Revok - Grief is my new moniker

Chronique CD album (46:57)

chronique Revok - Grief is my new moniker

Revok développe depuis une demi-décennie un univers bien particulier qui s’articule et se meut bien au-delà de la donne musicale. Issus d’un passé hardcore tendance new-school, bercés par des récréations sauvages ou des digressions Resident-esques (l’inclassable Zeta Reticuli), les parisiens revisitent – mine de rien – les endroits les plus obscurs de la musique dure, sombre ou dérangée.  Parfaite combinaison entre l’esprit rude d’Easy Rider et les échanges feutrés des salons de lecture, le champ de sentences de l’entité, bien que d’apparence dévasté, est des plus riche et nuancé.

 

Revok, c’est avant tout 2 EP’s impeccables en guise de carte de visite, Biocarbon amalgamate  fin 2004, l'enragé Program medics and cathode clinics (2006) et un premier album complet en 2007 Bad books and empty pasts qui a un peu de mal à supporter l’épreuve du temps. Revok, c’est aussi une espèce de force surnaturelle (sans rire) qui habite les protagonistes lors de concerts absolument marquants. Enfin, le groupe développe en parallèle un univers propre, une lecture acide du monde dans lequel il évolue. Il suffit de se plonger dans les textes ou dans leur Univers III. Finalement, en peu de temps, les parisiens empilent les concerts et s’imposent par la puissance de leur musique.

 

Ce sont les deux éléments dominants, la place laissée au temps (j’y reviens de suite) et la puissance dégagée.  Même une écoute distraite – à considérer que ce soit possible – laisse transparaître la virulence frénétique du groupe. Dans un style flamboyant, ils reprennent des ingrédients du hardcore (plutôt post) et toutes les scories noires délivrées dans le Metal abyssal pour en extraire leurs pépites brutes. Le magma rougeoyant attendant d’être agité. En ce sens « Mile End » qui ouvre la plaque en est la pure représentation.

 

Le temps est une donnée primordiale dans la musique de Revok. Il est impératif que chaque titre-épisode ait le temps de mûrir. Rien que pour la tension entretenue, il serait difficile de délivrer le tout en une prise en fin de répète. On parle de composition, dans tous les sens du terme. L’imbrication des parties rythmiques, le jeu des deux guitares sœurs, entremetteuses de climax et la gorge de Fab, vecteur de toutes les tensions, épreuve-test de la copie carbone des textes écrits par Alex et de ses images qu’il développe durant les shows. Il faut du temps aussi pour que cette association d’individus devienne – littéralement – Revok.  C’est de cela qu’il s’agit, lorsque la plupart des groupes interprètent leurs morceaux, eux, se mettent au service de l’entité.  Il y a un avant et un après concert/répète/enregistrement, une alchimie physique visuellement présente s’opère.

 

Ils ont pris le temps donc pour réaliser ce deuxième album,  presque 4 ans. Certains se sont défoulés dans Do You Compute, le combo ou Greg le patron du label Rejuvenation Records tient la basse,  Fab se la joue Animal et Cyril la guitare d’autres ont plongé dans la musique classique, MicHell est compositeur et pianiste pour Les Fragments de la Nuit, il a activé un projet pop Lolito. Jérome joue dans Brume Retina. C’est aussi à travers leurs groupes annexes que l’on mesure leurs influences et que l’on mesure le temps passé.

 

La puissance est l’autre caractéristique propre aux disques du combo. Qu’elle soit en toute linéarité dans les EP’s, en dérapage noisy dans Bad books and empty pasts ou en pleine mesure dans ce dernier effort. A défaut de jouer le plus fort possible, le sextet joue le plus intensément possible. Grief is my new Moniker impose d’emblée cette sensation qui prend possession de l’auditeur. Clairement, le groupe a pris une dimension supérieure avec cet album. Si le précédent avait la vertu d’être le passage naturel pour que le groupe écume les scènes, GIMNM reprend les éléments développés depuis « Cranex 350 » (leur première composition présente sur Biocarbon amalgamate), cette tension noire délibérément addictive. « Tunnel » atteint des sommets dans le genre, le titre, faux-frère de « The day » sur l’effort précédent, provoque le choc névrotique nécessaire pour nous convertir. Autre morceau de bravoure, « Somewhere between nowhere & Goodbye », en respectant toute la logique du groupe sur scène, c’est le moment où Fab quitte son apparat d’humanité pour plonger dans les limbes frénétiques, puissant ! Sur le plan du jeu, tous les éléments sont bien à leur place, des silences aux déflagrations, rien ne manque. La basse en squelette, la batterie en muscle, les guitares en nerfs, en final l’énorme sentence « The Glowing edge » semble venir d’une autre dimension.

