Rome Buyce Night - Ann Arbor

Chronique CD album (39:10)

chronique Rome Buyce Night - Ann Arbor

Ann Arbor est l’une des rares villes américaines qui a légalisé la possession de petites quantités de cannabis pour usage personnel, elle est aussi, durant un temps le siège des White Panthers, l’extrême-gauche américaine. Elle se résume à un gigantesque campus porté sur les études en hautes technologies implanté dans des hectares énormes de forêts.


Rome Buyce Night me fait penser aux groupes qui, en live, ont toujours le manque de bol d’être mal programmé. A 18h quand il n’y a personne (parfois 16h). En avant-soirée, quand la majorité du public va s’écluser au bar ou sort fumer une clope. Pour peu que ce jour là, leur prestation soit mal perçue, statique, en retrait… Ça donne la hargne, ça donne la gnaque aussi. Depuis 10 ans, ils ont de quoi raconter !
Ann Arbor est le sixième album du groupe nantais, septième effort discographique si l’on compte l’EP "Petit Intérieur" de 2001. Le premier sous la forme d’un quatuor puisque Jérome Orsoni (O ! Jérome) apporte ses guitares aux nouvelles compositions.  Le disque a été enregistré, mixé et mis en forme en 6 mois pour 6 titres marquants.


D’entrée, "The Red Diag" apparaît comme LE titre du disque. Un écho, une basse massive, une voix crépusculaire annoncent une vague toute en digression puissante et psychédélisme. Des guitares lourdes entendues chez Chris Goss, une rythmique étonnamment élastique (presque dansante) amorcent la traversée du désert… Vers la sortie. Couplé (au passage superbement mixé) à "The Unit Scale of Rock" ce premier bloc de 17’56’’ nous assène un grand coup dans le flanc, il met la barre très haut. Expérience hallucinante  (au sens premier) pourtant en écoute pépère au salon !
Grandchamp des Fontaines, où se trouve leur local, a dû vibrer, trembler, peut-être vaciller, face à la force de frappe de ses enregistrements. On a l’impression que le groupe cherche à se surprendre dans chaque titre. L’ensemble reste cohérent. Le quatuor sait que l’on n’invente plus rien en rock depuis 30 ans. Les chemins sont connus, restent les voies de traverses.


Après le trop post-rock (dans la forme) "The Foam Theater", RBN remet le couvert avec  "The Multiples Scale(s) of Rock", petit traité du Krautrock en règle, soit une robotisation organique des structures rock. Un délicieux parfum early sixties irradie de ce subtil track. Deuxième morceau de bravoure du quatuor qui marque la vraie rencontre, sans parole, entre David Allen et Mark.E.Smith. Oui cette plage instru(mentale) pourrait figurer sur n’importe quel album de THE FALL et même de GONG.


Ça fait du bien de constater que les responsables de DMUTE  (Guillaume Collet et Jérome Orsoni) prennent plaisir non seulement à écouter et décortiquer des tonnes de disques mais à en extraire une substantielle essence pour tracer leur propre identité, plutôt que se contenter d’un facile copier/coller.  L’excellent "2 millions et demi de secondes", inspiré de Samuel Beckett, clôture presque cette très belle pièce. Assurément, le disque de référence du groupe.

photo de Eric D-Toorop
le 08/07/2010

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