Shining (nor) - Animal

Chronique CD album (37:35)

chronique Shining (nor) - Animal

Allez, on va le dire d'emblée : je suis une grande adoratrice de Blackjazz et One One One des Norvégiens de Shining (nor). Quand bien même je n'ai pas forcément pris le temps d'écouter le petit troisième, qui partait apparemment sur des sentiers autrement plus accessibles, je me suis dit qu'il fallait quand même que je rattrape un peu les choses en me penchant sur Animal, voir de quoi il retourne de cette fameuse mutation musicale qui en a fait jaser plus d'un chroniqueur sur la toile. L'année dernière, j'avais bien eu un aperçu en live de la direction à laquelle Shining (nor) se destinait pour son futur. Deux nouveaux titres qui m'avaient laissé quelque peu perplexe sur un plan strictement musical, l'ambiance scénique survoltée faisant que la pilule passait bien mieux. Mais qu'en est-il en dehors des planches, un an après, avec tout le reste de la galette entre les mains ?

 

Eh bien, comme craint, ça ne va pas du tout ma bonne dame ! La jaquette fluo digne d'un groupe de synthwave laissait un peu présager du pot-aux-roses fumeux qui s'affiche devant moi. Et n'allez pas croire : au final, la mutation musicale – que ce soit vers quelque chose de plus simple ou plus complexe – en tant que telle chez un artiste n'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de condamner. Non, là, ce qui me chagrine, c'est qu'elle ne me semble absolument pas pertinente dans ce cas précis.

 

Vouloir adoucir sa base de metal indus' pour quelque chose de plus « commercial », frisant parfois l'électro-pop, c'est une chose. Faire l'impasse complète de tout l'aspect jazzy jusqu'à s'affranchir complètement de saxophone, qui étaient pourtant le fer de lance des débuts des Norvégiens en revanche, la sauce est beaucoup plus difficile à avaler. A comprendre, pour quelqu'un comme moi qui était très attachée à ces aspects, d'autant plus que c'est bien dans ces vieilles attaches dans le répertoire du combo qui remportent tous les suffrages en live aujourd'hui encore. Et que nul doute que si ce revirement de situation avait intégré ces ficelles de débuts de carrière dans cette tambouille hyper léchée, pailletée « plus 80's tu crèves » et consensuelle, Animal aurait gagné en intérêt. En conservant une certaine cohérence vis-à-vis de son parcours, tout en se permettant de renouveler un style un brin désuet – où presque tout a été dit finalement – revenu à la mode de manière un peu inexplicable. Pour lequel, je n'ai rien contre tant j'apprécie des Carpenter Brut ou des Perturbator.

 

Mais pour le cas de Shining (nor), rien n'y fait, je n'arrive pas à rentrer dans le délire tant Animal se complaît à tomber dans des carcans et gimmicks qui me sortent pleinement par les yeux. Entre les choeurs à la Bring Me The Horizon sur « Smash It Up ! » et les nappes de claviers franchement discutable de « Fight Song », il y a de quoi hérisser le poil. C'est d'ailleurs un fait global à l'album : la surenchère d'effets qui englobe tout sur son passage se montre particulièrement désagréable et laisse totalement sur le carreau tous les musiciens qui tentent de jouer en toile de fond. Des choses trop simples et indignes de la technicité qu'ils nous avaient montré dans le passé. Et on aura beau reconnaître des sonorités utilisées par le passé çà et là (sur One One One notamment), reconnaître les hurlements emblématiques de son frontman à plusieurs occasions (« Animal », « My Church »...), rien n'y fait : Shining (nor) déçoit et crève littéralement le cœur.

 

Les Scandinaves se sont donc totalement métamorphosés sur Animal. Et nul doute que de la même manière, on sentira une mutation significative du côté de son public. Exit jazz et saxo, place aux frasques dansantes et sautillantes servies par du refrain (trop) facile davantage poppy que metallique. De la débauche de clavier 80's kitsch et d'effets en veux-tu en voilà. Et des licornes et des paillettes dans la face au passage. Nul doute qu'il trouvera bien de nouveaux partisans, avides de ce genre de délires qui enflammeront le dance-floor et la tonnelle du Macumba pendant les festivals metal estivaux. Ce sera sans moi, tant il n'y a plus grand-chose de Shining (nor) à mon goût...

photo de Margoth
le 14/12/2018

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