Festival de Dour 2011 - Samedi 16 juillet

Festival de Dour 2011 Samedi 16 juillet (dossier)
 

 

 

Ça y est, on est dedans jusqu’au cou ! On est des vrais festivaliers qui sentent le festivalier. Avec les réflexes de festivaliers qui ont su repérer les bons plans : on ne nous la fait plus pour aller à un endroit sans attendre, aller au bon stand snack, se donner des points de rendez-vous, recharger son portable fissa, etc…

La nuit a été rude (cf. fin du Jour 2) mais c’est reparti pour une grosse journée bien pleine, mais fraîche. Toujours long à démarrer, mais opérationnel ! La météo prévoit encore une journée automnale : vent et pluie. Nickel pour un mois de Juillet ! Mon deuxième pull a à peine eu le temps de sécher, même pas peur…

 

C’est donc pour 17h30 que je m’apprête à assister au premier gig de la journée : Death By Stereo. J’appréhende un petit peu. En effet, à l’image de ce qu’a été Evergreen Terrace au 106 de Rouen (cf. mon tout premier live report pour COREandCO), je m’attends à une bouillie informe de metalcore pas très ragoûtante. Mais ce fut une bonne surprise. Le show du groupe a été plein d’énergie, sans faute, si ce n’est un son quelque peu brouillon. Mais le combo a vraiment su lancer ma journée sur la bonne impulsion. En reprenant la plupart des titres de leur meilleur album, Into The Valley Of Death, les californiens ont réussi à démontrer qu’il est possible de faire du hardcore typé mélo sincère et convaincant sur scène. Merci les gars !

 

Mais si la Cannibal Stage est à ce point bondée, c’est surtout pour assister au concert d’un des groupes hardcore qui buzze le plus en ce moment (à en juger au nombre de fans arborant leur merch entier : short, casquette, maillot et chaussettes, oui, oui !). J’ai nommé Terror ! À n’en pas douter, ça va envoyer du bois… Le soundcheck le laisse espérer. Et bim ! C’est parti ! S’appuyant sur le monstre d’efficacité qu’est Keepers Of The Faith, les californiens (tiens, bizarre, tant ils sonnent vraiment East Coast, en fait…) font manger la poussière à tout ce qu’il reste de sceptiques. Le son est raw à souhait. C’est clair, Terror sait y faire. Le mosh pit prend tout le chapiteau, on frise la guerre civile. La bataille de Dour tant escomptée fait alors rage comme jamais. Je me laisse entraîner par la ferveur collective. L’attitude du groupe est même assez plaisante ; alors que je pensais que ce n’étaient que des poseurs, genre « regarde mon style de pas trop près, sinon je te rentre dedans », les membres du groupe se mêlent au public de façon très classe. Ils font le show et prennent plaisir à le faire. À tel point que quand Scott Vogel demande un VRAI circle pit, c’est le chapiteau entier qui se met à tourner autour de la régie. Impressionnant ! C’était un pur concert, dense, un truc de bonhomme. Pour moi aussi, vu que j’ai même pété l’arcade d’un coreux en envoyant un moulin. Si cette personne me lis, je suis désolé, encore une fois… Je te filerai un sticker COREandCO la prochaine fois !

 

Pas le temps de se remettre de ses émotions (ni de faire un arrêt au stand de la Croix-Rouge, d’ailleurs) qu’il est déjà temps de repartir de plus belle pour voir nos chers Pennywise « nouvelle génération ». En effet, c’est le body buildé Zoli Teglas (officiant auparavant dans l’écurie Ignite) qui a repris le poste de chanteur depuis peu. L’ancien jeune à baggy que je suis est impatient de voir ça. Sera-t-il à la hauteur de Jim Lindberg ? Le groupe entier sera-t-il à la hauteur, en fait ? Parce qu’ils commencent à avoir quelques kilomètres au compteur, les gus : le premier album date de 1991 (20 ans pile poil !). Mais Pennywise est le genre de groupe jamais rassasié, on prend toujours un pied énorme à scander « Bro Hymn », « Society » et tant d’autres tubes des californiens. Malgré tout, la pluie s’invite à la fête vers les deux tiers du set… Tant et si bien qu’il devient impossible de tenir sous ce déluge. Vite, à l’abri… Dommage, parce que la nouvelle formule du groupe est franchement probante, avec une intensité qui ne retombe jamais. Désolé, mais ça ne sera pas au prix d’une pneumonie, surtout que j’ai encore des trucs à voir sur ce festival.

