Phlebotomized - Deformation Of Humanity

Chronique CD album (51:01)

chronique Phlebotomized - Deformation Of Humanity

Les dossiers de presse, c'est toujours l'assurance de venir en faire des tonnes pour prêcher la bonne parole. Ça va sous-entendre par exemple qu'un obscur groupe de niche qui est disparu aussi vite qu'il était venu il y a 20 ans est un putain d'événement. Sauf que si tu ne le connais pas, tu t'en fous pas mal, de la même manière que la catégorie « supergroupe » qui ne contient au final que des membres de groupes de « seconde zone » qui ne parleront qu'aux plus spécistes des metalleux. Et pour enfoncer le clou, ça va mettre en avant une forte évolution, passant d'un death/grind tout ce qu'il y a de plus classique à de l'avant-garde autrement plus ambitieux. Mouais, mouais, petit détail annexe qui fait que le retour de Phlebotomized se place peut-être moins sous le signe de l'indifférence finalement.

 

Petite lueur d'intérêt qui a tôt fait de se tarir : on se place là sous le cas de figure du pétard mouillé. A tel point que l'on ne sait pas vraiment à qui pourrait s'adresser ce Deformation Of Humanity. Parce que entremêler un death résolument old-school et éléments plus exotiques, à savoir du gothique/symphonique supporté à grand renfort de clavier, voilà quelque chose d'un chouïa contradictoire. Enfin, de old-school, plutôt pourra-t-on parler dans ce cas précis de « désuet » tant ces éléments traditionalistes du metal de la mort ont très loin d'avoir la même saveur typée madeleine de Proust qu'un Freitot par exemple. Autant dire que ça parlera davantage au public « ultra de niche » – avouons que l'ultra, ça sonne bien mieux au JT pour catégoriser des extrêmes politiques quand même – mais qui auront tôt fait de fuir dès lors qu'ils entendront ces douces nappes de clavier qui viendront parasiter la matière brute.

 

L'autre problème, c'est que ça n'ira pas spécialement parler non plus aux amateurs d'entremêlements de styles divers. Pour ce fond sans doute trop passéiste. Mais surtout parce qu'on a beau tenter d'écouter et réécouter tout ça – dans le doute que l'apprivoisement se fasse sur la longueur – rien n'y fait : difficile de percevoir harmonie et cohérence entre ces deux facettes. Un peu comme si l'une et l'autre étaient totalement autistes et faisaient leur vie dans leur coin sans s'accorder. Et que bien évidemment, le résultat ensemble ne convainc pas plus que cela.

 

Au contraire, la sensation d'incompréhension s'avère si tenace que l'on n'essaie même plus de tenter de s'habituer bêtement au dépareillement : on laisse filer le truc d'une oreille distraite avec quelques petits moments de soubresauts d'attention où l'on se demande où Phlebotomized veut bien en venir tellement ce n'est pas folichon. Puis, on passe à autre chose sans regrets. Alors, bien évidemment, ceux qui connaissaient et appréciaient la première partie de carrière du groupe hollandais seront peut-être plus enclins à modérer le verdict à l'encontre de Deformation Of Humanity sans qu'il ne passe plus haut que le mi-figue, mi-raisin. A la limite, histoire d'avoir des choses bien plus cohérentes en terme de mix entre old-school un peu rageux et goth/sympho, pas besoin d'aller dans des contrées si lointaines et allez plutôt jeter une oreille à Vanguard X Mortem, 100% made in France.

photo de Margoth
le 13/05/2019

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements