Sons of frida - The Bulgarian Lp

Chronique CD album (38:21)

chronique Sons of frida - The Bulgarian Lp

Après 2 EP’s, 25 DAYS’(2004) et ‘Toboggan’(2005) un peu timides et le référentiel THE WHITE FACE OF ALISON K.(2008),  « Les » Sons of Frida passent la vitesse supérieure avec leur nouvelle production THE BULGARIAN LP.


Annonçons le tout net, les parisiens réalisent un tour de force avec cette plaque tellurique qui devrait marquer les esprits, si nous ne vivions pas dans un monde enclin à la surdité aveugle.


« Ils ont mis le turbo » fut la première réflexion entendue à la première écoute. Votre humble serviteur a décidé ce jour là de faire bénéficier sa douce de sa découverte. "The Street" qui ouvre les hostilités porte les stigmates du groupe qui se lâche et s’apprête à balancer un gigantesque fuck  à l’industrie musicale engourdie. Ses armes : la collusion-réactivité entre Amadéo Pace (Blonde Redhead) et Lee Ranaldo. Oui, il s’agit bien de noise-rock ici messieurs-dames. Noise ET Rock. Les 2 constantes accompagnent les 36 minutes et quelques de ce brûlot réactif. "The Street", un pas dans le jeunisme 90’s insouciant, un pied dans la mélodie jazzy décharnée. Jay Mascis va adorer reprendre ce morceau sur scène et Lou Barlow aussi ! Sonic street is just movie to her !


Dans la même idée de mélodie bancale presque lo-fi, "Burn" s’affiche comme une pop song branlante mais soutenue. C’est avec ce titre que l’on comprend l’hésitation des 2 premiers Ep’s. L’idée de ne pas vraiment y aller. Sauf qu’avec le temps, la maturité du groupe, ils peuvent se permettre de travestir toutes hésitations en mélodies implacables et sensibles. La partie cuivre, bien sûr ajoute cette chaleur qui habille généralement les grands titres un peu hors du temps.


Arrivés à un tel niveau de maîtrise de leur sujet, les Sons of Frida se laissent aller le temps d’un "Quiche" punkoïde aux relents DC hardcore. Un morceau hommage, en répète, on appelle ça un morceau de décrassage. En moins de 3 minutes, ils se permettent encore une digression de sortie de fort bonne facture.


L’énorme "Six and half" tombe dans nos esgourdes affirmant derechef le propos Noise et Rock du combo, sa valeur mélodique, sa force de frappe (la batterie) son intensité aussi (la basse). Un mètre-étalon chez SoF. Le chant atteint une mélancolie rare, titre imparable aux digressions soniques toujours « jeunes ». L’état bulgare après avoir été sous dépendance turque s’émancipe pour laisser place à une culture bigarrée. Le parallèle est de mise dans ce 6 et ½  où le groupe montre sa personnalité.


"Molly Spencer", vrai-faux morceau est la seule respiration (aux intonations balkaniques) du CD. Tout en cuivres et percussions.


"Beefdealer" se défait une bonne fois pour toutes des espoirs post-rock. Le ton est à la new-wave 80’s (la basse), la timidité a disparu pour de bon, les guitares rugissent. Ah cette montée de flange ! Ah si seulement  Jesus and Marychain avait persévéré plutôt que sur-jouer et se prendre les pieds dans le tapis bruitiste…On y retrouve une marque de fabrique des parisiens, le temps. Le temps d’installer les choses à leur place, le temps de créer un climat.


Je m’attendais un peu à tout pour le final du disque. "Cut the house(music ?)" est finalement la voie la plus ouverte pour Sons of Frida pour marquer son départ. On y retrouve cette notion temporelle (spatiale aussi), cette précision mélodique, cette répétition lancinante, ces digressions furibardes et un subtil clin d’œil à Molly Spencer.


L’écoute attentive de cet album apporte une couleur rouille à des espaces-temps de vie. Chaque titre a une place bien à lui, une philosophie d’une certaine maîtrise musicale. La timidité d’autrefois laisse la place à l’hésitation calme. Des arrêts sur images sépia dans la frénésie du quotidien aux coups de boutoirs salutaires et décisifs.  The Bulgarian LP est un album complet dans toute sa mesure. Une pièce maîtresse dans la carrière d’un groupe. Sons of Frida vous joue Sons of Frida.
Chapeau bas, Messieurs.

photo de Eric D-Toorop
le 01/07/2010

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