Peropero - Lizards

Chronique CD album (37:59)

chronique Peropero - Lizards

Parfois, il en faut peu pour nous enthousiasmer. Par exemple, découvrir une perle musicale prometteuse située en plein sur le terrain miné de son collègue lapidé avant lui et se monopoliser le sujet. Parce qu'après tout, premier arrivé, premier servi, qu'importe l'ancienneté, la suprématie du sexe mâle ou encore la concurrence déloyale de celui qui a la plus grosse (paire d'oreilles hein...). C'est qu'il y a un moment où il faut sortir de sa rêverie, l'utopie et autres principes moraux : on voit des jeunes arrivistes aux dents longues dans toutes les bonnes boîtes du monde rafler le cocotier que l'honnête sous-fifre convoite depuis des années en deux coups de lèches-postérieurs dans le bureau du PDG ; des mamans achètent des lapins innocents que leurs petites peste de filles enferment dans une cage dans leur chambre quand elles ne les prennent pas pour leur barbie à poils doux ; la société pullule de féministes fragiles qui nous emmerdent avec leur écriture inclusive au lieu d'aller tenir la main et offrir espoir et réconfort aux pauvres victimes d'agression sexuelle au tribunal. Bref, tout ça pour dire que j'ai eu l'occasion hasardeuse de découvrir PeroPero avec leur second album, Lizards, deux Autrichiens ami-ami expatriés à Berlin, que Lapinou vous aura très certainement encensé de la même manière s'il se serait montré sous son jour plus « lièvre ».

 

En même temps, il n'y a pas besoin d'aller voir plus loin que les deux singles mis en pâture sur Youtube : les deux mecs sont des fifous et il y a de quoi pleurer les mêmes larmes de sang que leur chat pixelisé de leur logo en une écoute et ce, même si cette doublette s'avère finalement assez réductrice de ce qui nous attend dans la galette intégrale. Parce que « Tongue », c'est ce hit fusion très 90's dans l'esprit que l'on n'imaginait même plus entendre aujourd'hui. Sans forcément sonner vieillot car se basant sur du groovy sautillant rythmiquement saccadé qui te fait tortiller devant la glace de la salle de bain en mode pantin désarticulé. Avec en bonus, ces sonorités kitsch des claviers nous rappelant cette bonne vieille approche nanardesque de série B, d'autant plus que les images enfoncent bien le clou, que ce soit pour le Godzilla typé « méchant géant de Power Rangers sous LSD » pour ledit titre ou encore le côté visages de psychopathes fondus tout droit piqué au « Black Hole Sun » de Soundgarden, modèle trip sous acide pour « EHM ». Bref, deux vidéos qui te font écarquiller grand les mirettes en mode WTF avant de hausser les épaules en rythme de cette effluve sonore irrésistible.

 

Efficacité redoutable lorsque PeroPero se montrent sous leur facette la plus « accessible » mais sacrément inventive pour le reste bloqué dans méandres de Lizards. « Tongue » et « EHM » se montrent comme de vrais bons singles qui restent somme toute droits dans leur botte, à portée fédératrice, l'album complet se veut bien plus progressif dans l'esprit. Mais pas le prog' long et chiant, à haute technicité et branlages de manche jusqu'à l'éjaculation pestilentielle d'ego. On pensera davantage à des trucs plus basiques tels des King Crimson, voire des délires plus récents et modernes comme Tool ou encore The Erkonauts dans l'approche du progressif, à savoir des structures évolutives, piquant des idées à droite à gauche de ce qu'il se fait ailleurs sans vraiment de limites et contraintes. Parce qu'au final, on peut y voir – liste non exhaustive – du Rush, du Primus, du Faith No More, du King Crimson, du Aphex Twin, du Meshuggah, Zappa voire même Igorrr. C'est que les deux énergumènes ont du goût en plus. Et ce, sans jamais stagner et jouer dans la répétition lassante vu qu'au final, Lizards reste plutôt court et aucun de ses titres ne dépasse la barre des six minutes. Autant dire, pas le temps de s'emmerder, ni même de décrocher, la base fusion de leur noyau faisant que l'on n'ait jamais l'impression d'être confronté à des choses trop complexes et chiadées, PeroPero préférant miser sur le côté improbable et irrationnel de ses divers éléments, mais ne fonctionnant mystérieusement que trop bien.

 

En somme, PeroPero, c'est ce genre de petite perle qui mérite d'être enfilée à plus large échelle. Lizards se veut à la fois inventif, efficace, fédérateur et totalement intemporel tant il usite de modernité que d'éléments rétrogrades ayant faits les beaux jours des décennies précédentes. Et quand on voit le carton plein à Clisson recueilli l'année dernière par Igorrr – et toutes les jolies conséquences que ça a engendré – nul doute que tu mettrais ces deux larrons sous une Valley ou une Temple, ça pourrait rameuter les masses : ceux qui se laisseront emporter par le groove contagieux de la fusion, les autres, plus analystes, se délecteront de ce petit numéro agile digne d'une construction d'un château de cartes.

photo de Margoth
le 18/05/2018

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 18/05/2018 à 12:47:02

Ca a l'air de miamer, dis. Je m'ennuie ça quand je ne serai plis au boulot !!

cglaume

cglaume le 18/05/2018 à 12:48:04

Je m'enfile ça, pas je m'ennuie ça. Correcteur à la mord-moi-l'zboub!!!

dayedayedaye

dayedayedaye le 19/05/2018 à 16:14:05

Super découverte !! Merci !!

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