Outer Heaven - Realms of Eternal Decay

Chronique CD album (33:14)

chronique Outer Heaven - Realms of Eternal Decay

Vous êtes adeptes de ces courses "parcours du combattant" comme la Mud Day, la Zombie Run ou la Brutal Race, dont le but est d'en chier, de revenir couvert de boue, les coudes et les genoux ornés de croûtes épaisses? Gamin vous raffoliez du slime et collectionniez les images des Crados, et adulte vous êtes asphyxiophile et n'aimez rien tant que manger des huîtres à la mayo en regardant des films de la Troma? Eh bien Realms of Eternal Decay est fait pour vous! Pas que Outer Heaven s'épanouisse dans un Porn Grind crapuleux, non. Mais leur Death Metal est aussi poisseux que suffocant, et pour apprécier pleinement l'expérience il vaut donc mieux ne pas avoir peur de se salir les mains en les enfonçant dans des moiteurs visqueuses et frémissantes. D'ailleurs il n'y a qu'à contempler la pochette de ce premier album pour réaliser qu'on ne va sans doute pas passer la grosse demi-heure que dure l'opus en compagnie de Nadine de Rothschild!

 

En même temps, quand on connaît la liste des influences assumées de ces p'tits gars de Pennsylvanie, on comprend pourquoi leur Metal sent le souffre et le bubon pas frais. La plus importante est sans doute également la plus évidente: Morbid Angel. D'où ces ambiances lovecraftiennes rampantes (« Sacrificial Evolution »...), ces attaques retorses et ces circonvolutions lugubres. Le groupe cite encore Demilich (tourments et noirceur), Autopsy (simplicité, décélérations doomy et riffs gluants) ou Gorguts parmi les guides spirituels qui l'ont orienté vers les sentiers gadouilleux où il barbote aujourd'hui. Liste à laquelle j'aurais personnellement envie d'ajouter le Bolt Thrower des origines pour l'épaisseur vrombissante du mur sonore, et pour ce growl sourd, monocorde et trapu qui nous burine les tympans. Oui, le groupe de Karl Willets offre un meilleur aperçu de la personnalité des Américains que les géniteurs d'Obscura, Outer Heaven n'étant pas aussi axé sur la technique et les dissonances que ces derniers. Il préfère les ambiances plombées, les assauts primitifs, presque Punk même, souvent. Il n'y a qu'à écouter le début de « Multicellular Savagery » – qui mêle Death bourbeux et énergie crêtue – ou constater que 4 morceaux ne dépassent pas les 3 minutes pour s'en rendre compte. Et puis la vérité c'est que, en grattant juste un peu, on se rend vite compte que ce gros magma informe est en fait pétri de groove grassouillet – le démarrage de « Decaying Realms », ou la mosh part tout en progressive décélération qui pointe le bout de son nez peu après la barre des 2 minutes sur « Echoes From Beyond », n'en sont que 2 exemples flagrants parmi une multitude d'autres.

 

Et s'il est vrai que le papier peint de la grotte de nos 5 lascars est plein de cloques et de tâches de moisissure, ce serait n'être pas très observateur que de se contenter de ce constat pour résumer la déco de leur home-sweet-home. Car le début de « Tortured Winds » permet d'entrevoir un goût certain pour les œuvres les plus récentes de Carcass, tandis que le conclusif « Decaying Realms » laisse les guitares s'aventurer sur des chemins plus lumineux, pas si éloignés que ça du Death mélo à l'ancienne (écoutez donc à partir de 2:14, puis plus loin, à 3:00). Alors oui, globalement Realms of Eternal Decay donne l'impression de ramper dans la gadoue sous d'inamicaux bas-plafonds de fil de fer barbelé, une entité démoniaque sur les talons. Mais l'album est moins bordélique et suffocant que ce que pourrait laisser penser le premier abord. Du coup, bien que d'habitude ce genre de popote étouffe-chrétien ne soit pas forcément ma came, je dois avouer que j'y ai pris un plaisir certain. Avis aux amateurs de pustules élégantes et de gastronomie régurgitative!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: quand on se vautre dans une cuve pleine d'humeurs Morbid Angeliennes et de sécrétions Autopsyennes après avoir macéré dans des restes de vieux Bolt Thrower, il y a des chances que l'on en ressorte crotté, repoussant et puant. Et c'est ainsi qu'on perçoit Outer Heaven au premier abord. Sauf que les Américains ne se contentent pas d'une formule aussi crassement primitive, Realms of Eternal Decay s'avérant plus riche, varié et groovy que ce que voulait nous laisser croire la bande-annonce.

photo de Cglaume
le 02/11/2018

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/11/2018 à 09:24:47

Ah oui ça, c'est le bien.

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