Radura - Effetto Della Veduta D'Insieme

Chronique CD album (36:37)

chronique Radura - Effetto Della Veduta D'Insieme

Radura, autrement dit la clairière en italien, est un combo milanais qui vu le nom pour lequel il a opté va encore nous parler des vertus de la nature et de l’écologie. Et sans surprise, Effetto Della Veduta D'Insieme nous propose effectivement un trip naturaliste, entre réalisme désenchanté et prose bucolique. Les éléments sont tous là, le décorum est organique et vivifiant, avec au centre l’homme et la nature dans leur relation pleine de sublime, de violence, et de contradictions. Abstraction verbeuse et interprétation littéraire réductrice pour un album qui se veut surtout ressourçant de par ses mélodies azurées et percutant de par sa fougue Screamo. Par partisanisme, je classerai volontiers Radura dans la catégorie des formations screamo, et pourtant - une réduction n’est pas coutume - le combo joue sur plusieurs tableaux, à la fois celui de l’Emo, du Post-rock et bien sûr du screamo.

 

Aussi étrange que cela puisse paraître le skeud s’ouvre sur une Outro. En tout cas, c’est l’impression étrange que m’a fait l’écoute du premier titre « La Luce Che Copre Gli Angoli ». Un titre acoustique qui pourrait très bien sonner comme le déclin crépusculaire d’un album de la trempe d’Effetto Della Veduta D'Insieme. Et pourtant, on est bien sur l’entame du skeud. S’ensuit la deuxième piste « Se Questa È La Nostra Festa » qui elle se veut plus contrastée et donne pour de bon cette fois-ci le coup d’envoi des velléités skramzy de l’album. Dans ses intentions, le titre fait la synthèse de ce qui nous attendra par la suite à savoir des moments d’accalmies typés Emo-rock contrebalancés par de nombreux dégoupillages screamo. L’album sera joué pour l’essentiel sur une même gamme, avec des notes et des boucles mélodiques qui se ressemblent mais dont on ne se lasse pas, et qui confortent la cohérence d’Effetto Della Veduta D'Insieme.

 

Ça peste en italien, les constats sont poignants et la colère se veut pressante. Un chant verveux et intense sur des plans contrastés qui ne sont pas sans rappeler les meilleurs moments de bravoure de La dispute.

On a aussi quelque part un peu de Anteros chez Radura, surtout lorsqu’on se retrouve emporté par des airs éthérés/cristallins et mélodiquement placés sous le signe de la quiétude. Des boucles mélodiques soigneuses et délicates qui tranchent avec les moments de pur embrasement screamo. Avec son riff de guitare nerveux et clinquant, « Riflessi » envoie un début de morceau à la Shirokuma, période Sun Won’t Set. Et on aime beaucoup quand Radura accélère la cadence.

 

Très centré sur les éléments terrestres, Radura cherche à de nombreuses reprises à transposer mélodiquement ou techniquement la sensorialité du vivant et les émotions uniques que nous procurent l’altérité nature.  On a pour exemple « Tutto Il Tempo Che Ho Passato A Non Vedere » et ses longs larsens assimilables à des effractions solaires éblouissantes et chaleureuses, ou encore le final sampler et marin de « Costellazione||Pareidolia ». Un album qui se conclut sur une mer agitée à la limite du menaçant et dont le ressac nous cajole aussi bien qu’il nous alerte sur un devenir encore incertain. Une conclusion mystérieusement poétique qui me replonge dans « la mémoire et la Mer » de Ferré.

 

Radura traduit musicalement, avec grâce et sensibilité son rapport intime à l’homme et surtout à une nature dépouillée, sauvage et sublimée. L’atmosphère d’Effetto Della Veduta D'Insieme se veut aussi bien pesante et ombrageuse, que contemplative et contenante. En somme, une très très bonne sortie!

photo de Freaks
le 20/04/2021

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