Sneaking Past Dogs - Blood Orphans

Chronique Maxi-cd / EP (19:59)

chronique Sneaking Past Dogs - Blood Orphans

Il en va de la musique pour le glouton metallophile comme des amitiés nombreuses pour la personnalité extrêmement sociable: loin des oreilles / des yeux ne signifie pas forcément loin du cœur. Car il est des formations / connaissances que l’on apprécie tout particulièrement, mais que l’on peut passer plusieurs années sans croiser. Parce que c’est comme ça, on se fait avaler par le quotidien, des obligations diverses, sans parler de l’impressionnante quantité de nouvelles sorties / personnes rencontrées quasi-tous les jours sur notre route. Pourtant, quand celles-ci se rappellent à notre bon souvenir via un sms, une invitation ou un promo, c’est la teuf: yeeeeees, on va enfin se refaire une bouffe avec Bruno / se cajoler les oreilles avec Sneaking Past Dogs!

 

C’est que les Suédois dont il est aujourd'hui question nous avaient sacrément bluffés en 2013, avec leur exceptionnel album éponyme – qui se déguste avec couverts en argent et grand cru de Bordeaux millésimé, pas moins. En 2016, Dhumasaurus nous rappelait via 4 nouveaux titres que la pratique de l'esquive de molosses (traduction approximative de leur blaze) est un art noble, et que trois ans ne devraient pas suffire à rendre cette vérité caduque. Toutefois les oiseaux de mauvaise augure qui tournoyaient au-dessus de notre casque ne manquaient pas de souligner que 2 titres bonnards sur 4 c’est bien beau, mais ce n’est pas ce que l’on appelle communément un carton plein. Et de persifler en mode « 3 ans pour seulement 2 titres convaincants… Ça ne sentirait pas un peu le pâté tout ça? ».

 

Heureusement, le nouvel EP 4 titres (Patron, tu nous remettras la même!) Blood Orphans allait remettre les pendules à l’heure…

 

… Ou pas.

 

Car si l’on s’amuse à relier les points correspondant à la cote d’amour enregistrée par chacune des 3 sorties de Sneaking Past Dogs auprès d’un panel représentatif de moi-même, il faut reconnaître que si la courbe qui se dessine ne varie que doucement, la pente affichée est malheureusement descendante.

 

« Progressif sans être tortueux, avant-garde sans être arty, multiple tout en étant cohérent, aventureux sans être Nawak, Sneaking Past Dogs c’est fin, intelligent, jouissif… »

« … l’exceptionnelle aptitude du groupe à pondre des refrains tous plus évidents et sexy les uns que les autres »

C’est ce que j’ai pu écrire et penser de la musique du groupe par le passé. Sauf que désormais les compos de Sneaking Past Dogs sont plus tortueuses que jouissives, plus tièdeusement molletonnées qu’aventureuses, et que les refrains n’ont plus ces formes aussi irrésistiblement sexy.

 

C’est plutôt cet extrait de la chronique de l’EP précédent qui fait à présent tout particulièrement écho aux compos nouvelles: « Car ces morceaux vont de déséquilibres savants en attentes, de frustrations voulues en points de suspension, sans malheureusement jamais atteindre cet état de libération jouissive où l'on se débarrasse enfin des lourdes charges pesant sur tympans et épaules pour s'en aller siffloter au milieu des séraphins… ».

Blood Orphans est en effet un concentré de mid tempos trébuchants, de mélodies sinueuses et de riffing alambiqué pouvant s’avérer par moment franchement contre-productifs. En bref le groupe s’emploie plus à créer des nœuds mélodiques qu’à extraire l’auditeur de ces moments entre-deux-eaux franchement frustrants. Pour autant la personnalité du groupe n’a pas changé: fin, moderne, velouté, partagé entre un chant « gruntcore » gentiment abrasif et des suppliques de gendre idéal, le Metal progressif ici proposé conserve ces caractéristiques qui avaient su séduire l’amateur des sorties précédentes. L’atmosphère est néanmoins désormais plus souvent colorée de spleen, d’avancées en crabe, voire même de langueurs « Southern » et de nuances psychédéliques (sur les 2 derniers titres notamment). Et au moment d’évoquer les gros absents de cette cuvée 2018, on ne peut éviter de mentionner les tubes et autres refrains irrésistibles. Ce qui pèse lourdement dans la balance, au final…

 

Mais la déception ne doit pas masquer le plaisir pris à l’écoute d’un « Guise » relativement dynamique et sachant maintenir l’intérêt, et plus généralement à l’écoute de ces morceaux onctueux et émoustillant agréablement les papilles comme une mousse de marrons subtilement équilibrée. N’empêche, il ne faut pas non plus se mentir: l’intelligente explosion de saveurs espérée n’est pas au rendez-vous. Alors qu'on attend bien plus de Sneaking Past Dogs que de simplement « faire le job »…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec Blood Orphans, les amateurs de Metal progressif moderne (mais non djenteux) et intelligent vont avoir une nouvelle occasion de savourer cette musique raffinée, délicate et subtilement tortillonneuse qui les branche tant. Problème: là où Sneaking Past Dogs  savait également séduire les amateurs d’aventures musicales singulières mais pas dénuées d’accroche, il ne lui reste aujourd'hui plus vraiment d’arguments pour aller racoler les masses nawakophiles et les amateurs d’Avant-Garde Metal qui fait claquer des doigts. En même temps vu les effectifs réduits que l’on évoque ainsi, on comprend que le groupe ne se soit pas fatigué à respecter leur cahier des charges…

 

photo de Cglaume
le 14/01/2019

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