Periphery - Periphery

Chronique CD album (72:52)

chronique Periphery - Periphery

S’il y a bien un groupe qui est le produit logique de son environnement et de son époque, c’est Periphery. Musicalement d’abord: en se situant à la croisée du déhanché syncopé de Meshuggah, des aérations mélodiques de Textures, des spasmes pop-mathcore de The Dillinger Escape Plan et des sucreries metalcore US, le groupe pouvait difficilement tomber moins à côté de la plaque. A ça vous ajoutez une maitrise instrumentale le situant pile-poil à cheval sur la droite qualitative reliant la scène deathcore technique (Veil of Maya, Born of Osiris) au tech/jazz/prog metal de Cynic – en sachant qu’ici on se trouve quand même beaucoup plus proche de l’extrémité Sumerian Records (!) du segment. Vous gardez aussi à l’esprit qu’au sein du groupe évolue un extra-terrestre qui est à la fois un petit prodige de la guitare, un compositeur insatiable, et un touche-à-tout qui enregistre sa musique à la maison avec un talent insolent (oui oui, je parle bien de Misha Mansoor, pas de Devin Townsend!) … Et là je vous mets au défi de trouver un combo plus à même de créer le buzz dans les sphères geek metal de la toile!

 

D’ailleurs le buzz est déjà créé depuis quelques temps maintenant, et c’est justement le label de niche Sumerian Records qui a remporté la mise, en sachant que Roadrunner est lui aussi sur le coup et se charge d'arroser l’Australie sous le jet froid et saccadé de ce nouveau phénomène. Allez, on finit ce tour d’horizon en précisant que le groupe a déjà tourné avec Fear Factory, Animals As Leaders, DevilDriver, God Forbid ou encore The Dillinger Escape Plan... Oui c’est ça, avant même que son premier album ne soit sorti! Et puis Jeff Loomis (Nevermore) se fend d’un solo sur « Racecar ». Alors, c’est pas de la pure graine de hype branchouille qui surfe sur la vague de ce qui se fait de plus dans le coup ces temps-ci? Grave chan-mé dude, ouaip (c'est Babel Fish qui va galérer avec ce genre de prose...)!    

 

Bon bien que je démarre cette chronique sur de bons gros sarcasmes, il me faut reconnaître que la fièvre qui a pris une partie de la scène metal moderne est quand même justifiée... Mais il y a également de bonnes raisons d’être agacé. Oui je sais c’est confus, mais tout ça est loin d'être tout blanc ou tout noir, et le 7/10 attribué ici n’est pas la traduction d’une réaction tiédasse à un album sympa/moyen, mais bien la conséquence de sentiments partagés, pour ne pas dire d’un véritable dilemme critique. Car Periphery possède deux visages. D’un côté c’est un groupe interprétant un metal moderne déshumanisé assez classique, un peu prétentieux parfois, qui se fait un malin plaisir de nous brosser dans le sens inverse du poil, qui balance des bennes et des bennes de saccades comme on entend tous les jours – notamment par chez nous, au sein de la scène Gojiro-Klonosphero-Hacridienne – et qui étend ses compos sur des longueurs interminables sans que, bien souvent, une quelconque direction artistique ne se dessine clairement au milieu de cette alternance de chaos glacé et de mélodies sucrées. A ça il faut ajouter le recours à l'alliance ultra-rabâchée entre éructations hardcore moderne et concerts de chant clair irritants, ces derniers oscillant entre du Linkin Park, des chœurs émo et des vocodereries crabcore.  Pas facile à supporter avec le sourire sur la distance...

 

Mais de l’autre côté, on est scotché par certains des plans proposés, ainsi que par la volubilité de cette guitare lead (tiens, à 1:58 sur « Letter Experiment » par exemple). Et puis des mélodies qui font mouche, clair qu’il y en a à la louche (c'te rime riche!), d’autant que le groupe se fend régulièrement de bonnes injections de groove caoutchoutesque moderne, quand il ne booste pas carrément ses saccades d’une pêche qui fleure bon le power metal des 90s (celui de Pantera). Dans le meilleur des cas, cela aboutit à des morceaux où l’ensemble des influences du groupe et la talent de Misha accouchent de quelque-chose de neuf et de grand (le « djent » qu’ils appellent ça …) comme sur « All New Materials » (putain de superbe début de morceau plein de feeling!), l’excellent « Buttersnips » ou le plus ramassé « Icarus Lives! » qui commence sur un pur plan rock’n’roll et qui brille dès 0:25, lors d'une chouette parenthèse éthérée. On reste admiratif quant à la capacité du groupe à rendre accrocheur des tortillons guitaristiques comme ceux fleurissant à 2:11 sur « Zyglrox » ou à 1:10 sur « Buttersnips ». Et que dire de cette symbiose entre bucheronneries tranchantes et mélodies cotonneuses – qui rappelle souvent Textures – illuminant l'album en de maints endroits, comme par exemple à 9:28 sur « Racecar »... Dur de rester insensible dans ces conditions!

