Seeds Of Mary - Choose Your Lie

Chronique CD album (59:36)

chronique Seeds Of Mary - Choose Your Lie

Il y a des fois où l'on se laisse embringuer dans des concerts pas prévus pour trois sous. Des petites formations, dans des petits bars puants, le tout pour un droit d'entrée minime s'élevant à une petite poignée d'euros. Franchement, ce genre de trucs, c'est toujours sympa de temps en temps. C'est underground, c'est une belle fête entre potes qui n'ont pas d'excuses financières pour ne pas suivre. Le souci, c'est qu'au niveau des groupes, des prestations et du lieu pas forcément propice à une bonne mise en son, c'est un peu la loterie. Alors quand on tombe sur une bonne surprise lors de ce genre de tribulations, on la chérit comme il se doit. Et surtout, une fois la bonne claque mangée dans les dents subie, on se dirige vers le stand de merch' et on achète illico le skeud contenant ce qui nous a tant fait vibrer pendant 30/45 minutes de show. C'est exactement ce qu'il s'est passé avec les Bordelais de Seeds Of Mary qui n'était pourtant pas la tête d'affiche de l'événement. Et à en voir l'engouement de l'assistance, aussi modeste soit-elle par rapport à une vraie salle de concert en bonne et due forme, je n'étais pas forcément la seule. Alors, certes, ce souvenir date un peu mais comme on dit : mieux vaut tard que jamais.

 

Le plus risqué avec ce genre de découvertes, c'est de se retrouver déçue à l'écoute des versions studio. D'autant plus dans le cas des Seeds Of Mary s'inscrivant dans une mouvance rock énergique qui prend tout son sens sur les planches. Ce que le combo français fait d'ailleurs très bien. Et ce ne serait pas la première fois que ça arriverait à votre serviteur qui garde toujours de froids souvenirs de la plupart des escapades discographiques d'un certain Headcharger alors que leurs concerts n'ont jamais défailli au principe qu'on passe toujours un très bon moment en leur compagnie. Et si Choose Your Lie, leur premier effort long format sorti l'année dernière, fait un peu craindre d'obéir à cette même malédiction à cause d'une production manquant cruellement de pêche par rapport à l'énergie que leurs géniteurs savent insuffler à leur musique, on finit vite par oublier ce sombre constat. C'est bien simple : écouter Seeds Of Mary, c'est s'offrir une bouffée d'air frais parmi toutes ces effusions modernes de machin-post-core, de rythmiques hachées et déstructurées djentiens. Mettre Choose Your Lie dans son lecteur, c'est comme si Doc et Marty déboulaient avec leur Delorean dans notre piaule et nous engouffraient dedans afin de remonter le temps de deux bonnes décennies.

 

Cette époque où Seattle était baignée dans une révolution musicale où des jeunes pouilleux un brin junkie affublés de chemise à carreaux et jeans déchirés se sont dit que ça pourrait être cool de s'improviser musiciens de rock sans même n'avoir jamais touché à un instrument ou utiliser leurs cordes vocales justement. Le grunge donc. Mais pas forcément vers celui distillé par Kurt Cobain et compagnie, il faudra plus se pencher vers celui plus metallique d'Alice In Chains. D'ailleurs, on ne s'y trompera pas dans l'influence lorsqu'on sait que Seeds Of Mary est né des cendres d'un autre groupe nommé D.I.R.T. , plus que frappant et révélateur. Et que Jérem, le vocaliste de la bande bordelaise, possède un timbre rappelant un peu celui du regretté Layne Staley pour enfoncer le clou. Par ailleurs, il serait réducteur de dire que les Girondins s'arrêtent à une simple interprétation faisant hommage au grunge puisqu'on peut discerner dans leur musique un soupçon de hard rock à la Guns'N Roses, notamment dans certains chœurs. Le tout relevé de quelques touches très Pantera dans le groove et sonorités de gratte. Même si bien entendu, on est loin d'atteindre la même agressivité.

 

Mais en résulte en Choose Your Lie un disque à la fois frais et nostalgique. Un peu contradictoire dit comme cela mais qui s'explique facilement par le fait de revisiter des codes d'un style passé paraissant aujourd'hui parfois désuet en piochant à droite et à gauche des éléments d'autres style de cette même décennie 90's afin d'obtenir un résultat qui ne manque pas de panache. Direct, simple et immédiat, nul doute que les morceaux viendront s'enfoncer dans les boîtes crâniennes rapidement (allez prêter une oreille à « God And A Gun » et vous allez voir si vous n'allez pas vous laisser emporter par son refrain ravageur). L'énergie de leurs géniteurs venant contrebalancer le manque d'originalité et d'audace, même si on leur reconnaît le fait salutaire de ne pas être tombés dans la facilité de mâtiner leur grunge/rock avec du stoner comme il s'en fait tant aujourd'hui, notamment dans l'Hexagone. Car les codes sont là, respectés à la lettre comme récités par de bons élèves studieux. Mais pas les binoclards hautains, insupportables et lèches-boules que les mauvais garçons aiment à chambarder. Non, ces têtes plus modestes et discrètes se planquant derrière une étiquette d'élève moyen qui doivent leur réussite par la volonté de bien faire. Ce qui se ressent d'autant plus lorsqu'on voit Seeds Of Mary sur les planches. Ce que je vous invite chaudement à faire.

photo de Margoth
le 05/01/2017

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