Numbers - Three

Chronique CD album (1:00:35)

chronique Numbers - Three

 

« … Bordel mais ne chronique plus ce genre d’album si tu leur reproches toujours la même chose! T’aimes pas, ok, mais arrête d’en dégouter les autres! »

 

T’es drôle: le gloubiboulga « Tech-Djent-Electro-Prog » est utilisé pour désigner une telle palette de galettes différentes! Comment tu fais le tri toi? D’autant que 3 fois sur 4, la musique ainsi étiquetée n’abîme en rien mes conduits auditifs, bien au contraire. Le Djent d’un Textures ou d’un Animal As Leaders m’allume un gros radiateur dans la cage thoracique. Le côté extrêmement nerd de The Algorithm ne fait pousser nul bouton sur mon charmant minois lapinesque. Les clôtures de riffs barbelés encerclant l’œuvre de Meshuggah me font le poil soyeux. Sans parler de la sophistication moderne des disciples de Scale The Summit qui me met du moelleux dans la palpitant.

 

Le problème c’est que dans le lot, on a aussi tout un tas de rejetons de Periphery qui, s’ils savent parfois faire jaillir de belles cathédrales techniques de leurs marteaux-piqueurs à cordes, tombent par contre bien trop souvent dans la gluante marmite sucrée du Metal geignard pour ado qu’a trop pas été liké lors de son dernier post Facebook, ouiiin.

 

Et c’est un peu trop le cas de Numbers, malheureusement. M'enfin pas que, heureusement. A vrai dire le barycentre créatif des Américains semble placé à équidistance des espiègleries bondissantes de Destrage (ouéééééééé!) et des bouderies romantico-crispantes tartinées avec la voix non muée d’un collégien révolté par-dessus un fin treillis de guitares robotiques. A la Periphery, donc (ôôôôôôhhh…). A cela il faut ajouter une épaiiiiiiiiiisse couche de guili-guilis électroniques, parfois 8bitesques, parfois non, l’ensemble étant balancé par un synthé généralement trop aigu, trop criard, trop rose-bonbon dégoulinant, à mille lieues de l’artillerie lourde d’une Techno offensive.

 

Du coup on navigue ici entre fébrilité face à une vraie audace, un vrai talent d’écriture, et exaspération / envie de claquer des beignets acnéiques / hâte de s’envoyer un bon skeud de Swedeath.

 

Parce qu’on a beau jouer les gros rebelles tatoués, il serait malhonnête de prétendre qu’on ne voit pas en « Empty Eyes » un bon gros hit du genre. Grosse accroche pour ce titre qui propose en outre un décollage irrésistible, après la barre des 2 minutes, quand ses « Farewell » mélodieux s’envolent sur de grosses saccades larges d’épaules. Un « Fight Or Flight » est certes plus classique mais aussi efficace que bien dosé. « It’s Chilly Out » tente avec un succès grandissant (… au fur et à mesure de l’avancée du titre) l’injection d’éléments orchestraux dans sa trame rythmique toute poinçonnée. Et puis « Frames! » tiens: c’est pas encore du putain de plan stratosphérique qu’il nous balance, par 2 fois au moins, lors de ses 5 minutes et des bananes (première occurrence à 0:18)?

 

… Ça va s’enflammer chez les amateurs du genre, moi j’vous l’dis!

 

Dommage que le groupe se croûte par contre sur les pires clichés du genre, « Recreate » étant sans doute le plus parfait exemple de l’insupportable gelée « Haribo Metal » que cette musique peut devenir quand c’est le côté « Club Dorothée » de la Force qui reprend le contrôle. Sans parler des excès technoïdes de mauvais goût (chant légèrement vocodé y compris) qui transforment par exemple la fin de « Undertow » en un simulacre de sous-The Bunny The Bear qui colle péniblement aux doigts.

 

Maintenant je suis parfaitement conscient que les amateurs du genre vont attribuer un bon 8,5/10, voire un 9/10 à cette galette. Ce qui est parfaitement justifié au vu de l’ambition et des franches réussites qui jonchent cette grosse heure de Metal moderne. Mais étant donnée la configuration cérébralo-auditive qui est la mienne, le constat sera plus nuancé – l’impression finale étant un gros gâchis, ce Three ayant le potentiel pour être vraiment énorme si seulement le côté Destragien de la personnalité du groupe pouvait prendre toute la place. Un 7, donc, au final, à interpréter comme une note / « cote mal taillée » traduisant la dualité de mes impressions contradictoires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 50% de Metal moderne, accrocheur et audacieux à la Destrage + 50% de Djent techniquement affuté (pas que de la bête mono-corde rythmique quoi) mais dégoulinant de chant clair atrocement ado et de synthé technoïde gluant. C’est la recette d’un Three un peu schizo, qui se récolte un 7/10 traduisant le tiraillement de l’auditeur entre « Mais MIAM quoi! » et « Vade Retro Belzé-sucre! ».  

 

 

photo de Cglaume
le 10/07/2017

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