Warfect - Scavengers

Chronique CD album (52:46)

chronique Warfect - Scavengers

En horoscope chinois, je ne sais plus si c'était le dragon, le ténia ou la musaraigne à poil ras, mais en horrorscope musical, 2016 aura définitivement été l'année de la Faucheuse. Comme tous les ans me direz-vous. Oui mais là quand même, tout particulièrement: Ouïe! Je vous épargne la liste des tombés au champ d'honneur, vous les avez pleurés tout autant que moi. Mais 2016 aura également été l'année des belles découvertes Thrash. Le Thrash... Mais si voyons: ce genre jadis sulfureux, dont les têtes de pont sont devenues des têtes de gondole, voire des têtes de noeud ne produisant plus grand chose de décoiffant. Cette chapelle au sein de laquelle la nouvelle génération a bien du mal à proposer de vraies nouveautés excitantes. Ce courant qui ne nous fait plus frissonner que grâce à quelques anciens particulièrement finauds (Overkill, Testament, Annihilator & co). Eh bien 2016 aura vu l'émergence de quelques sacrées pépites, en provenance cette fois de la “base”, jeune et trépidante. Hatred, VektorCrisix (ces 2 derniers atterrissant carrément dans mon Top de fin d'année!)... Et à présent Warfect.

 

En même temps c'était marqué sur leur front que ceux-là étaient de gros poisson. C'est que les gars ont tous les atouts dans leurs poches. Atout pique: une pochette “Les Pieds Nickelés se la jouent Orange Mécanique sur la tombe de Papy Pétoux” réalisée par Mr Bouzikov, le disciple de Repka qui a déjà bossé pour Municipal Waste, Skeletonwitch, Fueled By Fire & co. Atout trèfle: leur nationalité, Suédoise, souvent synonyme de savoir-faire et d'efficacité. Atout carreau: le label, dénicheur de “trve” talents, Cyclone Empire. Atout coeur: un line-up prélevé dans les rangs de Lord Belial et Bestial Mockery entre autres... Ça a quand même une autre gueule que “Benjamin et Albert vous proposent leur première démo, by Playskool” non ?

 

Et nom de nom, ici l'habit fait salement le moine! Car sur ce 3e album (putain déjà?!), Warfect colle tous les potards dans le rouge en bourrant-bourrant-bourrant, oui, mais avec une putain de science de ce qui fait frétiller dans leur caleçon les chevelus patchés. C'est bien simple, ce Scavengers est tellement fourré à la nitro qu'il flirte bien souvent avec le Thrash/Death aux canines apparentes de Defleshed. Le tout étant rehaussé d'un chant venimeux évoluant dans la sphère vocale d'un Tom Angelripper jeune, la dimension Black en moins. Sur 11 titres, comptez-en bien 8 qui tabassent méchamment et qui contiennent en leurs turbulents recoins de ces grosses giclettes d'adrénanile qui provoquent invariablement des frissons dans l'échine.

 

Extrêmement jouissif, donc, plus riche que ce que pourrait laisser penser le tout premier abord (“Carrément bonnard ce truc, mais un peu beaucoup déjà vu, non ?”), cette galette exploite à la perfection tous les ressorts du genre. Solos poignée en coin, démarrage dans l'urgence, finals ébourrifants, accélérations quand-y-en-a-plus-y-en-a-encore, refrains qui font mouche, les Suédois sont aussi virulents que pertinents. Et les tueries de s'enchaîner de “Purveyors of Cadavers” à “Anatomy of Evil”, de l'excelentissime “Suffocate The Chosen” au superbement fielleux “Predators”, sans oublier le furieux “Skin Bound” et un “Savaged By Wolves” boosté au Benco. Tout ça en réussissant à varier le propos. Car outre Sodom et Defleshed, on pense à Kreator, à Slayer sur le moi-aussi-je-peux-écrire-mon-Dead-Skin-Mask “Evil Inn”, ainsi qu'à Anthrax lors des grooveries de “Savaged By Wolves”. On entendrait même un peu de vieux Metallica sur l'un des riffs de “Reptile” – même après le passage du coton-tige, si si.

 

Si on s'en tenait là, Warfect serait au coude-à-coude avec Crisix sur le podium Thrash de 2016. Sauf que si le groupe excelle dans l'agression fulgurante surin entre les dents, il est plus fade – ou disons plus commun – sur les tempos lourds et lents. Et que malgré cela, au lieu de rester "sagement" cantonné à son domaine de prédilection, il ne peut s'empêcher d'aller parfois traîner ses grosses bottes dans des sentiers bien trop boueux pour cavaler. Ce qui, au final, mouchette de tâches peu sayantes son tableau de chasse qui, sinon, aurait été immaculé. C'est vrai quoi, ce “Watchtowers” accidenté au chant à la terne dynamique Schuldinerienne était-il vraiment indispensable? (Oui, c'est vrai, la lead y fait des merveilles et le final défouraille...). Et plagier la bande à Tom Araya en se vautrant dans le sombre et le léthargique (sur “Evil Inn”), ça apporte quoi? Et bordel: c'est quoi ce “Into The Crypt” final, aussi lourd que tristement lugubre? Quel pétard mouillé indigne d'un tel paquet de dynamite!

 

C'est clair, Warfect n'est pas fait pour les tempos charbonneusement traîne-la-patte et les bluettes pour Thrasheurs mélancoliques. Il aurait donc mieux fait d'éviter de s'y essayer. N'empêche... Quelles putain de mandales on se prend sur les 3 quarts de cette galette! Les bougres ont tout compris à ce qui nous fait kiffer! Voilà donc un album qui passe salement près des Félicitations du Conseil de Classe et du podium de fin d'année... A consommer sans modération aucune!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Coups de fouet, coups de bourre, coups de surin, coups de boule, coups de tonnerre... Avec Warfect ça TABASSE! Sur Scavengers on se fait administrer une mémorable correction à coup d'un Thrash aussi fulgurant que joliment affuté lorgnant vers Sodom, Defleshed, mais pas que. N'y aurait eu 2-3 morceaux un peu plus moins vifs et moins marquants, on aurait crié au Messie!

photo de Cglaume
le 11/01/2017

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