Wsm - WoW!

Wsm, que l’on prononcera “awesome” (bien vu et original, au passage) est un trio parisien formé pendant l’été 2020 dans lequel on retrouve Aurélien de Cohaagen dont je vous avais parlé ici. Wsm n’aura attendu qu’une dizaine de répétitions et quelques mois avant de sortir son premier EP,Wow, dont il va être question dans le premier volet d’un triptyque chronicale. En effet, désireux d'un traitement all-inclusive, Wsm nous a envoyé son entière discographie intégralement constituée de trois EP sortis dans un temps relativement court (moins de 2 ans). L'exercice m’a alors semblé intéressant: essayer d'analyser l’évolution du groupe au fil de ses trois sorties.

Première carte de visite musicale du groupe, Wow est un trois titres d'une durée honorable (15 minutes) qui propose un mélange de rock indie légèrement noisy, très très inspiré de la scène idoine du début des années 90. Si vous avez apprécié la nonchalance pop de Nirvana, si vous avez aimé la simplicité électrico-folk des Pixies, si vous avez trippé sur les envolées noisy de Sonic Youth, alors il y a de grandes chances que vous appréciez Wow. Si l’inspiration dans cette musique d’un autre temps et si les influences sont palpables, elles ne sont heureusement que ça, Wsm n’officie jamais dans le plagiat ou dans l’imitation qui fleure le manque de personnalité mais s’inscrit tout simplement dans un style, en propose une coloriage très personnel sans jamais dépasser des lignes.

Wow dégage aussi une impression d’amateurisme mais attention dans les deux sens du terme. Le bon amateurisme car Wsm aime ce qu’il fait, et même si le groupe pourrait encore gagner en maturité, on sent une véritable volonté de bien faire, de raconter quelque chose avec le coeur, de traduire un riche panel d’émotions au travers d’une musique vivante, organique, aérienne et dont la crédibilité sur scène sera un écho naturel à sa crédibilité en studio. En ce sens, Wow est un album qui dégage des vibes très agréables.

Mais il y a aussi l’autre amateurisme, celui des débuts, un peu maladroit mais aussi charmant car profondément humain. Un amateurisme qui se constate dans un son qui ne porte parfois pas suffisamment l’intention artistique. Si le mixage global est de facture correct, basses et guitares manquent parfois un peu d’air et la batterie est trop mat. J’ai eu parfois eu du mal à savoir si j’entendais le kick ou la basse ("A bliss"). Elle manque de ce punch sonore qu’on attend d’elle pour expulser la musique dans les oreilles de l’auditeur. L'EP a été enregistré sur un 8 pistes...Rahhh l'enregistrement analo..C'est beau...Mais c'est un métier, et c'est un métier difficile dans lequel il faut autant d'expérience que de bon matos et s'il existe des albums mythiques enregistrés de cette façon, ils s'inscrivaient dans un contexte technique et musical très différent de celui actuel.

Sauvé par une interprétation parfaitement en place, cet écueil confère, étonnement, à l’album une patine, un label "années 90" qui n’est finalement pas désagréable, renforce le côté très intimiste dégagé par l’album et ne pénalisera jamais le confort d’écoute.

En outre, côté rythmique, certains plans auraient pu être un peu plus élaborés car même si le groupe ne joue pas la carte du groove, la batterie m’a semblé un poil trop métronomique.

Enfin, le format court de l'EP, signe d’un amateurisme que l’on pourrait qualifier de “subi”, nous empêche de rentrer pleinement dans un univers qui semble avoir besoin de plus de 15 minutes pour s’exposer dans son entièreté.

Wow ne démérite pas donc pas même s’il n’aurait pas non plus s’appeler Wahou. Pétri de bonnes intentions, de bonnes vibrations, mais peut-être encore un peu vert, encore un peu jeune et très “dans les clous”, il est en tout cas une entrée en matière tout à fait honorable.

On aime bien : un EP honnête, plein d’une belle volonté musicale, le respect d'un style sans tomber dans le plagiat

On aime moins : le mixage très amateur

8oris

le 02/01/2023