The Hellacopters - High Visibility

Chronique CD album (40:22)

chronique The Hellacopters - High Visibility

Expérience, tournées, déception des conditions d'enregistrement et de production du précédent album, perfectionnisme assumé, après le calme revient la fureur. "Hopeless Case Of A Kid In Denial" renverse d'emblée la table. Une belle - et courte - intro en arpèges en ouverture, roulement de tambours, puis arrivent les grosses - et claires - guitares, gros son pour l'ensemble avec du volume, de la clarté et de l'espace ; voix hargneuse davantage mise en avant et qui n'a plus besoin d'être voilée de réverb' ou de distorsion comme aux débuts du groupe. Tout est assumé, maintenant en puissance XXL. Et plus besoin de seulement une grosse distorsion pour envoyer de la tension. La finesse de la production prend le relais. Signature chez monsieur Universal (« soldiers ») mais les 'copters savent qui ils sont, et où ils veulent aller. C'est High Visibility.

 

À l'instar du célèbre Payin' The Dues de 1997, Nicke Andersson, à nouveau bien accompagné, nous livre un nouvel album-compilation de tubes. Environnement, travail, persévérance, intuition, génie… il n'y a ici rien à jeter. Après le death metal, le garage, c'est maintenant que commence la troisième leçon : celle du Rock 'n' Roll en bonne et due forme.

À cela, cet album est le premier avec en deuxième guitare le regretté Robert « Strings » Dahlqvist, décédé en cette triste année 2017. Il les avait rejoint en cours de tournée « Grande Rock », il sera maintenant le compagnon parfait à Nicke jusqu'à l'auto-sabordage du groupe en 2008. Parfait et grandiose. La rock 'n' roll machine The Hellacopters est maintenant relancée pour enfin carburer à plein régime. Pas forcément plus vite, mais pas forcément plus lentement, par contre, encore plus fort et plus loin. Tout le monde a sa place, et bons dieux quel feeling… renversant !

 

Tout d'abord, si High Visibility est une leçon de composition, c'en est aussi - et ça c'est nouveau - une de production. La répartition des voix, leur profondeur, l'ajout de superbes chœurs, le son des instruments, savoir lequel mettre en avant, et leur répartition dans le mix, la puissance de la voix, la finesse des arrangements… C'est propre, certes, mais ça butte ! Les visions de grandeur et d'excellence que l'on pouvait entrapercevoir sur Grande Rock sont sur High Visibility accomplies. Cet album semble même être une vengeance sur le résultat de Grande Rock, un truc à la « oubliez ce que vous avez jusque-là entendu, voici ce dont nous sommes capables » ! Ça claque. Oui, ça claque. 2000-2017, ça claque encore.

 

Les variations de rythmes seront nombreuses ; après les trois premiers titres en mode déculotté et purge auditive, incluant un "Baby Boderline" énorme, et avant un "I Wanna Touch" aux riffs et au solo plus Chuck Berry que Chuck Berry, ils se pausent sur un classieux "No Song Unheard" ; mais se dégage de l'ensemble une véritable tension, une sensation d'urgence qui vous fera adopter l'album d'une traite. Comme à leurs débuts. Mais ici, et maintenant, sur plusieurs morceaux, dans plusieurs structures et riffs de guitare, on sera pris d'un espèce de contre-temps - inhabituel jusque-là - qui vous gardera connecté du début à la fin. C'est rapide, incisif, frontal, tout en étant assez déstabilisant pour nous garder dans l'attention. On se laisse emporter par les mélodies, les - gros - refrains, et le flux tendu de la voix. À cette attitude tout autant punk que rock 'n' roll, ils insufflent également, et pour la première fois, un gros groove bien au corps et justement accompagné de superbes chœurs, et parfois même tendance soul ("You're Too Good (To Me Baby)", "Baby Borderline"). C'est le feeling dont je vous parlais plus haut. Et aucune chanson ne restera oubliée. On découvre cette justesse, cette magie ?, du jamais entendu. Sur High Visibility, ils jouent comme si c'était leur dernière chance, leur dernier espoir, leur dernier album… Et sachant que ce ne sera pas leur dernier album, combien sont-ils à réussir à sortir un album d'une telle trempe à leur quatrième album ? Ici pas besoin de s'inclure dans une « ère du temps », de rattraper une mode, ils jouent avec le coeur. "No One Is Gonna Do It For You", alors ils le font pour eux. Pour la musique qu'ils aiment.

 

On entendra beaucoup parler de Supershitty To The Max, parce que c'est leur premier album, de By The Grace Of God parce que, c'est normal il est excellent, ou d'un autre album, mais pas assez de ce High Visibility qui sous son efficacité cache énormément de détails et de qualités à en faire un album à ne surtout pas manquer.

photo de R.Savary
le 13/08/2017

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