The Crown - Doomsday King

Chronique CD album (44:07)

chronique The Crown - Doomsday King

Avec Doomsday King, vous êtes en présence de l’exemple typique de la chronique que l’on aborde à reculons, qu’on retarde, qu’on redouterait presque. Parce que pour une cata’, c’est une sacré bon sang de cata’! Et ça fait déjà mal de se l'avouer, alors forcément, l'écrire... Mince quoi, The Crown, le groupe à la discographie irréprochable, le Devin Townsend du death/thrash furieux, le Death du riff speedé poignée en coin, le Opeth du coup de fouet acide et du cambouis evil – bref, la valeur sûre, le tableau de chasse immaculé, le parcours exemplaire sans un pet de travers, l’achat en aveugle obligé… C’est quoi ce bordel? Comment on en est arrivé là? Et pourquoi pas Amoral qui se mettrait à la pop, ou un métalleux à veste rouge à l’Assemblée Nationale pendant qu’on y est?? On pouvait bien sûr craindre, fin 2009, à l’annonce de la reformation du groupe – comme à chaque nouvelle reformation d’une vieille gloire d'antan –, que la Couronne ne soit plus à la hauteur de nos espérances, d'autant que ni Johan Lindstrand, ni Tomas Lindberg ne répondaient présents derrière le micro. Mais de là à s’imaginer qu’ils se vautreraient à ce point comme des merdes!!

 

Pas que le groupe ait effectué un revirement opportuniste, ni même qu’il se soit fait exploser à la tronche des expérimentations hasardeuses… Non, sur la forme on retrouve les petites teignes que l’on avait appris à apprécier. Et même l’arrivée de Jonas Stålhammar (ex-God Macabre) n’a pas trop entamé le lustre de la bête, le petit nouveau ayant sensiblement le même timbre, les mêmes intonations que Tonton Johan. Mais rapidement il s'est avéré que, si de devant la vitrine tout semble aussi appétissant que par le passé, dès que l’on passe de l’autre côté du miroir et qu’on se cale sérieusement l’album entre les feuilles, le constat est clair: la coquille est vide, le cœur, la saveur, l’odeur n'y sont plus, bref, les pattes continuent de courir alors que la tête a manifestement été coupée …

 

D’ailleurs le cas Jonas est emblématique de ce nettoyage de l’intérieur par le vide. Car s’il semble s’être fait greffer les cordes vocales de son illustre prédécesseur, son débit est par contre plus monotone, son placement pas forcément aussi judicieux, et son interprétation des refrains tiédasse. Ainsi le flot aussi incessant que monocorde débité sur « Angel of Death 1839 » gave très rapidement, et je vois mal les fans de « Executioner (Slayer of the Light) » et « Dead Man’s Song » se ruiner le larynx en reprenant à pleins poumons les « Ashes to Ashes » (« From the Ashes I Shall Return ») et autres « As above so below » (« Soul Slasher ») de cette nouvelle cuvée. Et du côté de l’usine à riffs, c'est idem: soit on tape dans l’accélération téléphonée sans enthousiasme, soit on s’embourbe dans de la dynamique evil/dark molle de la guibole, soit on balance de la pause grandiloquente déjà vue et revue, quand ce n'est pas une injection acoustique faussement innovante (à 1:26 sur «He Who Rises in Might »). ‘tain mais où est passé le feu sacré? On sent que la formule classique est certes appliquée à la lettre, mais connement, dictée par le bulbe Pavlovien plus que par les tripes. Comble de la sécheresse d’inspiration, The Crown pompe Slayer sans vergogne sur « Angel of Death 1839 » (m’enfin vu le titre, on sent qu'ils ont prévu les assauts de la critique et comptent jouer la carte du clin d’oeil)  ainsi que le « Blackened » de Metallica sur « From the Ashes I Shall Return », lors du break à 2:02. Non mais vous le croyez ça? Seul Janne, derrière son kit, semble bouffer encore de la vache enragée, et ce n’est certainement pas sa faute si la carrière du groupe s'incurve nettement en direction du cimetière des éléphants du metal.

 

On sort de cet album avec un trop plein d’amertume dans la poitrine, et pas un poil de riff ou de refrain en tête. Alors que ces gars ont écrit « Deliverance », « Under The Whip » et « Give You Hell » bordel! Alors Ok, c’est vrai, on peut grapiller quelques bons passages en passant patiemment ce brouet insipide au tamis de la nostalgie bienveillante: ainsi « Doomsday King » a ses moments, « The Tempter and The Bible Black » réserve quelques bonnes petites saillies bien rock’n’roll, « Soul Slasher » sort la grosse artillerie sur la fin, « Through Eyes of Oblivion » contient un (1!!!!) bon riff qui sent la sueur, « He Who Rises in Might » développe une belle mélodie glacée, et surtout, « Age of Iron » retrouve presque la grandeur passée. Mais que pèsent ces bribes de bonheur noyées dans la médiocrité générale, et balayées par des morceaux calamiteux comme « Angel of Death 1839 », le léthargique « The Tempter and The Bible Black » ou le longuet «From the Ashes I Shall Return »? 

 

Bref, le roi The Crown est mort, vive le roi! Et n’allez pas confier trop vite sa couronne à cet usurpateur qui prétend revenir d’entre les morts: il y a tromperie sur la marchandise. Un peu comme les avatars de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures, le nouveau The Crown ressemble à s’y méprendre à l’ancien, sauf que ses mouvements son mécaniques, ses propos effarants de platitude et ses effusions sans passion. Retournez plutôt écouter Hell is Here, Deathrace King et Crowned in Terror afin de rendre dignement hommage à la mémoire de la bête couronnée.

photo de Cglaume
le 18/03/2011

7 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 26/02/2016 à 19:03:05

Ah, ça fait du bien de lire cette chronique, je croyais être le seul à ressentir ça à l'écoute de ce naufrage.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/02/2016 à 11:04:49

Deathrace King pi c'est tout.

korbendallas

korbendallas le 03/03/2016 à 12:42:54

Et Crowned in Terror ??? Tompa !!!!!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/03/2016 à 13:54:55

Cönnais pö celui-là : pas les ch'veux assez löngs.

korbendallas

korbendallas le 04/03/2016 à 08:17:02

On s'en fou des cheveux longs, c'est du Deathrace king avec Tompa au mic !!! Donc indispensable !!!

cglaume

cglaume le 04/03/2016 à 08:28:32

"Under the whip" quoi!

Xuaterc

Xuaterc le 04/03/2016 à 08:42:38

Hell is here über alles!

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