Thrice - The Alchemy Index Vols. I & II

Chronique CD album (49:17)

chronique Thrice - The Alchemy Index Vols. I & II

Lourde tâche dans laquelle se lance Thrice avec la réalisation de ce diptyque d'albums concepts tournant au tour des quatre éléments (le feu, l'eau, la terre et l'air). Un projet ambitieux dont la première partie apparait enfin (la suivante arrivera d'ici le mois d'Avril), et c'est avec le Feu et l'Eau que le groupe décide d'entamé son "Alchemy Index".

 

"Vheissu", dernier album en date, avait déjà posé les bases du nouveau son qu'adopterait Thrice. Un son nettement différent de ce que le groupe nous avait habitués, nous dévoilant ses affinités avec une scène plus douce, plus expérimentale dont l'ombre de Radiohead planait au-dessus. Mais si le combo hésitait encore par moment, il franchit enfin le cap sur cette nouvelle œuvre et va jusqu'aux bouts de ses idées, de ses ambitions. Et c'est en véritable orfèvre de l'émotion, de la mélodie que Thrice accouche d'un album majestueux, libérant ainsi tout son potentiel.

Œuvre divisée en deux parties bien distinctes, à la fois physiquement par deux cd de six titres, et musicalement, par une atmosphère et des sonorités propres à chacune. Pourtant, si cette dichotomie est flagrante au premier coup d'oreille, on remarquera vite que les deux EP se complètent parfaitement et tendent à interagir entre eux tout au long de l'écoute.

 

Les hostilités commencent par le Feu, début logique et puissant à la fois. Logique car le groupe, au travers de ces six titres dévastateurs, embrase tout sur son passage, nos oreilles, mais aussi sa musique, comme s'il voulait l'anéantir. L'anéantir pour mieux la recréer et la réinventer par la suite. Car dans cet énorme incendie, tous les aspects du Thrice que l'on connait vont défiler à nos oreilles. Débutant par l'alarmant "Firebreather" aux guitares sèches, aux voies tiraillées et puissantes, le groupe est bien décidé à mettre le feu. "The Messenger" porte bien son nom, et nous annonce l'arrivée d'une déferlante de flammes, et quand le feu semble doucement maitrisé sur "Backdraft" c'est pour repartir ailleurs, sur "The Arsonist" où de temps en temps le groupe nous laisse respirer. Les ambiances se succèdent, alternant les passages lourds avec les harmonies vocales si particulières du groupe, et on ressent encore par moment encore ces petites touches à la Cave In ou Deftones, mais le style Thrice est nettement marqué. Pourtant, à travers cet enfer destructeur apparait de temps à autres un peu de vie, notamment à travers le salvateur "Burn the Fleet" aux envolées lyriques du frontman qui nous transporte bien au-delà des flammes. Cette première partie s'achève par un époustouflant "The Flame Deluge". Lent et somptueux morceau où Kensrue s'écorche la voix tout le long, nous tenant par les tripes et faisant jaillir toute l'émotion en nous. Un déluge de flamme dévastateur, qu'on sait mortel et avançant vers nous mais dont on est attiré et vers lequel on avance, jusqu'à en mourir, fasciné et abasourdi.

 

Anéanti par les flammes, Thrice renaît de ses cendres tel un Phoenix et réapparait sous un nouveau jour. Reprenant l'évolution musicale entamée sur "Vheissu" avec des titres comme "Red Sky" ou encore "Atlantic", Water montre une facette encore peu connue du groupe. Ici point de hurlements ou de cris, seules les ambiances calmes et planantes règnent, créant une ambiance sereine et vaporeuse, toute en retenue, au long des six titres. Plus expérimentales aussi, ces nouvelles compositions se rapprochent par moment d'un Radiohead ayant fricoté avec un groupe de post-rock. On reconnait malgré tout la touche Thrice, notamment grâce à la voix de son chanteur qui depuis son aparté solo semble encore plus à l'aise dans les parties calmes. Le travail effectué sur les ambiances est époustouflant, avec des nappes d'électros extrêmement bien choisies, des sonorités plus qu'appropriées. On a réellement l'impression de flotter, de voguer au gré des vagues (comme sur "Open Water"), puis de s'enfoncer progressivement vers un nouveau monde aquatique. Monde que l'on découvre au travers du grandiloquent et pourtant si intime "Lost Continent". Morceau épique, magistral, donnant une réelle impression de grandeur, comme si Kensrue chantait du haut d'une montagne, et nous, simples spectateurs, l'observions d'en bas, épatés et pantois à la fois. De temps à autres des remous viennent tout de même nous secouer, comme sur l'instrumental et reposant "Night Diving", mais qui n'hésite par à nous bousculer. Perturbé et légèrement violenté, l'auditeur vient se réconforter dans les bras de "The Whaler", titre à la mélancolie exacerbée, où rythmiques électros côtoient un piano lunaire pour un effet envoutant. Le groupe nous dit adieu avec un calme "King Upon The Main", nous laissant serein et reposé, l'esprit apaisé, prêt à attendre le prochain épisode.

 

Avec ce premier Index Thrice prend énormément de risques. Celui de perdre ses premiers fans, mais aussi un risque artistique conséquent en laissant de côté son "émocore" si particulier pour une musique plus expérimentale. Mais force est de constater que ce virage musical a été négocié avec grand soin, sans la moindre précipitation, car l'œuvre que Thrice nous offre ici est exceptionnel. Un album difficile d'accès certes, mais qui délivre toute son essence au fur et à mesure qu'on l'écoute et qui finit par nous toucher au plus profond. Vivement la suite…

photo de DreamBrother
le 24/11/2007

1 COMMENTAIRE

Lathan

Lathan le 23/12/2007 à 23:54:41

Attendez les gens, le temps que je finnisse mon mode comatage total, putain c'est comme Minsk ou TDEP, on en ressort total foncdé de ce truc là !

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