 

Periphery est sans aucun doute un concentré de talent. Mais là où certains crieront directement au génie, je trouve qu’il manque encore un peu de cohésion et de direction à tout ça. Ca part trop dans tous les sens, les influences sont trop criantes, les parties ado/chamallow sont parfois franchement too much … Et c’est bien trop long pour un album de "casse-tête metal" qui n’arrive pas à rester sur des rails plus d’un morceau de suite! Si le groupe ne prend pas trop le melon, qu’il canalise sa fou-fou-itude et se sert avec sagesse de ses capacités techniques, il peut clairement nous pondre un 2nd album excellent et devenir l’une de ces formations de référence comme il en apparait de temps à autre. Bref, Periphery est un groupe très impressionnant et franchement prometteur, mais pas encore renversant, la faute à une impulsivité et à un manque de constance qui sont, finalement, assez normales pour un premier album. 8-8,5 pour le talent et les traits de génie, 6 pour la hype excessive, les compos à structure en forme d’impasse, les influences évidentes et les metalcoreries énervantes... Ce qui nous donne un 7 qui pourra sembler sévère, mais juste.

photo de Cglaume
le 31/12/2010

9 COMMENTAIRES

giovanni

giovanni le 08/01/2011 à 23:52:55

Hey ! super critique, il est vrai que la note me semble un peu severe, mais elle est correctement justifiée.
pour ma part, j'ai mi environ 6mois a aprécier la musique, ce qui semble beaucoup.

bref, pour le manque d'homogénéité, je pense que cest du a leur premier album, le coté tellement " potentiel" qui prend le dessus. je trouve justmeent que cest un point positif. Dailleurs, quand on check certains autre titres qui nefigurent pas dans l'album - Eureka et Frak the god -, on sent quand meme un coté recurant. il y a déjà un "touche" periphery.

vivement leur passage sur paris en fevrier ! j'attends des chronique concert ;)

à +

cglaume

cglaume le 09/01/2011 à 04:13:10

Pas sûr que je sois au concert malheureusement ... Mais merci pour l'appréciation. Et vivement la suite !!!

soupe

soupe le 30/04/2011 à 15:19:30

complétement pas d'accord du tout avec ta chronique

les plans que proposent periphery vont bien au de la de la technique d'un Gojira ou Hacride. Certains passages sont certes très très mielleux par moment mais restent extrêmement précis et sont d'une efficacité redoutable.

Sans compter que les solos sont tout simplement flamboyants! l'aspect électronique n'est pas assez mis en valeur sur ta critique pourtant cette dernière impose le respect et établit complétement la règle d'or de cet album .. l'Éclectisme.

Rares sont les groupes capables d'atteindre une telle production pour un premier album ( rappelons le, le groupe à tout enregistré .. en studio certes mais il n'a pas été question d'ingénieur je crois ) et je pense bien que c'est le seul groupe qui puisse atteindre une telle qualité en LINE IN. Merveilleux comme boulot .. complétement magique.

Bémol pour les passages trop mielleux la dessus on est d'accords

cglaume

cglaume le 30/04/2011 à 17:10:22

Si tu te relis, et que tu me relis, et que tu compares les notes attribuées, tu verras qu'on dit quand même des choses qui se rejoignent. ;) M'enfin j'avoue que - dans un univers musical connexe - je préfère carrément l'album d'Animals As Leaders ... Que je chroniquerai d'ailleurs bientôt ...

frolll

frolll le 11/05/2011 à 21:07:27

non mais en fait, si on tue le chanteur ça peut faire un bon 8/9, mais là, avec la voix limite typée emopop, rien à faire, ça devient pas mieux que 6 quoi >< c'est insoutenable, sur une piste comme Jetpacks was yes!, sérieux, t'as envie de l'abréger le ptit jeune con
enfin sinon, c'est superbe :)

Tookie

Tookie le 29/09/2011 à 19:26:21

Le chanteur gâche tout, quel dommage en fait, je suis Frolll et pas mal de choses dans ta chronique mon cher lapin, si seulement ils avaient un chanteur à la hauteur de celui de Textures (peu importe lequel des trois...)

cglaume

cglaume le 29/09/2011 à 20:47:39

Tu es Frolll ? Damned, serait-ce un nouveau terme à la mode qui échappe à ceux de ma génération de vieux croutons ???? En tout cas, yes, le chant n'est pas le gros atout de Periphery...

Tookie

Tookie le 29/09/2011 à 23:18:58

Qu'il est bête ! T'es encore à peu près à la page, je parlais du verbe suivre bien sûr ^^

Mais en fait en réécoutant l'album, je me suis rendu compte que j'avais aussi 25 chansons de leurs débuts, un truc piqué suite à une écoute sur Myspace il y a déjà bien longtemps...avant d'avoir un label et de se faire un petit nom.
Un trip parfois Meshugghien, des aspects Cynic / Scale the summit avec aussi déjà du Textures et plein de bonnes idées. La mauvaise fut donc de se chopper un chanteur histoire de perçer...

cglaume

cglaume le 30/09/2011 à 00:01:57

> Qu'il est bête ! T'es encore à peu près à la page, je parlais du verbe suivre bien sûr ^^

;)

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