Taint - All bees to the sea

Taint c’est qui, c’est quoi ? Un trio Gallois acclamé, qui tente aujourd’hui de redonner du plaisir à ses auditeurs après un « Secret & Lies » ne pouvant nous faire oublier le fabuleux (et le mot est faible) « The Ruin Of Nova Roma ». Album incroyable s’il en est, aux compos et à la prod soignés, d’une fraicheur et d’une efficacité remarquables. Mais nous ne sommes pas ici pour (re)découvrir ce disque ensemble, mais le retour du groupe d’Outre-Manche en 2009 avec cet Ep à l’artwork charmant, composé de 4 nouveaux titres et de pas moins de 7 live (de leur dernière prestation au Roadburn).

Pour faire simple, Taint évolue avec une classe so british dans un gros rock accrocheur, intelligent, flirtant avec un stoner épique. Tellement classe que le groove de Clutch, la puissance de Mastodon n’ont qu’à bien se tenir. En effet peu de groupes peuvent se targuer de faire aussi bien que ce trio, à la fois heavy, subtile, ils arrivent à nous embarquer dans des rythmes endiablés à faire pâlir Karma To Burn, des mélodies que Led Zep leur envieraient, des compos que Keelhaul se mord les doigts de ne pas avoir un jour composées avant eux. La petite épopée que nous fait parcourir ce « All Bees To The See » est tout à fait remarquable, et malgré son court format (si l’on ne compte pas les morceaux live) arrive à passer par tous ses plus beaux paysages. Du massif Despite Desolation et son dernier riff ultra catchy, au désormais classique Black Rain, au grandiose titre éponyme de 12 minutes de plaisir, Taint dresse ici une cartographie musicale d’une belle facture, où les lignes mélodiques trouvent grâce aux yeux des riffs poignants, d’une basse comme toujours claquante (un régal) et d’une batterie qui n’en finit plus de nous ravir de ses breaks. Je me permettrai même de dire que Jimbob donne comme toujours une petite leçon de lignes vocales, que les fans de Torche, Baroness et consorts (dont on a marre par leur manque complet de prise de risque) sauraient d’autant plus apprécier qu’elles ne tombent pas dans un systématisme rébarbatif.

Pour parler de la partie live, on suppose que le nombre de tubes que contient un set de Taint en temps normal dégouterait tous les groupes de Rock de la terre. Ils se sont donc contentés du plus gros carton Poison Pen Attack ! aux petits derniers Downesque de « Secret & Lies » et à un son assez abrasif et du moins cradingue, bref, à du bon gros rock qui sent des dessous de bras sur son tracteur et qui dit « Rock’n’Roll still lives in UK »

Si mes confrères des autres webzines jouent la carte de la nostalgie en prenant le pli du « c’était mieux avant » je leur dirai que cet Ep redonne du baume au cœur, et qu’on retrouve bien là la super touche du combo du Pays de Galles. Alors on pourra toujours dire que le groupe montre ici qu’il maitrise son sujet sans prendre de risque, mais quelle importance quand la qualité est là, et qu’on a envie d’écouter ce disque par tous les temps ? La recette est peut-être la même mais assaisonnée avec amour et elle est toujours aussi goûteuse et n’en déplaise à certain, cet Ep a son lot de petits délices.

Viking Jazz

le 05/11/2010