Uneven Structure - 8

Chronique Maxi-cd / EP (24:20)

chronique Uneven Structure - 8

Pour ceux qui ne connaissent pas Uneven Structure, je vais me la faire simple. Etant donné que le kit de presse a su trouver la parfaite définition, je me permet de la coller ici: "Imaginez l’enfant né du mariage de la créativitéde Pink Floyd et de la brutalité de Meshuggah, le tout élevé par la touche progressive d’un Devin Townsend.". Parfait, j'aurais pas dit mieux.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire la chronique du EP "8" cuvée 2013, une petite explication chronologique s’impose : les Uneven Structure ont sorti une permière version de ce EP en 2009, en libre téléchargement en guise de promo, dont j’en avais fait éloge ici. Faut avouer qu'à sa relecture, en remettant la chronique dans son contexte, si je devais l’écrire aujourd’hui elle aurait été tout autre : vu la plétore de groupe qui pratique ce que l’on peut qualifier de "djent" aujourd’hui, non, ce EP n’est pas un plagiat de Catch 33 de Meshuggah. On va pas se mentir, on sait dans quelle catégorie jouent les Uneven Structure, ceci dit la comparaison avec Meshuggah n’a plus lieu d’être. Avec le temps, et le nombre d’écoutes (j'ose pas vous dire combien), le groupe français avait dès le départ su imposer une patte bien à elle, bien plus que ce que le "djent" en général a à nous proposer.
En 2011 ils sortent leur premier album, Februus, dont vous pouvez aussi lire la chronique ici. Et là pour le coup mes arguements restent valables, malgré le fait qu'avec le temps je dois avouer que je l’apprécie d’avantage, vraiment, même si le principal défaut reste toujours de mise : la voix claire, beaucoup trop lisse à mon goût.
Et donc sur cette chronique je commençais par dire tout le bien que je pensais de 8 avec le temps.
Aujourd’hui je n’ai pas changé d’avis. Mieux, ce EP tourne encore et toujours régulièrement chez moi! Ils ont vraiment réussi l’exploit de marier avec un équilibre judicieux brutalité et mélancolie, et je ne m’en lasse pas ! J'en profite juste pour glisser un mot du concept ici: que ça soit pour 8 ou pour leur album Februus, l'écoute se fait d'une traite, quasiment aucun temps mort, il s'agit pour chacun des disques d'une seule et unique œuvre. Et vu qu'ils sont particulièrement doués dans cette exercice, je les incite vivement (si ce n'est pas déjà clairement établit chez eux) de réitérer le principe sur leurs prochaines productions. Ça, c'est dit.

 

Revenons donc quelques semaines plus tôt: imaginez-vous bien que l’annonce du ré-enregistrement (et donc re-mixage) de ce EP m’a laissé un poil dubitatif, mais que ce dubitatage a bien vite laissé sa place à un enthousiasme certain. Néanmoins, sachant que le line-up avait changé entre 8 et Februus (c’est a priori pour cette raison qu’ils ont voulu réenregistrer 8, afin que ce dernier colle mieux à leur univers actuel) j’avais de quoi émettre certaines craintes, surtout quand on ne trouve pas grand chose à reprocher à l'enregistrement de l'époque: allaient-ils y ajouter de la voix clair ? Les structures allaient être différentes ? Le nouveau son, certainement plus efficace, allait-il en même faire perdre le charme des compositions ? Beaucoup d’interrogations, place aux réponses…

Alors d’entrée de jeu, on comprend qu’un travail énorme a été fait sur le son. On sait déjà que lorsque l’on joue dans cette catégorie (djent) ce n’est pas pour sonner "garage", et la compétition (si compétition il y a (mais on sait tous qu’il y a un peu de ça…)) est rude. Chacun y va de sa grosse prod, de son gros riff, et bah ma foi faut avouer que pour le coup Uneven Structure vient placer la barre très très haut. Le son est d’un équilibre redoutable. Je pense qu'il s'agit là de la prod que je préfère de tout ce que j'écoute actuellement dans le style, ni plus ni moins. Forcément dans la droite lignée de son prédécésseur, Februus, mais encore plus aboutie. Et surtout avec un mordant qui fait un peu défaut à ce dernier justement. Les médiums-graves en particulier sont un régale, c’est autant impressionnant qu’agréable à écouter. Et contrairement à pas mal de grosse prod qui sonnent peut-être plus gros de prime à bord mais qui se révèlent bien souvent vide de toute substance (via l'ajout de triggs sur la battterie notement au rendu bien trop souvent trop artificiel) ici on ne ressent pas trop l'ajout de ces derniers sur la batterie (s'ils ont toutefois eu recours aux triggs, mais je doute du contraire, mais comme j'en suis pas certain on peut conclure que c'est réussi) . Chapeau donc à Matthieu (voix) et Aurélien (guitare) qui se sont chargé de la production, de la prise de son jusqu'au mastering. Et pour l'anecdote, puisqu'on est jamais mieux servit que par soit-même, et ça les Uneven Structure l'ont bien compris, c'est un de leur guitariste, Igor Omodei, qui a réalisé le clip “Frost/Hail” de l'album Februus.

