The Mad Capsule Market - P.O.P

Chronique CD album (26 min 48)

chronique The Mad Capsule Market - P.O.P
Avec son album P.O.P daté de 1991, The Mad Capsule Market´s n´échappe pas à l´influence européo-américaine, influence contagieuse voire délétère, et ce en replongeant dans l´esthétique à la fois sonore bien sûr mais aussi visuel du punk anglo-saxon des années soixante-dix avec une attitude anti-conformiste et provocatrice ainsi qu´une musique assez simpliste mais véritablement énergique. Le seul point manquant à cette esthétique punk est peut-être cette révolte caractéristique contre l´ordre social établi. Cette esthétique punk sert davantage à sa démarquer d´une population où il est prôné le communautarisme et l´effacement de l´individu dans le groupe.

Avant de nous intéresser à l´esthétique sonore, il nous faut aborder de façon rapide le visuel c´est-à-dire la jaquette. Dès le second album, il se présage déjà un coté à facettes opposées, un coté dualiste voir manichéen qui par la suite va prédominé. En effet, au premier abord, on nous représente le paradis cliché sous la forme d´un palmier, d´une mer azure et du sable blanc ; mais peut-être s´agit-il d´un stratagème « palimpsestique » afin d´attirer l´auditeur vers cet album car se « surimpressionne » au paradis, l´enfer ; ceci est matérialisé par le palmier qui ne changeant pas de place apparaît dans un univers totalement opposé. Le paradis n´est alors qu´un prétexte pour nous attirer en enfer. L´inscription sur la première pochette le confirme d´ailleurs : « Jetez cette jaquette à la poubelle, s´il vous plaît » ou aussi « Jetez ce coté de la jaquette à la poubelle, s´il vous plaît ». Au niveau de l´esthétique punk occidentale The Mad Capsule Market´s récupère également la marque vestimentaire et capillaire des années 70 en Angleterre. Ils provoquent par leur allure mais aussi par les images qui recouvrent l´intérieur la jaquette : des photographies de charniers, des corps alignés sans vie ; ou sinon mettent à mal la soi-disante pudeur ou timidité des japonais (si l´on fait exception de Kabukicho, un quartier de Tōkyō) en se représentant sur fond de femmes nues.

Un an après leur premier album Humanity, The Mad Capsule Market´s reviennent donc sur le devant de la scène. Avec un son incontestablement punk, ils nous livrent une musique qu´ils caractérisent tout de même. Ainsi, dès le morceau d´introduction Human Protest, le ton est donné. La basse mène le jeu et engage ce qui n´est encore que les prémisses de l´électro « made in » The Mad Capsule Market´s. Dans un sens, il n´est pas étonnant que la basse débute les festivités quant on sait que Cray (Takeshi Ueda), le bassiste est à la fois l´écrivain de la majeur partie des morceaux et le concepteur des samples (le futur le confirmera), même si ici ce sont davantage de sons électroniques. Avec un peu d´attention, il est possible de distinguer un son monocorde derrière la basse ; il s´agit de la guitare, passant quasiment inaperçue et qui va l´être d´autant plus lorsque parait la batterie, martelant le même rythme régulier, monotone, percutant et ce jusqu´à la première rupture (17´). Les deux instruments principaux (basse, batterie) sont alors mise en place - rappelons qu´il est possible de considérer The Mad Capsule Market´s comme étant un groupe de Drum & Bass. Après cette rupture, la basse repart, la batterie déverse un rythme « dansant », tous deux laissant de temps à autre la guitare émerge derrière ce flux sonore. Enfin, la voix se manifeste ; une voix aigue qui bien que modifiée en une sorte de organe « mégaphonique » laisse paraître assez distinctement des structures de phrases, des ensembles de mots, donc un tempo, et ce avant la second fracture (40´). Cette fracture est beaucoup plus intéressante car elle agit comme un miroir. En effet, si au début du morceau, la basse et la batterie tenaient les places majeures dans le sens où elles l´introduisaient, ici, c´est la voix et la guitare qui sont mis en avant étant donné qu´elles instaurent cette deuxième grande partie (le morceau étant divisé arbitrairement en deux partie, la première rupture (17´) n´engendrant pas de partie). L´argument qui consiste à dire que la basse et la batterie sont les instruments principaux semble alors s´écrouler ; Car au commencement de la seconde partie, la voix et la guitare profitent de l´effacement temporaire des deux autres instruments. Cependant, la batterie reprend rapidement son rôle rythmique pendant que la basse valse avec la guitare pour aboutir à un final explosif dirigé par une voix qui a perdu son tempo afin de ne prononcer de succinctement les mêmes mots ou le même ensemble de mots.

Il peut sembler tout a fait incongru de baser la critique d´un CD à partir d´une unique chanson, qui plus est la première. Cependant, il se peut que celle-ci soit à l´image ou le reflet du reste ; nous sommes d´ailleurs ici en présence de ce cas. En effet, le premier morceaux - même si ce mot est quelque peu erroné car il s´agit davantage d´un ensemble, d´une structure cohérente qui va se réverbérer sur le reste des chansons c´est-à-dire les morceaux qui eux constituent au final l´album et inversement, cet ensemble de morceaux formant un agencement harmonieux va se réfléchir sur cette première structure, cette base ; ce premier morceaux donc est un concentré de ce qui par la suite va être développé. Bien évidement, la première chanson n´est pas la seule à avoir un certain intérêt comme elle n´est pas plus de valeur dans ce sens où sa rythmique reste punk et est donc assez simpliste. Human Protest représente au mieux ce qu´est un introduction à savoir un commencement qui par la suite se scindant en plusieurs segments gardant tout de même la marque de ce commencement et l´englobe dans leur propre logique. Ainsi, San Bō aino... et White low child se réapproprient la suprématie basse, batterie dans ces deux compositions alors que Gichi, le second morceau développe à l´extrême ce qui se trouver à la fin de l´introduction concernant la voix c´est-à-dire la succession incessante des mêmes mots. De plus, dans harinezumi to XX, White low child ou encore dans karakuri no soko, réapparaissent ces ruptures mais de façon beaucoup plus accentue, à se demander même s´il s´agit encore de la même chanson. Enfin, dans Mad chyūdoku, Life game ou encore Harinezumi to XX, la liaison entre le chant et la guitare se montre à nouveau qui plus est de manière singulière vu que cette alliance, outre le fait d´être sonore est également visuelle avec des suites de légères ondulations, de dents de scie ou de XX comme dans le titre de Harinezumi to XX.
Seul manque peut-être à cet album, une conclusion, structure qui viendrait refermer ce pliage et ainsi donner une consistance générale, globale à l´oeuvre. Ou alors, cette dernière structure pourrait être la suite de l´entreprise à savoir les albums à venir de The Mad Capsule Market´s. C´est à écouter.

P.S. : Ils arrivent parfois que certains CD japonais ne soient disponibles sur internet, il existe cependant une boutique à Paris disposant d´un rayon conséquent de groupe de l´archipel, mais aussi de DVD, de livres et de magazines. Elle s´agit de Book Off (www.Bookoff.co.jp), 29. Rue Saint Augustin, 2° arrondissement (Métro-station : Quatre septembre)

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