Pamplemousse - High Strung

Chronique CD album

chronique Pamplemousse - High Strung

Quand le patron du site te demande de faire un choix de disque à chroniquer parmi une liste, tu ne sais jamais si tu ne vas pas plutôt avoir l’embarras que le choix. Tu te demandes si ça ne serait pas comme par hasard la liste des disques que tes collègues chroniqueurs ont cordialement refusé parce qu’on y trouve de l’autoprod de mauvaise qualité ou un énième groupe de trucbidule-core.

Mais comme tu sais que le patron est sympa et que tu veux faire du zèle avant les vacances, tu te saisis de ce pot de pus potentiel et affichant ton plus beau sourire de vendeur de bagnoles, tu mets les mains dedans en espérant que ça ne dégoulinera pas trop sur ta chemisette cravate. Plein d’espoir, tu parcours la fameuse liste et il y a un nom qui t’interpelle : Pamplemousse.

Nom d’un coreux, avec un nom comme ça, tu te dis que ça risque d'être surprenant. Ça te rappelle les noms improbables de groupes tout aussi improbables et surprenants comme Pneu ou Papier Tigre, ces petites pépites difficilement trouvables sur les moteurs de recherches et qui rendent ta publicité ciblée de moins en moins ciblée.

 

Tu découvres que Pamplemousse est bel et bien un groupe (ou plutôt un power trio) français (ou plutôt de la Réunion) s’étiquetant comme du « Abrasive Noise Blues ». Dépassons dans un premier temps le cadre de cette trop simpliste étiquette et synthétisons.

 

Pamplemousse, en une phrase trop courte, c’est le groupe qui redonne au « Power Trio » ses lettres de noblesses.

 

Pamplemousse, en une phrase de taille normale, c’est trois musiciens qui ont très bien digéré leurs influences, de Nirvana à Sonic Youth en passant par Devo (l’intro de "Hot fudge Monday") et Jesus Lizard, en ont distillé le meilleur comme base d'une identité sonore et artistique forte.

Pamplemousse, en une phrase trop longue, c’est une section rythmique solide, une énergie musicale qui transpire la sincérité sans jamais sentir le pastiche, des morceaux simples mais efficaces, qui oscillent entre le punk des années 80 (notamment du côté du chant) et la musique alternative des années 90, qui taquinent parfois légèrement avec la lourdeur et le côté expiatoire du post-hardcore ("Porcelain"), flirtent doucement avec la nonchalance du grunge. Pamplemousse s'écoute d'une traite et se réécoute avec plaisir. Pamplemousse s'écoute aussi bien en musique de fond qu'en immersion, la tête dans les enceintes.

Enfin, Pamplemousse s'écoute probablement parfaitement sur scène, le jus est goûtu, frais, à la fois acide et sucré.

 

Côté son, c'est propre de saleté et sale de propreté. Les guitares sont saturées avec finesse, ça tord juste comme il faut et quand il faut, c’est fuzzy et juteux à souhait. La basse soutient, s'adapte, parfois ronde, parfois claquante toujours articulée avec justesse à une batterie énergique non compressée à la machette. Enfin, le chant n’est pas en reste et est savamment mixé avec une reverb donnant un effet de proximité très intéressant. C'est vivant, la dynamique est là et ça fait plaisir, surtout en 2019. On a l'agréable impression d'écouter un de ces albums de rock du début des années 90 quand ingénieur du son était la paronomase parfaite de génie du son (#alerte_vieux_con). Plutôt que rendre à César, rendons à Peter Deimel (mixage) et Dan Coutant (mastering) pour leur excellent travail.


Pour conclure, revenons un instant sur cette satanée étiquette « Abrasive Noise Blues » qui gratte de plus en plus.

Abrasif, oui mais pas de quoi poncer les murs de votre chambre. Pamplemousse, c’est une base très rock mais qui tape dans le fond.

Noisy, oui mais d'une façon subtile, jamais envahissante et plus souvent énergique que déstructurante.

Quant au Blues, amateurs de pentatonique en shuffle, circulez, il n’y a rien à voir.

 

L'étiquette est donc à peine plus proche de la vérité que mon séant l’est de la jolie île dont sont originaires nos trois amis mais peu importe le style, Pamplemousse fait de la dentelle en ne faisant pas dans la dentelle.

D'ailleurs, ils auraient pu s’appeler Dentelle, ça aurait rendu ma « publicité ciblée mal ciblée » plus sympathique.

 

On aime: le son, l’efficacité, l’énergie « power trio » qui nous rappelle les années 90, le chant.

On n'aime pas : les étiquettes trompeuses qui grattent.

photo de 8oris
le 28/06/2019

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 28/06/2019 à 10:06:40

Super première chronique : 8ienvenue 8oris !!!

Seisachtheion

Seisachtheion le 28/06/2019 à 12:57:58

Hello toi ! Welcome !!!

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