Vein.fm - errorzone

Chronique CD album (27:39)

chronique Vein.fm - errorzone

Si je vous dis « hardcore » et « Boston », vous me répondez quoi ? Defeater ? Ah, et bien pas du tout.

Converge ? Ben oui, vous connaissez vos classiques, mais non.

 

Même si, avouons-le, vous ne vous êtes pas totalement fourré le bras dans l'oeil sur ce coup-là, on distingue encore le coude qui dépasse : effectivement, les vétérans du hardcore chaotique et un tantinet vénère figurent en bonne place dans les influences musicales de Vein.fm (même s'ils s'appelaient encore simplement Vein à l'époque de la sortie de cet errorzone), aux côtés d'autres groupes mythiques tels que Botch ou même Deftones, pour un vague côté neo qui se fait sentir ici et là.

 

Passons tout d'abord sur cette pochette.... disons douteuse (je dois dire que je ne comprends pas trop ces scènes de torture sur des albums de hardcore – même si là on peut p't'être y voir un côté « Open your eyes wide open bro », bien que j'en doute – , un exercice généralement plutôt délégué aux subtilités death et contours) et voyons ce qu'on a à se mettre dans les veines pendant un poil moins d'une demi-heure.

 

Dès le début de la première piste, « virus://vibrance » de son petit nom, on comprend ce dans quoi on s'embarque : un hardcore frontal agrémenté de rythmiques et de sonorités qui viennent de mondes plus électroniques, et qui du coup résonnent avec le nom du morceau, on s'en rend compte après coup. Un peu à la manière de leurs comparses de .gif from god. D'autant plus que les noms d'autres morceaux pouvaient eux aussi mettre sur la piste de cet attrait pour les machines.

 

A propos des noms, on pourra peut-être également voir une référence à l'intemporel Calculating Infinity de The Dillinger Escape Plan sur le morceau de clôture « quitting infinity », bien que ce ne soit absolument pas une certitude. Mais comme The DEP fricotaient déjà avec les ambiances électroniques sur cet album à la fin des années 90 (souvenez-vous, « Weekend sex change » par exemple, ou la reprise de « Come to Daddy » d'Aphex Twin sur l'EP suivant), c'est tout à fait possible.

 

On ressent par ailleurs aussi très vite des affinités avec un autre groupe de hardcore en vogue du moment, Knocked Loose, dans les breaks, l'agressivité permanente et un sens assez groovy de la rythmique faite pour décoller de la rétine à la chaîne. C'était peut-être ça, la pochette, en fait. Associé à la lourdeur d'un son (produit par Will Putney, décidément derrière de nombreuses sorties ces derniers temps) à la Code Orange, il faut vite se rendre à l'évidence qu'errorzone fait mal, très mal.

 

Franchement, un riff comme celui de « rebirth protocol », qui rajoute comme on le disait plus haut presque des accents neo à ses penchants chaos, ça a de/dans la gueule. Le break dont la lourdeur n'a d'égal que la joie de retourner au travail après les vacances de « broken glass complexion » doit pouvoir faire obtenir quelques jours d'ITT sans problème s'il en est besoin (petite astuce perso : à faire écouter au patron dès les premières minutes de votre retour pour une efficacité maximale).

 

La première moitié de l'album est particulièrement intense, avec aucun morceau qui n'atteint les deux minutes trente. C'est dans la seconde moitié que les temps se dilatent (par effet de gravitation peut-être), permettant au groupe d'aller s'aventurer dans d'autres ambiances et varier un peu les plaisirs, avec des rythmiques parfois plus lentes, et même quelques choeurs en backing vocals plus clairs (« doomtech », sur le presque plus post-hardcore « untitled » ou vers la mi-morceau de l'éponyme « errorzone »). On reste toujours aussi pachydermique et presque sans pitié, mais cela crée tout de même de petites bulles de répit dans la profusion, du fait de ces quelques zones plus « calmes », avant de se faire replonger la tête sous l'eau.

 

Alors on pourra peut-être reprocher quelques sensations de redites dans certains riffs, du genre « accords lourds et saccadés qui viennent buter sur une fin de mesure plus stridente », un classique du genre, mais cela donne malgré tout une certaine continuité entre les morceaux, et donc aussi de la cohérence d'ensemble, et finalement la sensation d'une direction assez précise vers laquelle se dirige le groupe.

 

Bref, je ne vais pas vous faire un dessin : Vein.fm ont proposé sur errorzone un empilement de riffs et de morceaux qui ont fait de ce disque l'un des meilleurs de l'année 2018 dans le domaine du hardcore, et qui laisse espérer de grandes choses pour la suite, prévue pour mars 2022.

 

A écouter par tout ceux et toutes celles qui préfèrent leur hardcore avec supplément pâte à tarte. Dans la gueule, la tarte.

photo de Pingouins
le 08/02/2022

2 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 08/02/2022 à 11:49:39

Je n'ai jamais pris le temps d'écrire sur cet album que j'avais vraiment adoré et c'est cool que quelqu'un le fasse enfin ici.
 Il y a chez Vein une énergie plus proche du metal avec une efficacité hardcore. Ça tabasse et on ne s'emmerde jamais.

Pingouins

Pingouins le 09/02/2022 à 19:20:56

Ah moi je trouve que ça reste du côté du hardcore tout de même. Métallique certes, mais tout de même, dans l'esprit HxC.
Espérons que le prochain soit du même acabit !

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