Torm - Back From Zorg

Forcément, avec leur dégaine "Village People meets Sebkha-Chott", cette cover pop-art ringardos aux couleurs criardes à donner mal au cœur à Philippe Katerine, et un nom d’album digne d’un épisode « en gliche » d’Achille Talon, les grands malades de Torm semblent bien partis pour ne pas cartonner dans le milieu black metal orthodoxe. Et pourtant. Il faut savoir que Torm est en fait le diminutif de Tormented Souls, groupe qui a jadis traîné ses guêtres dans les recoins les plus mal famés du metal extrême. Si si. Sauf qu'à présent ils n’hésitent plus à se définir comme les avatars d’un métissage Bisounours / X-OR... Et il y en a encore pour penser que la théorie de l’évolution darwinienne n’a aucun fondement. M’enfin!

Le bain bouillonnant musical dans lequel s’ébat Torm est plein de bulles de toutes sortes. Du death & thrash bien sûr – on ne se refait pas! –, mais cela ne constitue que la portion congrue de la pétillance zorguienne. Car Back From Zorg est un tourbillon de bulles colorées au rock psychédélique à clavier bien kitchos, au prog’, aux musiques des îles, à la country, à la musique électronique, au funk, aux ambiances SF rétro, aux cuivres, aux folklores exotiques, à la musette, à la musique d’église… Et aux cartoons. Et au scoubidou bidou ouawh. Et ça file le tournis! Le tout enchâssé dans une trame quasi-instrumentale, si l’on excepte pas mal de délires en yaourt et de samples sans peul et sans leploche.

Bon, puisqu’il faut bien essayer de résoudre cette équation à X inconnues – Taïaut! Chevauche fier chroniqueur, va remplir ta sainte mission –, après avoir plus ou moins trigonalisé la matrice Tormienne aux forceps, on obtient le résultat suivant: Estradasphere, Pryapisme, Chrome Hoof, avec un nez encore plus rouge, encore plus gros, et qui fait encore plus pouët pouët quand on le pince. Plus le talent insolent du clown qui – mine de rien – est à la fois acrobate aérien, fin musicien, acteur polymorphe, un peu poète … Et drôle, en prime! Mais puisque tout ça – à moins d’être dans une salle de concert et de vivre l’expérience en au moins 3D, si ce n'est plus – puisque tout ça disais-je est essentiellement musique et émotions, parlons musique et émotions. Et mettons donc le projo sur quelques morceaux choisis afin de finir ce tour d’horizon de l’univers Tormien en mode impressionniste, par petites touches descriptives éparses. Back From Zorg c’est donc « Zorg's Prelude», longue pièce épicée de fumette SF à la mode Katmandou. C’est le cristal sacré des chœurs de « Requiem Dei » qui se prolonge naturellement sur le « Perestroïka Horrific Death Metal » de « Hulk vs Jacob », morceau qui finit sa course au milieu de vaches néerlando-germaines. C’est l’électro-lounge de « Revenge of ze Pink Lombric » qui évoque un monde de dark SF ouatée. C’est « Ti’Punch At Fort Apache » qui tire un trait d’union entre le zouk des Caraïbes et la musique pour vieux coyotes du désert. C’est «Bobby Funky & the Torm Patrol », qui voit Infectious Grooves patrouiller avec Ponch et Jon sur les autoroutes zorguiennes sur fond de sirènes, de grosse disto’ bien juteuse et de synthé funky. C’est un délire aussi coloré que cohérent, dans lequel on se glisse et fond comme sous une couette peuplée de créatures enchanteresses et de gros éléphants roses.

En plus la prod’ est carrément top. On ne se refuse décidément rien messieurs!!?

Par contre, gros gros problème – et là-dessus pas de quartier: le groupe a cessé toute activité depuis maintenant 2 ans. I-nac-cep-table!! Et malheureusement il semblerait que cette grosse pause soit un peu plus sérieuse qu'un simple "stand by". Non mais hé ho là!!? Comment assurer la paix et la joie sur la planète Zorg si les patrouilleurs de Torm ne sont plus là pour combattre les méchants lombrics? Hein, j’vous l’demande!? Aux armes citoyens, réveillons le volcan qu'on croyait trop vieux à coups de pétitions ou d'attentats-suicides à la ceinture à pétards mouillés!!! En tout cas, testament d'une folle histoire définitivement révolue ou premier épisode d'une saga qui renaîtra un jour de ses cendres, Back From Zorg est définitivement un shoot que les fans des groupes sus-évoqués, de Mr Bungle, de Vladimir Bozar et de toute cette joyeuse smala doivent s’administrer de toute urgence. 

Cglaume

le 06/06/2011