The Crown - Cobra Speed Venom

Chronique CD album (47:29)

chronique The Crown - Cobra Speed Venom

Faites une expérience simple: prenez un fan standard de The Crown – du genre dont les yeux brillent quand vous lui susurrez « Deathrace King », « Crowned in Terror » ou encore « Hell is Here » à l’oreille. Mettez-le en confiance en lui passant « Under The Whip »... Et là, soudainement, hurlez lui « Doomsday King! », ou encore « Death Is Not Dead! » au visage, en arborant un rictus sadique d’apprenti kapo. En général, la réaction ne se fait pas attendre: pâleur soudaine, yeux rouges, puis sanglots. Le fan de The Crown est comme tout le monde: il n’aime pas que ses idoles meurent de leur vivant (non non, nulle erreur dans cette phrase). Et le pauvre porte encore le deuil...

 

Peut-être mon épiderme de lapin est-il trop sensible, mais c'est vrai que la douche Doomsday King avait été tellement froide que la chair de poule chopée pour l'occasion a persisté jusqu’en 2015. Du coup j'ai carrément décidé de me fier aux dires des collègues et de zapper son successeur. M’enfin bon, bien que le line-up n’ait pas franchement évolué depuis l’album d’avant, au bout de 8 ans il faut savoir arrêter de bouder et redonner sa chance à celui qui – n'oublions pas – nous a fait connaître en son temps des nuits magiiiiiiques, une histoire d’metal, qui tourne au viral, en festivaaaal (Catherine, si tu nous écoutes…).

 

Premières secondes en selle et… ‘de dieu, c’est quoi ces cordes lugubres? Ça y est: Magnus Olsfelt et ses potes coupent définitivement les ponts d’avec leur tumultueux passé? Finis les démarrages poignée en coin?

 

Tu penses Hortense…

 

BAM! Les plus patients – c’est qu’il faut attendre jusqu’à 1:41 – ne tardent pas à se prendre une grosse blasterie furieuse en travers de la trogne. Sa mère la Hell's Angel comme ça fait du bien de se faire ainsi meuler les molaires! Fiel blacky, fûts attendris au marteau de guerre, gouaille Punk’n’Roll mauvaise, guitares qui entaillent en laissant plein de mélodie scandinave dans les plaies ouvertes… Mais quel retour en force mon cher Jean-Mi'! Et de fait, si je vous empaquette les 6 premiers titres de Cobra Speed Venom en un EP joufflu et que je vous l’offre en guise de cadeau de St Valentin, il y a de grandes chances pour que vous criiez au génie et que vous me demandiez en mariage dans la foulée. Parce que derrière la mise de feu aux poudres « Destroyed by Madness » déboule un « Iron Crown » délicieusement excessif mais où surnage néanmoins toujours une grosse couche de mélodie. Puis « In the Name of Death » fait vrombir le moteur Rock’n’Roll sous le capot Blackened Death/Thrash en n’oubliant pas un carénage épique suédois. Comme les lascars ne sont pas nés de la dernière douche houblonnée, ils ne se laissent pas enfermer dans un univers monochrome à format unique et rajoutent de la lourdeur à leur soupe pour proposer un très bon « We Avenge! » qui tape sur des bambous comme si ceux-ci avaient traité sa mère de femme de petite vertu. Et comme on est déjà a bloc, les lascars de nous proposer d’accélérer encore un poil sur un tube éponyme aussi fulgurant qu’étonnamment équilibré. C’est à ce moment précis, alors que vous commenciez à remettre The Crown dans la case « Musique officielle pour adaptation cinématographique réussie du Ghost Rider », que le groupe dégaine « World War Machine » et vous explique que sur l’autoradio du tank aussi, leur popote passe super.

 

« Ouais mais alors ce que tu essaies de nous dire là, avec tes histoires d'EP d'enfer, c’est qu’après le 6e titre le gourdin commence à piquer du nez? » 

 

Disons plutôt que de petits défauts commencent à apparaître dans la carrosserie. Parce que « Necrohammer », s’il est vindicatif et couvert de cambouis en quantité syndicale, dénote une dynamique mélodique quelque peu descendante. Ce qui aboutit à un rendu globalement plus terne, moins enthousiasmant. Et dans sa suite « Rise in Blood » – toujours à blinde hein, je vous rassure – met un peu de temps à gagner ses lettres de noblesse vu qu’il faut attendre la fin du morceau pour que les roues de l’engin décollent enfin du tarmac. Mais c’est dans ces instants de faiblesse relative que l’on reconnait la marque des grands: plutôt que de pédaler jusqu’à épuisement derrière les attentes des fans, les Suédois cassent le rythme avec un « Where My Grave Shall Stand » instrumental ample et majestueux, du genre qui accompagne au poil LA scène du film où, après que la tension ait été à son comble, la balance se met enfin à pencher vers une issue heureuse, avec explosion du vaisseau amiral ennemi au loin et survivants qui s’extraient des décombres, le front plein des promesses d’un avenir radieux. Dernier vrai morceau de la tracklist, « The Sign of the Scythe » prolonge naturellement son prédécesseur pour parachever ce 9e album sur un melting-pot particulièrement pertinent de tout ce que le groupe sait faire de mieux, excès de vitesse No-Future-Thrash, airs poignants, un poil de lourdeur pour le contraste, le tout servi en un cocktail délicieusement brûlant.

 

Là. On fait plus tragique comme deuxième moitié "plus faible", non?

 

Surtout que les marlous sortent le digeo-bonus et nous en servent 3 rasades pas crado – notamment « The Great Dying » qui, au chant près, semble tout droit sorti d'une galette d'Illdisposed, et « Ride the Fire », sans prétention mais délicieusement typique du style thecrownien.

 

Alors Cobra Speed Venom n'arrive pas à détrôner un Deathrace King, non, car les nouveaux morceaux sont peut-être un peu moins tubesques... Quoique là ça devienne une histoire personnelle, entièrement subjective. Car le constat c'est bien que The Crown revient avec cette niaque, ce sens de l'impact et du dosage qui nous avaient rendus raides dingues aux alentours du changement de millénaire. Bordel, il semble bien qu'en ce début 2018 les vieux grognards des troupes d'élite suédoises (Parce que Necrophobic aussi. Par contre pour At The Gates faut voir...) aient découvert par mégarde la légendaire fontaine de jouvence!

 

« This is the point of no retuuuuuuurn! 

 

This is the hell where I beloooooong! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: ils sont de retouuuuur! Après des Doomsday King et Death Is Not Dead aussi sexy que la perspective d'un cours d'éducation sexuelle prodigué par Civitas, The Crown ravive enfin les braises du passage à l'an 2000 avec une fougue et une inspiration qu'on n'espérait plus! Venimeux, fulgurant, ce cobra porte bien son nom!

photo de Cglaume
le 11/04/2018

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/04/2018 à 09:15:22

Yeah grosse poutrasse pas si bête mais bien méchante.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/06/2018 à 17:10:17

Allez un point de plus pour son côté BBB (biker-baston-bar à putes) et entrée dans le top de l'année.

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