The Hellacopters - Grande Rock

Chronique CD album (38:20)

chronique The Hellacopters - Grande Rock

Payin' The Dues en 1997 fut une énorme baffe.

Pas seulement pour le rédacteur ci-présent (c'est moi !), mais aussi pour Rudy Charis (salut !), pour le vendeur de Nuggets Saint-Nazaire qui l'avait importé et mis en avant (merci !), ou pour la presse française qui l'avait normalement encensé (ou tout du moins celle qui était à ma disposition à l'époque). Grande Rock, 2 ans après, lui, fait malheureusement retomber la pression et, donc, monter les déceptions.

 

Du garage Crados (« Crüella Copters » ?) à la température sauvage ils semblent être partis se réfugier dans une chambre. Qui ne serait pas la leur. Et c'est exactement ce qui arriva. Ils sont partis enregistrer cet album dans un studio-cabane au fin fond d'une forêt suédoise. Fini le garage, fini le béton, fini les dérapages en faisant crisser les guitares. Bonjour les hippies qui pensent se souvenir du son des années 70, alors que par défaut, et tous mes respects au producteur, un hippie ne se souvient pas, ou mal. C'est là l'entame du double problème principal de cet album, confirmé par les précédents et TOUS les futurs disques de Nicke (même après les 'copters) : ce n'est pas notre guitariste-chanteur-batteur-futur producteur star qui a le dernier mot sur la production et le master (pour cause de départ en tournée), et Nicke n'a plus de deuxième guitariste avec qui croiser les fers. Oui Dregen a quitté les 'copters pour se concentrer sur les Backyard Babies laissant Nicke en seul guitare-héros (et c'est Boba le claviériste qui s'occupa de sauver la deuxième guitare sur cet album). Grande Rock c'est donc l'histoire d'un groupe égaré dans la forêt avec un guitariste en moins et un producteur en trop.

 

Dans tous les cas, après chaque album, de chaque projet, Nicke fait un pas de côté pour continuer d'avancer en élargissant le choix des directions. Grande Rock n'était donc de toute façon pas prévu pour être une reproduction de Payin' The Dues. Même si pour quelques morceaux, comme ce "Alright Already Now" d'entrée, en modifiant la production, ils y trouveraient leur place. Maintenant cette attitude « garage », « écorchée », « toujours plus vite / toujours plus fort » passée, on comprend bien qu'Andersson est à la recherche d'autre chose. Que dès le départ il était - plutôt que juste vouloir s'étaler sauvagement dans les enceintes - à la recherche de la chanson parfaite. Si cet album est le seul faible de sa discographie, il est le premier à montrer cette grande vision de Nicke, qui passe par ce travail de post-production. Sur le son et le positionnement des instruments, plus particulièrement celui des voix (choeurs et chants clairs), le développement des arrangements et l'ajout de pistes - acoustiques - en overdubs. Si seulement il n'avait pas dû quitter cette cabane pour partir conquérir le monde, et rester s'occuper des enregistrements et de la production du début à la fin, certain que cet album aurait sonné différemment. Bien mieux. Et puis, avec ces affinements sonores et techniques, arrivent les premières compositions « calmes », posées, pour le premier album des copter's à être si varié.

Oui vous avez bien compris, morceaux calmes, chant clair, guitare claire voire acoustique et, malheureusement, un son plat. Les fous furieux des deux premiers albums vont maintenant passer leur chemin. On appelle cela « l'effet Bruce Dickinson ». Et c'est dommage ! Parce que quand même, et ils le montreront sur scène, il y a ici tout de même, des hits et des tubes ! "Venus In Force", ses solo guitare, sa montée, sa ligne magnétique son, « (… enough) shelter from the storm » grandiose et rappelant un autre de leurs tubes de la même époque, "Crimson Ballroom", et même, leur reprise des Stones, "Gimme Shelter", justement ! Les Stones que l'on recroise d'ailleurs dans les choeurs très « Sympathy For The Devil » du très bon "Welcome To Hell". Et ce "The Electric Index Eel" toutes guitares devant, addictif. "The Devil Stole The Beat From the Lord" avec son terrible refrain et son break-montée-prérefrain-refrain final ; "Move Right Out Of Here" et son refrain au clavier rock'n' roll« stoogiens » ; "Dogday Mornings" efficace et entêtant, handclaps fantômes en autopilote ; etc, etc. Vous aurez donc compris que « passages davantage posés » ne signifie pas « ballades ». Ils ont juste changé de braquet, pour passer du petit garage punk au grand rock !

 

C'est donc très bon, mais l'histoire montrera qu'il manque encore un quelque chose pour monter d'un cran, atteindre leur - futur - niveau, et devenir le meilleur groupe du monde. Et Nicke Andersson un des plus grands musiciens et compositeurs de notre époque. Mais comme tout vient à point à qui sait entendre… (High Visibility).

photo de R.Savary
le 13/08/2017

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