Poison the well - The Tropic Rot

Chronique CD album (47mn)

chronique Poison the well - The Tropic Rot

     Il y a des groupes qui peuvent sortir à peu près n’importe quel disque et toujours ravir leurs fans de la première heure d’habitude si exigeants. Poison The Well fait partie de la première catégorie susnommée, et moi de la seconde. N’en déplaise à certains, mon expérience de leur musique est celle du skate sur fond de Deftones, lutter pour passer un flip back sur les 3 marches du spot du marché… Séquence émotion et nostalgie.

 

     Le temps a depuis resserré mes baggies en slim, mes grosses Osiris bouffées par le grip de ma board Element *Bam Margera* en Van’s à carreaux, a rétréci mes sweats XXL de néo metal en tee-shirts S de chez Deathwish ou Southernlord… Mais l’émotion est la même dès que la voix de Jeffrey Moreira résonne à mes oreilles, les riffs et la batterie me mettent en branle et me voici lancé sur ma planche, prêt à en découdre avec ce satané ledge !

Si le précédent disque du combo de Miami a provoqué la chute de beaucoup, j’ai maintenu le cap sans sourciller faisant fi des cailloux venus troubler mon élan. L’embûche principale dressée devant les trucks des aficionados étant la mélodie –bien que toujours présente dans l’esthétique du groupe depuis ses débuts- mise au premier plan par l’arrivée d’un nouveau guitariste et de son bottleneck dans la troupe. Jugé alors trop gentil, trop mou, Poison The Well vieillit certes, mais c’est un beau vieux. A l’instar des groupes typiquement 90’s (Vision Of Disorder, Drowningman ou Only Living Witness) ayant mélangé son hardcore aux mélodies et à une ambiance énergique s’éloignant progressivement du bitume citadin vers les skate-park de banlieues, Poison The Well a passé le flambeau aux Celtics (à Boston pour ceux qui ont du mal)

 

Poison The Well, c’est un peu Rodney Mullen, ou même Stacy Peralta, ayant innové en son temps, mais ayant aussi un peu mariné dans son jus de tee-shirt trempé de sueur et de sang. Il aura beau changer de fringues et mettre de l’arnica, les chutes sur les rambardes d’escaliers auront finalement raison de lui et Poison The Well gardera des traces de ses ecchymoses et des fractures. Il rangera sa planche au garage en 2010 après nous avoir laissé un dernier effort qu’est ce Tropic Rot sentant la gomme usée dans les half-pipe et les articulations meurtries. Si la chaleur de ce disque nous fait transpirer à grosses gouttes (une ambiance ensoleillée et un pit qui laisse des traces sous et sur les bras), le plaisir de rider sous les palmiers (Palm Beach vous suivez ?) est intacte. On arrive tout de même à reprendre notre souffle et à se rafraîchir (« Pamplemousse », « Antarctica Inside Me ») tandis que le soleil au zénith fait fondre la cire servant à boucher les trous de nos pompes. 47minutes plus tard, notre casquette ne suffit plus à éponger notre front, et les tentatives désespérées pour rentrer ce tailslide en switch nous auront définitivement épuisés.

 

     Une bonne session de skate digne de ce nom se termine soit par un énorme trick, soit par une énorme chute. Je vous laisse le choix de juger de quelle manière Poison The Well a terminé la sienne. Moi j’ai pris 10 ans dans le nez à rédiger cette chronique et j’ai mal au dos. La planche me démange, mais restera encore un moment endormie. Heureusement, en attendant, il y à Adrenaline, Lights Camera Revolution et ce Tropic Rot pour nourrir de souvenirs mon envie de roulettes. « Possessed To Skate » comme disait ce bon vieux Cyco Miko !

photo de Viking Jazz
le 03/06/2011

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