 

Grief is my new Moniker, -le grief est mon nouveau pseudonyme- forme un tout, loin de la plainte supposée sur la condition humaine, les thèmes abordés étant plus étendus. Même si la constante linéaire est toujours marquée, certains parleront aussi de cohérence,… -Echoes of the future reverberate on the surface of our lives- … où comment écrire un album sur la condition humaine, ses doutes, ses travers, les choix indéfendables. A la plainte s’ajoute la critique et une certaine ironie.

Pour les distraits, Revok est un grand groupe, une entité à part dans le monde du rock dur. Une expérience à vivre aussi absolument. GRAND !

photo de Eric D-Toorop
le 14/04/2011

10 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 14/04/2011 à 09:30:50

Excellent album, l'évolution de REVOK est impressionnante au fil des ans.

Learocknroll

Learocknroll le 14/04/2011 à 11:21:20

Revok ne quitte plus mon Ipod. Leur concerts incroyables notament avant-hier à la Miroiterie.
Réponse à Pidji : c'est vrai qu'ils evoluent trop bien, on les voit pas sur des plus grosses scènes ou festival. C'est un choix ???? Parce que le son à la Miroiterie, bah franchement bof dommage.
note pour le chronikeur : traduction du titre "google" : http://translate.google.fr/translate_t?hl=&ie=UTF-8&text=grief+is+my+new+moniker&sl=en&tl=fr#
"la douleur est mon nouveau surnom" Je pense que c'est plus ça !

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 14/04/2011 à 11:28:23

wé Google... mais pour moi les deux se valent. Le grief (la rancoeur) ou la douleur ... c'est un choix.
ta phrase sonne mieux que la mienne mais pour le sens, je pense que l'on peut se permettre les 2 interprétations ?
Je demanderais aux intéressés.
Merci de le faire remarquer

Kurton

Kurton le 14/04/2011 à 16:42:22

Bon il va falloir s'y mettre...

vkng jzz

vkng jzz le 20/04/2011 à 16:40:29

ya deux trois titres vraiment super bons, sinon le reste est bien mais sans plus :o pas la claque attendue. a réécouter en profondeur quand même avant de crier au loup...

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 20/04/2011 à 18:45:40

Revok, c'est sur scène vraiment... que ça prend.
Pour moi, c'est clairement leur meilleur sortie discographique, un ensemble bien cohérent, solide...

beyondHELL

beyondHELL le 29/04/2011 à 20:56:30

Il faut ecouter plusieurs fois avant de rentrer vraiment dedans et une fois qu'on y est on devient un revok addict !!!!!!!!!!!!!!!!
vu live dans un appartement (oui t'a bien lu) c t ENORME

beyondHELL

beyondHELL le 29/04/2011 à 20:57:53

MA NOTE : 10/10 alors que si javais noté a la premiere ecoute jaurai surment mis 4 !!!!!!!! faut insister

ssstanli

ssstanli le 05/05/2011 à 22:24:23

Je l'ai reçu hier il sonne de la mort le truc
bravo ! Et Beyond HEll j'ai pas eu besoin de l'ecouter 10 fois pour rentrer dedans, ça m'a pris direct au tripes, les ambiance qu'ya ça tuuuuuue et les riffs de fous ! Et je parle ^pas de la voix de fou, enfin bon ça tue ça tue ça tue, ils vont devenir super gros ou sinon j'm'y connais pas !

Helloween

Helloween le 15/11/2012 à 15:15:05

je viens de me le remettre : c'est vraiment l'enfer sous terre, sur terre, et dans le ciel ce disque.
Bestial.

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