Stress Test - Stress Test

Les têtes à claques Trump et Vance transforment les USA en ce pays de demeurés que laissait entrevoir Idiocracy. Et ce sans omettre aucune des options proposées parmi homophobie, racisme, bigoterie, conspirationnisme, éco-négationnisme, populisme et compagnie.

L’internationale capitaliste chie sur la planète.

Viktor Orbán chie sur l’Europe.

Les électeurs, quand il en existe encore et qu’ils ont véritablement le droit d’effectuer un choix, chient sur la démocratie en enfournant dans l’urne des bulletins aussi bruns que leurs étrons.

Poutine, Erdoğan, Xi Jinping, et autres autocrates du même acabit, chient sur leur peuple comme sur leurs voisins.

On ingurgite – mais ne chie malheureusement qu’en partie – des quantités dingues de microplastiques, pesticides et autres polluants plus ou moins éternels distribués généreusement par des industriels obscènement cyniques.

… En plus je me suis cogné le petit orteil contre le pied de la table à manger, BORDEEEEEEEEL !

Face à des lendemains qui chantent à ce point faux, une seule solution pour éviter de sortir dans la rue avec une kalach’ achetée dans les caves de la cité d’à côté, et tirer dans le tas : écouter Stress Test à fond les ballons, et cracher ses poumons à l’unisson.

Ce premier album de onze titres pour même pas dix-huit minutes concentre peu ou prou tout ce que la rage, la contestation et le désespoir recroquevillés en un poing vengeur ont produit de meilleur en termes de musiques électrifiées. Crust, Crossover Thrash, Hardcore Metal, Grind (je laisse mon collègue Crom-Cruach, Docteur ès Black Bloc Metal, compléter / corriger cette liste) – vous trouverez un beau panaché de tout ça sur Stress Test. C’était le minimum pour que ces quatre originaires de Portland puissent nous expliquer à quel point ils sont pissed off face à ce putain de chantier lamentable qu’est devenue l'humanité dans sa version 2025.

Ça tape fort, donc, façon brutasse qui n’a plus le temps ni la patience de discuter. Mais le large panel de styles abordés et la courte durée du missile éloignent l’impression de déjà vu comme la police « bienveillante » les SDF des sites olympiques.

« Degrees of Violence » démarre sur un « GET ON THE FUCKIN’ GROUUUUUND » et une grosse salve de pruneaux, un peu comme une version de Pulp Fiction dans laquelle Pumpkin et Honey Bunny seraient défoncés au crack et décideraient de s’offrir un gros carton sanglant en plus de la caisse. Ces vingt-neuf secondes de Crust ulcéré nous refont la peinture du sol au plafond, couleur hémoglobine séchée.

Sur « Coward », de la grosse corerie planté solidement sur ses guiboles tatouées mate le ring sur lequel un Punk clouté et un Deatheux échangent des amabilités sur fond de Thrash crusty.

… Et c’est comme ça tout du long !

Tantôt Crossover Thrash moshy et ratatinade Grind cohabitent en parfaite entente (cf. « God Sucks »).

Tantôt quelques rondeurs Rock’n’Roll s’invitent sous le blouson de cuir des iroquois (cf. « Gulliible »).

Tantôt les roulages de mécaniques Hardcore deviennent un peu trop mid-tempo et simiesques pour votre humble serviteur (« Suffer », le ventre mou de l’album, vu depuis ma lapine lorgnette).

Tantôt c’est le festival ultime du riff qui tue et de la haine primale (sur les tubissimes « Eternal Bliss », « Degrees of Violence » qu’on a déjà cité, « Something Rather Than Nothing » qui ne rechigne pas à laisser sourdre de belles mélodies chiadées, et surtout l'apothéose « It Isn’t Real », qui flirte avec les sommets les plus himalayens de l’apocalypse).

Les breaks tuent, les tempos nous laissent haletants, les guitares lacèrent, les postillons attaquent les chairs auriculaires, les institutions brûlent d’un feu purificateur : Stress Test constitue l’entraînement idéal pour former les commandos d’élite de l’Anar Special Force qui, peut-être, demain, sera le dernier rempart contre la BigBrotherocracy à qui notre imbécilité toute puissante a confié la scie qui a commencé à méchamment attaquer la branche sur laquelle nous sommes pour le moment encore assis…

Vous avez le cocktail Molotov à sec ? Distillez donc ce méchant skeud entre vos oreilles, et remplissez ledit cocktail avec le jus de haine qui s'en déversera à gros bouillons…

La chronique, version courte : vous avez la cocotte-minute qui siffle et le cocktail Molotov qui vous démange ? Ça tombe bien, Stress Test vous propose la B.O. insurrectionnelle de circonstance ! C’est peu dire que le premier album de ces Américains fait feu de tout bois (parmi les essences utilisées : Crust, Crossover Thrash, Hardcore Metal, Grind), avec pour but ultime un seul objectif : tout brûler. Et en premier lieu les salopards qu’on évite désormais de fixer trop longtemps à travers l’écran du téléviseur de peur de bousiller ce dernier en y balançant une canette, un tabouret, ou le voisin abonné à Valeurs Actuelles.

Cglaume

le 06/05/2025