Vuur - In This Moment We Are Free - Cities

Chronique CD album (1:04:00)

chronique Vuur  - In This Moment We Are Free - Cities

Je vais être honnête d'emblée : la première écoute de ce premier album de Vuur ne s'est pas fait sans son lot de frissons. Et pour cause, c'est avec ce In This Moment We Are Free – Cities qu'Anneke Van Giersbergen refait son entrée dans le monde du metal avec un véritable groupe depuis son départ de The Gathering il y a tout juste dix ans. Bon, ok, The Gathering, ce n'était plus vraiment du metal à ce moment-là on en conviendra. Bon ok, la charmante Hollandaise n'a jamais perdu de vue le courant qui l'a faite connaître tant elle a multiplié les guests entre temps, tout particulièrement avec Danny Cavanagh d'Anathema, Arjen Lucassen (avec Ayreon sur quelques titres puis en totale collaboration sur le projet The Gentle Storm en 2015) et Devin Townsend (en est-elle progressivement devenue un membre studio à part entière d'ailleurs...). Elle s'est même tapée l'incruste chez Within Temptation, Moonspell et Napalm Death (!), c'est dire tout l'amour qu'elle voue pour le metal la madame. Mais bon, ce n'était pas tout à fait pareil. Surtout qu'en parallèle, elle menait sa carrière solo dans le pop/rock oscillant entre atmosphérique et purement calibré commercial selon les albums. Du coup, comprenez bien : quand on est fan d'une figure comme Miss Anneke, tenir dans les mains un tel album purement metallique, ça fait son petit effet. On en viendrait presque à dire que c'est un symbole à lui tout seul : celui du retour d'une grande voix qui nous en aura collé des frissons sur des monuments tels que Mandylion ou encore How To Measure A Planet ?.

 

D'entrée de jeu, « My Champion – Berlin » nous ôte la crainte n'avoir affaire qu'à un misérable The Gathering-bis. Vuur est un peu la synthèse musicale des collaborations les plus importantes et récentes d'Anneke Van Giersbergen, à savoir Arjen Lucassen et Devin Townsend. On y retrouve l'approche moderne héritée du Canadien déjanté, souvent direct et heavy, ainsi qu'une nette tendance vers le progressif caractéristique de son homologue néerlandais. Qui ne se cantonne qu'au rang de tendance car Vuur ne se perd jamais derrière des solos aussi prétentieux qu'interminables. Les sentiers empruntés restent plutôt balisés. En cela, le progueux pur et dur pourra parler de simplisme. Mais comme nous ne sommes pas ary(j)ens, on parlera simplement de calibrage. Même si à la longue, cela peut tourner vers l’aseptisé tant les structures globales se ressemblent toutes, en plus de miser avant tout sur l'efficacité et l'accroche. C'est surtout sur les détails au cas par cas, chaque pièce devant être prises individuellement, qu'on y trouvera une certaine diversité. Du riff arabisant sur « Save Me – Istanbul », un solo bien classe-mais-tout-en-modestie sur « Valley Of Diamonds – Mexico », un côté haché de « Time – Rotterdam », une montée crescendo en puissance sur « Reunite! – Paris », voilà quelques petits exemples illustrant que In This Moment We Are Free – Cities n'ira pas nous ennuyer de par une trop grande linéarité. Après, on ne le cachera pas, si la forme demeure hétéroclite, elle ne se révélera nullement marquante d'un simple point de vue instrumental. Tout ce qu'on nous sert ici a été pleinement éculé dans le style, quand bien même ce soit bien ficelé et interprété.

 

Si ce n'est pas d'un point de vue des instruments qu'il faudra trouver transcendance, on se penchera sur la voix. Anneke Van Giersbergen joue une plus-value non négligeable au registre de Vuur. Et il y a fort à parier que si un chanteur lambda aurait été à sa place, le résultat aurait vraiment paru quelconque et sans âme. En cela, l'organe vocale de la Hollandaise n'a pas perdu de sa superbe en vieillissant. Toujours à réussir ce tour de force à se montrer plutôt technique avec une voix aux multiples facettes – passer d'un chant tout en puissance à une légèreté folk en un clin d’œil, c'est pour les tapettes – sans aller jusqu'à chantonner des opérettes. Mais surtout, toujours ce don à insuffler une intensité émotionnelle inimitable qui fait toujours mouche. Apposez ça à ce fond musical plutôt clinique, on obtient un contraste aussi troublant que fascinant. Il faut dire qu'Anneke n'a pas son pareil en terme de passion et d'implication. Pour le cas de In This Moment We Are Free – Cities, elle nous conte des souvenirs mis en musique que lui évoquent toutes les villes citées sur cet album et ce, en toute simplicité et sincérité. Ce qui fait que même si le fond reste souvent direct et heavy, une sorte de charme transparaît : celui de partager quelques tranches d'intimité, entre complicité et flatterie d'apparaître indirectement dans son cœur. Et pour jouer la chauvine, on savait que la Néerlandaise a toujours eu une affection toute particulière pour la France et ce n'est pas le « Reunite! – Paris » qui ira remettre cette affirmation en question. On ressent dans son ambiance et sa narration une contemplation à la fois joyeuse et nostalgique de retrouver un lieu cher quitté depuis trop longtemps.

 

Sans aller dire qu'il ne faut voir en Vuur que du fan-service, il faut bien retenir cette notion de symbolique quand on parle de ce premier essai. Car il faut bien comprendre que le fan le boira comme du petit lait avec plein d'amour – et le possèdent par ailleurs depuis belle lurette, ils n'allaient pas attendre cette présente chronique – les plus modérés, en revanche, n'y trouveront qu'un album solide et de qualité mais fort classique dans son genre. Il ravit les oreilles mais n'ira pas le subjuguer. Alors que le fan sera transcendé. Ce fan – dont je fais partie – pourra arrondir la note au supérieur. J'ai choisi d'afficher la note du point de vue du sympathisant. Mais dans tous les cas, 0,5 voire 1 point de plus ou de moins, ça n'ira pas changer le fait qu'Anneke a peut-être mis dix ans à revenir pleinement dans les sphères metalliques mais au moins l'a-t-elle fait en empruntant la grande porte.

photo de Margoth
le 15/01/2018

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