SubOrbital - Planetary Disruption

Chronique CD album (43:39)

chronique SubOrbital - Planetary Disruption

Les jeunes qui trouvent que « c’était mieux avant » n’ont pas forcément comme seules perspectives la lecture de Martine tracte pour Zemmour ou l’engagement en tant que bénévole au Puy du Foutre. Ils peuvent exprimer leur rétrophilie de manière bien plus fructueuse en faisant revivre le bon vieux temps où leurs groupes préférés écrivaient de nouvelles pages de l’encyclopédie du Metal. C’est parce qu'ils suivent cette démarche que Miscreance et Gruesome nous proposent de sympathiques voyages dans le temps, direction des périodes différentes de la carrière de Death. Qu’Exhumed et Impaled continuent d'attendrir la barbaque jadis malmenée par Carcass. Qu’Eye of Purgatory – et, plus récemment, Carnation – s’en retourne avec dévotion dans la bûcheronnerie-confiserie d’Edge of Sanity. Ou que Deathswarm ressort le panzer de Bolt Thrower pour lui faire passer le contrôle technique.

 

Il semblerait par contre que peu soient ceux qui ont suffisamment aimé Pestilence pour lui vouer un culte aussi fervent (ou alors ils n’ont pas réussi à le faire savoir jusqu'ici)... Pourtant, avec des pavés comme Consuming Impulse, Testimony of the Ancients et Spheres, les Hollandais ont largement de quoi motiver une jeunesse en mal de repères. Et vu, par ailleurs, à quel point la production récente des vétérans bataves est décevante, les candidats devraient être nombreux à vouloir proposer un « digne » successeur à la légendaire trilogie.

 

Ces deux paragraphes introductifs à gros sabots masquent mal leurs intentions : oui, SubOrbital est justement de ceux-là. Et Planetary Disruption, son premier album, ne vise rien d’autre qu’à nous faire retourner en ces paysages spatio-lovecraftiens où Testimony of the Ancients et Spheres nous avaient jadis conduits. Cet éther plein de ronces techniques, ces détours mystérieusement tortueux, cette narration houleuse, ces abysses insondables, ces scintillements lointains : je vous jure, on s’y croirait ! D’autant que le registre de Mark Friedrichs ne cesse d’osciller entre ceux, jumeaux, de Patrick Mameli, Martin van Drunen et Chuck Schuldiner.

 

… Chuck Schuldiner aussi, oui. Car en effet, au-delà de la proximité des registres vocaux des uns et des autres, les Allemands dont on parle aujourd’hui – que vous aurez peut-être déjà croisés au sein de Night in Gales – se permettent d’inviter à la fête quelques autres de leurs héros. Comme Death, donc, logiquement. Mais également Nocturnus (sans le clavier), Morbid Angel et Voivod – les prétentions techniques, les galaxies lointaines et les Grands Anciens obligent.

 

Quarante-trois minutes et trente-cinq secondes, c’est la durée de ce bond d’une bonne trentaine d’années en arrière. Et celui-ci nous voit tantôt – souvent – nous frotter les mains et nous pourlécher les babines, tantôt – en deuxième mi-temps surtout – grincer un peu des dents. Côté Yin, on plonge avec délectation dans le vortex « Planetary Disruption » qui émoustille la partie lycéenne de notre cerveau (eh oui, c’est un vieux quadra qui est aux commandes de ce papier). On jubile sur un « Sands of Uranus » qui allie l’accroche et la noblesse de Testimony of the Ancients avec les vertiges cosmiques de Spheres (qui pourrait résister à la descente en piquée démarrée à 1:22 ?). On se laisse emporter par un « Sicknature of Galactic Imperium » revisitant le milieu de carrière de Death (fabuleuses floraisons guitaristiques à 0:53 !!). Côté Yang en revanche, le registre de « Stellar Explosion » s’avère plus « chardon & liquéfaction »... ou « nœuds & confusion » si vous préférez. Ce sont alors les sensations masochistes qui prédominent – pas forcément mon truc, je l'avoue. Du côté de « Consumed On Power Altars » on semble nous promettre un lourd matraquage groovy, alors on guette, prêt à kiffer… Mais la pénible progression tire en longueur, la trame s’avère trop flasque, le propos trop redondant : le tir manque la cage de justesse. Quant à « Fatal Alert » il met beaucoup trop d’œufs dans les paniers Dissonances, Avancées en Crabe, Agressions Broussailleuses et Lenteur Dépitée pour réussir à réveiller le volcan qui n’est pourtant pas si vieux.

 

Quand on prend un peu de recul, et qu'on réalise que derrière ces compos on ne trouve nullement ces généraux multirécompensés auxquels on n’a pas arrêté de se référer durant cette chronique, mais juste des 2e classe assez peu renommés hors de leurs frontières, on se dit que Planetary Disruption est un premier album assez hallucinant. Travaillé jusque dans ses moindres détails, très élaboré au niveau de l’écriture et des atmosphères, riche mais néanmoins abordable... Et aussi proche du Pestilence du début des 90s qu’il est possible de l’être sans avoir recours à une IA résurrectionniste. Dans ces conditions, quel métalleux pacifiste voudrait protester contre cette admirable Guerre des Clones ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un album de Pestilence s’est égaré entre les enregistrements de Testimony of the Ancients et Spheres. Si si. Heureusement, CoreAndCo et SubOrbital ont enquêté, et ont fini par mettre la main dessus. Cet album improbable s’appelle Planetary Disruption. Ecoutez-le, vous verrez qu’on ne vous raconte pas de salades (… ou si peu).

 

 

photo de Cglaume
le 06/11/2023

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/11/2023 à 16:14:24

C'est pas plutôt Marine qui tracte pour Zemmour ?

cglaume

cglaume le 06/11/2023 à 17:18:45

Nan c’est Marion haha

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