Who's to Blame conforte bel et bien l'idée comme quoi « La police déteste tout le monde» !! et inversement bien sûr..

 

P'tit Big Up à Lundimatin d'avoir fait le focus sur ce groupe très sympathique au demeurant, carrément novateur dans sa provoc Punk, et d'avoir inspiré cette chronique... D bisous.

 

photo de Freaks
le 16/11/2017

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/11/2017 à 12:17:37

Finalement leur posture n'est pas très originale. Les trois quarts des paroles des morceaux des Dead Kennedys sont composés sur ce mode: parler par la bouche de celui qu'on dénonce.

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