W.I.L.D. (ex-Wild Karnivor) - Purgatorius

Chronique CD album (50:00)

chronique W.I.L.D. (ex-Wild Karnivor) - Purgatorius

Nous sommes fin 2016 / début 2017. Près du clocher d'un paisible village des Hauts-de-France nommé Willerval, non loin du château d'eau de la commune se trouve un petit plain-pied de crépis blanc coincée entre deux maisons aux briques rouges. 
Nous sommes dimanche, il est 11h30, la rue est calme, deux voisins de longue date parlent des vies de leurs enfants, un coureur aux jambes de feu, aux mollets sculptés passe à toute vitesse sur le trottoir d'en face...et sait parfaitement ce qu'il se passe dans cette "baraque". Ce magnifique athlète accompli, c'est moi.

 

"On ne sait jamais ce qu'il se passe derrière une porte fermée" dit-on. 
Il arrive que la parole populaire soit sage, car cette maison abrite un petit studio d'enregistrement qui a déjà accueilli quelques groupes bien chonchons de la plus septentrionale des régions de la métropole française.

C'est donc là que W.I.L.D a posé ses amplis chaque weekend pour cracher son "Purgatorius".


Dans la forme d'une première écoute, on se prend un mur vraiment brutal, death à peine groovy (surtout comparé aux débuts du groupe) avec un chant bien grassouillet pour des paroles qui ne respirent pas la joie.

Dans le fond, et avec un peu plus d'attention, W.I.L.D est bien moins bas de front qu'on ne l'imagine.
Cela ne l'empêche pas de "tabasser". Avec un nouveau batteur qui frappe aussi puissamment que son prédécesseur, le bûcheronnage semble toujours être une activité en vogue dans le groupe. L'auditeur est mis au parfum de cette orientation sonore dès "Drugs by way of food"  tant il est évident qu'on met les fûts devant, les cymbales loin derrière.
Une profondeur, une résonance qui a tendance à écraser une basse assez effacée depuis "Agony of indecision". Des choix qui privilégient le lourd puissant et violent au mépris des allures plus groovy d'antan.

Il en est de même pour l'aspect death'n'roll qui caractérise si bien le groupe. Là encore, l'étiquette  "'n'roll" en prend un coup. On en repère bien encore de sévères traces, le riffing n'ayant pas tourné complètement le dos à sa personnalité, mais ce n'est plus l'axe principal de travail de composition.

Possible donc que l'évolution, même si elle avait déjà bien été entamée sur l'album précédent, perturbe des fans de la première heure...sans les chambouler. Possible aussi que les oreilles vierges de W.I.L.D. y trouvent leur compte, parce qu'il est temps de mettre fin à l'enthousiasme pondéré des paragraphes précédents.

 

"Ce qui n'évolue pas est voué à mourir" : alors les nordistes évoluent tout en s'attachant à un genre aux piliers indéboulonnables.

"Purgatorius", c'est du solide, du costaud, de la mandale pendant 44 minutes. Ou plutôt 43, suite à un intro "qui n'en est pas une", mais qui, en fait, en est une quand même. 
W.I.L.D. délaisse donc SES fondamentaux pour ceux plus généraux de son style. Par petites touches, à petite dose, un riff par-ci (ou un passage acoustique dont la résonance Opeth sur "Holy grail" etc.), une bonne grosse basse par là ("A ray of hope") : ce qui faisait l'essence du groupe est aujourd'hui plus insidieux, moins limpide, mais aussi plus en accord avec l'univers développé dans cet album-concept.

 

Du "metal de la mort" en musique, et en mots aussi. L'écriture importe énormément là où le visuel manque de clarté et d'explications pour un disque qui a l'ambition de raconter une histoire. Mais le plus primordial et remarquable demeure l'interprétation : c'est sans doute là le gros point positif de ce disque.
De la couenne collée sur les cordes vocales de l'homme au micro, il y en a, mais ce disque aurait pu se révéler d'une terrible platitude si seul le gras avait parlé.
C'est le cas pendant 80% du temps, avec réussite, efficacité. Les 20% restants sont des cris plus thrash (ou au contraire plus lourds et profonds), des choeurs bienvenus, des samples et...des silences.


Ce "Purgatorius" tient carrément bien la route et à différents niveaux d'écoutes. Il y aura celle qui activera mécaniquement les cervicales et l'autre, plus attentive qui offrira l'occasion de découvrir un disque bien plus subtil qu'il n'y paraît.

photo de Tookie
le 12/07/2017

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