Satyricon - Deep Calleth Upon Deep

Chronique CD album (43:29)

chronique Satyricon - Deep Calleth Upon Deep

Les 2 Norvégiens de Satyricon, Satyr (chant-guitare-composition) et, non pas Icon, mais, Frost (batterie), ont LEUR son. Pourtant, en comparaison, leur premier et dernier album n’ont ni la même approche ni le même rendu, mais c’est tout au long de leur discographie qu’ils l’ont fait évoluer pour l’affiner. Même avec quelques modifications-expérimentions en chemin. Ils ont peu à peu imposé leur « heavy » mid-tempo (à l’instar d’un Immortal deuxième période, d’un Forgotten Tomb ou même d’un Bolt Thrower) ainsi que leurs « mini-mélodies » (idem) tout en valorisant - sur disque - le brut de la formule « duo » batterie-guitare-chant (à contrario d’Inquisition, également un duo, qui eux le valorisent en live). Avec le temps ils ont développé un metal différent qui puise autant dans la force du black que dans le rythme du rock. Jusqu’à pointer, par-ci, par-là, quelques titres-tubes aux refrains très calibrés populaires. Deep Calleth Upon Deep ne déroge pas à cette règle et sera la juste continuité et la variation des deux (très réussis) précédents The Age Of Nero (2008) et Satyricon (2013). Mais, après ces quelques années d’attente, peut-être en attendions-nous davantage.

 

Pour les mauvais points, au léger manque d’originalité - au regard de la capacité du groupe à l’être - on trouve dans ce nouvel album, un peu comme sur le Now, Diabolical de 2006, des titres limite en roue libre. Pas vraiment mauvais, mais certainement pas excellents, donc, aux portes de l’ennuyeux. Sont-ils pris dans le fameux « trop de mid-tempo tue le mid-tempo », ou est-ce la combinaison avec des lignes mélodiques à la guitare qui ne sont pas très inspirées, ou, enfin, est-ce la comparaison avec des titres sur le même album qui eux sont terribles. C’est sûrement les trois. C'est les trois. La faute à des morceaux régulièrement trop longs. Plusieurs d'entre eux sont trop étirés, peut-être au-delà de leurs capacités. Ainsi "Blood Cracks Open The Ground", malgré de très bons passages, est trop tiré sur la longueur, avec une longue mélodie guitare - entre couplets - et même plusieurs autres, tout sauf entrainantes. Sur 5 minutes, 2 auraient pu être coupées.

"The Ghost Of Rome", on peut trouver le rythme entrainant, avec cette surprenante intro très « indie-pop », mais il donne l’impression qu’ils en font trop. À nouveau que c’est un peu tiré par les cheveux. À cela il récupère une voix fantôme/effet de synthé en fond, déjà utilisée sur le morceau juste avant. Étrange d’avoir ré-utilisé avec flagrance ce son/effet sur deux morceaux à suivre. À la limite, c’est un morceau « sympa ». Mais franchement, un morceau « sympa », ce n’est pas exactement ce que j’étais venu chercher sur un nouveau Satyricon.

"Dissonant" lui n’en fait pas des caisses, mais, mais, bon, il ne se passe pas grand chose. Sixième morceau (sur 8), dans cet ordre on ne sait plus si on peut l’apprécier on si l’on sature déjà de l’écoute de l’album. L’utilisation de la trompette dans l’intro où l’urgence des couplets avec la double en action auraient pourtant dû rendre le morceau intéressant.

 

Pour les bons titres, il y a le "Midnight Serpent" d’ouverture, qui, un peu comme "Commando" sur The Age Of Nero, attaque d’abord l’auditeur, pose le noir comme couleur de fond et Satyr comme grand impérateur. On pourrait certes déjà regretter qu’il ne soit pas davantage expéditif et ne tienne pas en pleine vitesse du début à la fin, qu’ils aient déjà calé une partie en mi-régime. Il pose justement le décor de l’album à venir.

"Black Wings And Withering Gloom", même avec sa partie en trop (troisième quart du morceau) offre de bons passages, de bonnes accélérations, de bons riffs. On écoute.

 

Pour les très bons, "To Your Breathren In The Dark" pourrait être le number one. Par plusieurs passages, surtout niveau refrain, il rappelle le fantastique "Our World It Rumbles Tonight" du précédent album. Noir, pas très rapide, il est même encore plus lent, puissant, gros appui bien ciblé de la double pédale sur l’ensemble, il place Satyr en chef guerrier, imposant, que l’on imagine bravant houles et tempêtes. Ou tout simplement regardant la pénombre tombée sur les terres brulées du champs de massacre. Un morceau magnétique, une mélodie vocale qui vous colle au corps.

Le morceau éponyme est également une réussite. Le jeu de batterie se distingue également. Les différentes parties du morceau s’enchaînent naturellement. On pourrait se dire que la voix fantomatique/effet de synthé en fond de refrain est de trop, ou que la ligne mélodique, également sur le refrain, en fait un peu trop, mais non cela fonctionne. Le morceau s’inscrit dans la recherche de titres-tubes qu’ils sèment maintenant régulièrement sur leurs albums.

Et puis on s’arrête un peu là pour le positif de l’album. Certes la production est bonne, moins propre que sur le précédent, et tout aussi puissante, mais là encore rien de spécial à en dire qui permette au disque de, positivement, se démarquer.

 

Donc, pour résumer, des titres peut-être trop longs, trop chargés de plans, trop compliqués, avec des mélodies pas tout le temps inspirées... Ça marche ou ça ne marche pas.

 

Si je ne suis pas coutumier du « titre par titre » comme je viens de - à peu près - le faire, étant donné la déception de ce "Deep Calleth Upon Dee", j’espérais - par cette approche - identifier un « mauvais » ressenti. Mais non, je maintiens, ce nouvel album porte en lui les graines de la déception. Satyricon en 2013 était tellement original, différent, tellement bon, qu'on aurait espérer voir d'autres - nouvelles - portes s'ouvrir…

photo de R.Savary
le 13/11/2017

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/11/2017 à 13:03:59

Bolt-Thrower : SuperGigaMéga Heavy mid-tempo

Xuaterc

Xuaterc le 13/11/2017 à 21:10:52

Comme les précédents, je l'ai trouvé particulièrement chiant. Je n'ai rien contre le mid-tempo, mais il faut des riffs, des mélodies, quelque chose...

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