Nyn - Entropy: Of Chaos and Salt

Chronique CD album (1:00:49)

chronique Nyn - Entropy: Of Chaos and Salt

C’est toujours pénible quand, à force d’avaler contre son gré cheveux longs (‘spèce de métalleux!), poils divers et autres substances douteuses, votre lavabo ne veut plus laisser descendre en ses entrailles la flotte du brossage de dents matinal afin d’y faire disparaître petits bouts de céréales mâchonnées et autres crachats dentifricés qui, du coup, vous narguent en spiralant au-dessus d’un siphon aux abonnés absents… Heureusement, en ces funestes épisodes domestiques, une bonne bouteille de Destop ou une vieille ventouse des familles, et disparu le vilain bouchon! Les eaux fétides peuvent regagner les profondeurs égouteques et votre salle de bain cesser de prendre de faux airs de pédiluve. Quand par contre c’est le Death Metal de Entropy: Of Chaos and Salt qui est généreusement déversé dans l’entonnoir de nos oreilles, rien à faire: son flux aussi dense que bouillonnant finit immanquablement par déborder de notre pauvre petite tête, les capacités d’assimilation cérébralo-auditives de la plupart des caboches humaines n’étant pas dimensionnées pour accueillir pareille débauche de notes…

 

Parce que le propos de NYN – entité Tech Death progressif over-the-topesque, conçue initialement comme un projet solo, mais rassemblant cette fois autour de Noyan Tokgozoglu le couple Tom Geldschläger (Obscura, Defeated Sanity, Jimmy Pitts) / Jimmy Pitts, plus des guests dont Christian Meuenzner (Alkaloid, Obscura) – le propos de NYN, disais-je, est cette fois de mettre en musique le chaos. Et ce n’est pas peu dire qu’il y arrive! Imaginez un Death Metal dont la densité évoque tour à tour les moments les moins easy listening de Strapping Young Lad, une version extrême de Biomechanical, la froideur cybernétique et les excès de Lex Talionis, plus quelques ambiances mystico-SF à la Mithras, et vous n’aurez plus qu’à lire le résultat sur l’échelle de Richter la plus proche… Ainsi, au-dessus d’un bouillonnement de tous les instants (on frôle souvent l’indigestion) où coexistent guitares tourmentées, BAR à octuple-pédale et nappes de clavier envahissantes, émergent en flot continu des solos et autres leads qui, quand ils ne s’apparentent pas à de brûlantes et douloureuses éjaculations, prennent trop souvent une dimension synthétique assez horripilante, comme si le petit démon Bontempi avait décidé de pourrir la vie de Trey Azagthoth. Là-dessus sont plaqués de multiples vocaux – protestations véhémentes, voix traficotées, growl, shrieks, plus des interventions de Nono le petit robot ami de Cynic – qui ne font rien pour apaiser le mal de crâne…

 

Conscients qu’il va falloir du temps à l’auditeur lambda pour absorber cette heure de tourment auditif, le groupe lubrifie ses compos de quelques éléments vaselino-différenciateurs: des chœurs religieux enjoués sur « The Apory of Existence », du vibrato aborigène en ouverture de « Dissimulating Apologia », les parfums des 1001 nuits sur « Embrace Entropy », de la thérémine sur « Maelstrom »… Sans compter que « Taken Away by the Tides » – du moins sur son démarrage – prend de faux airs de cover d’une vieillerie Hard Rock (ça pourrait limite être du Bon Jovi, yep). En ces rares moments nos narines émergent enfin au-dessus des flots tumultueux, ce qui nous donne l’occasion de reprendre une bonne bouffée d’oxygène entre 2 lames de fond. Et puis soyons honnête: quand un semblant de cohérence émerge des structures musicales vomies par le groupe – c’est régulièrement le cas sur le long « Maelstrom » – on retrouve des sensations oubliées comme on n’en avait plus ressenties depuis le silence prolongé de Cephalectomy.

 

Alors certes, tout cela est impressionnant, et hautement complexe. Quand on s’accroche bien à ses baskets et qu’on fait les efforts nécessaires pour tenter de décrypter ce qui se passe sous nos yeux, on arrive à en être émerveillé. Mais la chose est globalement bien trop indigeste pour qu’on puisse s’abandonner au plaisir. Ça manque de laisser-aller, de « moments défouloirs », de lisibilité, de fil conducteur. Les fins de morceaux semblent tomber de façon totalement aléatoire – 2 minutes de plus ou de moins, ça aurait marché aussi, si si. Et l'exercice dure bien souvent trop longtemps (9 minutes pour « Taken Away By The Tides », 14:31 pour « Maelstrom »…). Du coup, la lourdeur qui nous reste sur l’estomac et le vieux mal de crâne qui nous pulse aux tempes nous forcent à accueillir ce 2e album avec un enthousiasme relativement modéré…

 

« … Nom de dieu, en plus ils ont été coller du sel dans leur chaos: tu m’étonnes que ça irrite! »

 

 

PS: « If it's too loud, you're too old ? »... Ah les vauriens !!! On avait dit "pas l'âge" !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: réussir à évoquer aussi bien SYL que Lex Talionis, Biomechanical ou Mithras… Tu parles d’une association de malfaiteurs! Si l’on s’en prend plein les mirettes et que le niveau technique vole effectivement foutrement haut, à l’écoute du 2e album de NYN on a quand même un peu trop l’impression de se faire taper sur le crâne avec un maillet au milieu de sables mouvants animés de courants façonnés au large du Cap Horn. Bref: ce n’est pas de tout repos, et seuls les adeptes de pratiques Tech Death extrêmes réussiront à digérer ce Entropy: Of Chaos and Salt.

photo de Cglaume
le 16/03/2018

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