 

Niveau arrangements on sent quelques adaptations, c'est normal, mais si on est habitué à la première mouture on ne sera pas complètement paumé ici, 8 2013 reprenant grosso-modo la structure de 8 2009. D'une manière générale il me semble que les samples sont placés d'avantage en retrait (le début de Higher Quiddity, la 2ème partie de Depression ou encore la fin de Eight par exemple, très probablement pour laisser d'avantage de place à la voix, même si à mon avis l'un n'aurait pas empêché l'autre). Certains ajouts sont d'ailleurs de toute beauté (Cardinal). Le début d'"Egocentric Focus" semble moins fou-fou (le patern de batterie se serait-il un peu épuré?). Dommage par contre d'avoir fait l'impasse sur certains petits effets de manche, à l'image de la guitare inversée en fade-in qui lance "8" mais qui est absente sur "Eight". Ouais je sais, je gratte sur les détails là, mais quand on connaît que trop bien leur musique c'est le genre de détails qui nous manque aux premières écoutes. Et on pourrait jouer un moment au jeu des comparaisons, mais là n'est pas le but.

 

Si je dois passer par les petits regrets, ou disons le petit regret, je dirais que parfois l’équilibre du mix, même s’il est exemplaire comme sus-mentionné, est parfois différent que son aileul. Selon que la guitare est plus ou moins mise en avant d’une version à une autre l’intention apparait différente (logique) et ce qui fonctionnait admirablement bien sur l’original (si je peux le qualifier ainsi) sied un peu moins bien sur la nouvelle mouture (exemple sur la 2ème moitié de Depression). Ceci dit, je sais que je suis particulièrement exigent, je connais ce disque sur le bout des doigts, et ce genre de détail passera totalement inaperçu pour la majorité d'entre vous.

Passons maintenant aux gros regrets, et là il y en a 2 : le premier est la fin de ce EP, alors que le titre "8" tournait en boucle dans un immense fade-out, le même dernier titre (re-nommé "height" donc) se fond assez rapidement dans une brume sonore plutôt agréable, mais dont le résultat n'est pas aussi lancinant et hyptnotisant que l'original. Dommage, même si je sais que je m'en remetterais, d'ici quelques centaines d'écoute probablement…
L'autre gros regret, et c'est un point que j'avais déjà soulevé sur Februus, c'est la voix clair. Oui, j'ai un problème avec cette voix, que je trouve trop lisse, trop douceâtre, trop angélique. Antant pour les passages un peu plus ambiant, lorsqu'elle est en arrière plan noyée dans la reverbe, ça passe assez bien, autant lorsqu'elle est en avant j'ai vraiment de la peine, et tout particulièrement sur 8 d'ailleurs.  Et même si je trouve le choix les mélodies en soit sur les parties "épiques" de Februus super efficace, l'exercice se corse un peu sur cet EP. Alors oui évidemment, le chant a du s'adapter sur la musique d'origine, composée avant l'arrivée de Matthieu Romarin, sur laquelle le chant clair était totalement absent (chant assuré d'ailleurs sur l'enregistrement de l'époque par Daniel Ädel de Vildhjarta), le résultat est parfois réussi sans être transcandant, mais tout de même souvent bancal. On sent que Matthieu a du adapter ses mélodies à la musique, et que le tout n'a pas été pensé dès le départ dans l'optique de fournir des "refrains" (la blague) catchy, comme en est pourvu sur au moins chaque titre (si l'on exclu "Exmersion" et "Limbo") de Februus. Néanmoins je me fais aucun soucis pour leurs prochaines productions. J'aurais juste intimement espéré (attention, message personnel) que le chant clair se cradifie légèrement, un peu à l'image de ceci (oui je sais, on peut en penser ce que l'on veut, mais c'est le premier exemple qui m'est venu en tête).

 

Alors je pense que la plupart d'entre-vous vont commencer leur lecture ici, soit. SI on se référe aux points négatifs soulevés plus haut, mon verdict pourrait paraître nuancé, mais il est clairement positif - le groupe ayant réussi l'essentiel: conserver la mélancolie et la noirceur de l'original malgré la refonte de la production. On est happé de la même façon, on est scotché du début à la fin, on prend notre pied pareil que la version originel, le tout avec un son bien meilleur. On peut donc dire que l'exercice est réussi, et confirme leur place de taulier du genre. Merci Uneven Structure, et rendez-vous avec grande hâte pour votre prochain album.

Et si vous vous demandez encore pourquoi j'ai donné une note de 10, c'est parce que le suivant aura forcément 12. Ils sont prévenu.

 

 

 

photo de Sam
le 25/06/2013

4 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 25/06/2013 à 14:43:43

J'avais justement commencé une petite chronique de cet ep qui m'a aussi claqué les fesses !

cglaume

cglaume le 25/06/2013 à 20:05:17

De dieu ça fait envie !

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 26/06/2013 à 11:09:38

Merci !!!

Domain-Of-Death

Domain-Of-Death le 26/06/2013 à 14:11:48

Bonne découverte :)

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