Steno P - L'esthétique des blocs

 

Derrière ce nom de prof de maths se trouve le personnage récurrent du groupe Steno.P, français lambda de classe moyenne, bref, un homme ordinaire.

A la fois spectateur et acteur de tout ce qui ne va pas dans notre société.

Steno. P est un groupe qui a beaucoup à dire, à critiquer, à détester. On ne peut pas nier, il y a de quoi s'occuper... Le risque étant de basculer dans le discours démagogique, d'où l'art de l'écriture.

 

Que l'on aime ou pas le style, le rap demande un sérieux talent que Steno P. a partiellement pu acquérir pour une musique partiellement rap.

Il y a des loupés et on tombe dans le piège des grandes phrases sur les grands combats ou les petits agacements de la vie.

Dans le phrasé ou plutôt le flow, certaines lignes de chant provoquent quelques levées de sourcils. Quelques passages maladroits, des pirouettes pour faire la bascule d'un groupe qui fusionne hip-hop et rock/métal ne sont pas du meilleur goût, mais en général le groupe s'en sort plutôt bien.

Il faudra tout de même supporter une phrase en boucle sur "Ecologue" qui gâchera quelques soirées puisqu'elle reste en tête pour les heures suivantes.

 

Avec un peu de recul on découvre que Steno P. mène bien sa barque en mordant la frontière des deux styles musicaux frères ennemis. Le ton peut être grave ou léger, mais dans tous les cas cette fusion fonctionne bien.

La cohabitation des genres n'est jamais chose aisée et si les deux marquent clairement leurs empreintes, les allers-retours rendent le contenu très équilibré.

 

On peut trouver dommage que des pistes telles que "Patientez", terriblement caricaturales dans les mots comme dans la mélodie (musique d'attente), existent encore. 

C'est d'ailleurs le cas avec les paroles de "C'est ton tour" qui peuvent prêter à sourire mais qui en font trop.

 

Ce sera le dernier reproche que l'on pourra faire à des Steno P. qui ne ratent pas complétement le coche et qui affichent de sérieuses qualités pour une première sortie qui date de 2009.

 

On saluera donc l'audace...