O'funk'illo - 5mentario

Chronique CD album (42:31)

chronique O'funk'illo - 5mentario

Bon eh bien voilà, on y est. Le petit frère andalou d’Infectious Grooves a décidé d’arrêter les jumperies de fond de squat pour développer une expertise en glandouille-de-bord-de-piscine-du-Carlton, un Sex On The Beach dans la main droite et le string bien rempli de la Bombiatch Latina de service – louée à la journée pour la séance photo, et plus si affinités – dans la main gauche. Faudrait pas vieillir tiens… Non mais en même temps on comprend les gus: quand le succès vient, que l’énergie s’émousse, et qu’en plus l’inspiration se trouve lestée par le départ du dernier guitariste en date – Andreas et Pepe restant les 2 derniers rescapés d’un line-up à présent tout maigrichon – on n’a plus guère envie que de caresser ses instruments au son d’une musique de transat calibrée pour rendre moites les bikinis et faire l’unanimité lors des prime times sur les grandes chaînes nationales.

 

OK, j’exagère un petit brin, mais pas tant que ça finalement. Car sur 5mentario, O’Funk’Illo n'est pas loin d'avoir perdu la patate joyeuse qui nous l'avait jusqu'ici rendu éminemment sympathique. Les 9 compos qui y défilent s'inscrivent en effet quasiment toutes dans un esprit « Scheweppes & Pulco citron » plein de lunettes de soleil et de chromes étincelants sous un soleil souverain, les paillettes des gros studios télé et les diffusions radio étant apparemment devenues l’objectif n°1 du groupe. Bon, c'est vrai: là je suis dans le procès d’intention. M’enfin ce recours quasi-systématique à des chœurs féminins sans personnalité, les clap-clap feutrés et les Palapa-pa-Pala! radio-friendly de « Bajo Y Voz », la variétoche groovy mais lisse de « Pegotes De Colores », les conseils Sieste&CrêmeSolaire de Jamiroquaï sur « La Positiva »… Tout ça laisse un vieux goût amer dans la bouche.

 

Oh la guitare montre bien les biscotos de temps à autres, mais elle ne semble au final plus qu’un cache-sexe « metal » grossier sorti de temps à autres afin d'éviter les remarques désobligeantes de fans choqués par tant de laisser-aller. « Soñar Despirto » et ses funkeries pleines de basse juteuse (ces soli les aminches!) font presque illusion le temps d’un titre, mais déjà on sent comme une impression de léger « creux ». Passé « La Positiva », on a envie d’y croire à nouveau le temps d'un « Disturbio Bipolar » qui semble vouloir sortir la batte de baseball. Sauf que celle-ci s’avère un poil fissurée – car, a priori, récupérée dans la poubelle de Rage Against The Machine – et utilisée dans un mauvais pastiche d'appel à la « revolućion » qui ne devrait pas faire beaucoup trembler dans les quartiers huppés de Séville. « Hirviendo » ressort enfin la distorsion über funky chère à Sarsippius, ainsi que quelques cuivres qui-n’en-veulent – chouette! Mais comme sur le 1er titre, on déchante un peu quand on se rend compte que l’impact et l’accroche de tout ça restent assez limités. De fait on tient juste là un bon morceau de 2nde zone pour album de début de discographie. Ce serait néanmoins mentir de dire que « Las Lápidas No Entienden » ne nous fait pas d'agréables guili-guili: plus sombre, plus virulent… On retrouve enfin nos bonhommes! Mais cela ne suffit pas à faire passer l’énorme pilule des « Bajo Y Voz » et « Pegotes De Colores » déjà évoqués ci-dessus. « Hoy Voy A Liarla Parda » ressort la funky attitude sympatoche mais un peu creuse de dragueur de grande surface, pour finalement laisser place à un dernier morceau entre nawakeries légères, agitation ska et refrain bien sympa qui remonte in extremis (… un peu…) le niveau.

 

M’enfin trop tard: mon opinion est faite… Et elle tranche: TCHAK!

 

En effet donc, ça y est: amputé d’un guitariste, alourdi par une bedaine sculptée par 18 ans de régime tapas y cerveza, affadi par une ouverture un peu maladroite « au grand public », orphelin d’une muse qui avait sans doute mieux à faire avec la nouvelle génération, O’Funk’Illo ne provoque plus l’excitation qu’il a pourtant suscitée jusqu’à Sesión Golfa (même si la pente commençait déjà à descendre un poil sur cet avant-dernier opus). Ce serait mentir de dire que le groove et la touche funky quasi-omniprésents de ces 9 nouveaux titres ne meublent pas avec à-propos nombre de ces moments qu’on passe avec délectation en vacances, quand la cervelle fond agréablement sous les assauts d’un soleil virulent. Mais ce n’est pas ce que l’on attend du groupe: pour ça on a déjà Carlos Santana. Et puis si l’inspiration était là encore... Mais sur 5mentario on a trop souvent l’impression que les andalous abusent des artifices et de la disto’ foooonky pour nous faire oublier leur manque cruel d’idées juteuses.

 

Allez, la moyenne, mais je suis presque trop généreux…

 

 

PS : l’album sort au format digibook, d’où l’aspect tout « écrasé » de la pochette.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: « Hey Pepe: Drucker a promis de nous inviter à « Vivement dimanche » si on pond un album qui plaise aux Kevin, aux Geneviève, ainsi qu’au Directeur artistique de Radio Monte Carlo… Chiche ? – Chiche Andreas! »

photo de Cglaume
le 10/03/2015

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