Tout juste le temps de traverser le site pour aller me réfugier sous un chapiteau. Ce sont des véritables trombes d’eau qui s’abattent sur Dour… Là où quelques flaques de boues nous faisaient un petit revival de Woodstock, ce sont littéralement des étangs de boue et c’est plutôt un revival de la Vie Aquatique, maintenant ! Vaille que vaille, the show must go on.

 

Sous ce décor apocalyptique, Agnostic Front fait son entrée en scène. Dour aura fait la part belle au NYHC, cette année. Il ne manquait plus que Sick Of It All et Biohazard et la famille était au complet, quasiment. Ce n’est pas pour me déplaire, mais il faut avouer que le hardcore moderne sait proposer autre chose que des quadras (classieux, certes) qui jumpent partout. Bref, place à Miret et sa bande. Succéder à Terror sur scène n’est pas une mince affaire, mais Agnostic Front en a vu d’autres. Le show qu’ils ont livré a été propre, sans fioriture, avec les « Riot Riot Upstart » et autres « Gotta Go » qui s’imposent. Au métier quoi… Leur son est ultra vénère, loin du punk hardcore old school des débuts… Ce n’est pas pour déplaire à un public toujours autant demandeur de piles on et autres joyeusetés. Très bon moment, sans pour autant recevoir une leçon comme on vient d’en recevoir une avec Terror et Madball.

 

Dans toute cette cohue de naufragés de Dour (les gens sont trempés, certains ont même eu la bonne idée de se gaufrer dans la boue, grimages d’indien !), j’ai réussi à perdre mes petits camarades. « Le petit Geoffrey a perdu ses copains, merci de vous rendre à l’accueil ! ». Qu’à cela ne tienne, on va se laisser aller. Je me rends sous le chapiteau jouxtant la Cannibal Stage, poétiquement nommé La Petite Maison Dans La Prairie. C’est Les Savy Fav qui joue. Ô heureuse idée ! Emmené par un chanteur complètement dézingué, le combo produit un rock garage mâtiné de post punk de haute volée. Ah ce chanteur, comment vous dire… Décrivons comme un gros ourson en caleçon qui s’agite de partout. Une réelle performance : il chante dans la fosse, il chante sur le pylône qui soutient le chapiteau, arrache les chapeaux dans le public, s’habille de plastique recouvrant les barrières, boit de la bière, s’asperge de bière, fait du ventriglisse, bref il n’arrête pas. Si ce n’était pas un jeu, il ferait presque honte à sa mère et surtout à ses copains du groupe. Je n’avais pas vu aussi frappé depuis Monotonix. Ce concert fait passer l’amère pilule qu’est la météo, en plus la musique est bien fichue. Les Savy Fav : la belle surprise de ce festival ! Si vous avez l’occasion de les voir un jour, allez-y les yeux fermés, vous passerez un bath de moment !

Le site est maintenant un champ de boue (je finis par croire que la Belgique ne connaît pas le mot paille). Life Of Agony démarre son gig. Vous vous souvenez de ce groupe ? Epoque fin des nineties, quand on n’avait pas l’autorisation de sortir le vendredi soir. Du coup on regardait Best Of Trash sur la sixième chaîne… Et bien, tout droit ressuscités de cette époque, les américains nous proposent leur vision du grunge metal. On vient d’apprendre quelques heures plus tôt que leur chanteur, Keith Caputo, a officialisé son choix de devenir une femme. Ni une ni deux, on enfile nos perruques et on va voir ça… Qu’est ce qu’il sont taquins, les mecs ! Même si ça fait du bien de revivre ses quinze printemps, de voir en live quelques chansons qui ont bercé notre adolescence, il faut avouer que leur musique a pris un très gros coup de vieux. Le chant de tête du chanteur a fortement tendance à taper sur système. On n’a beau être patient et un peu chambreurs, c’est difficilement tenable. En plus, quelques centaines de mètres plus loin, House Of Pain ne va pas tarder, alors bye bye les années 90 et allons voir les américains les plus irish du circuit… qui ont aussi cartonné dans les années 90, bon je me tais…

 

House Of Pain reformé, ou plutôt Everlast qui joue House Of Pain était une des grosses attentes, pour ma part. Leur reprise de Dr Dre « The Next Episode » en guise d’ouverture a bien de la gueule. La formule hip-hop instrumental a toutes les chances de marcher. De toute façon, on ne va pas se mentir, si on prend le temps d’assister au concert, c’est surtout pour foutre la zone sur « Jump Around ». Le souci, c’est que pour le faire, il faut se fader un gros coup de mou, House Of Pain, aussi, a vieilli. Ou n’est pas particulièrement motivé ce soir-là. Toujours est-il que le set est tâché d’une grosse cassure calme acoustique. Et pour un troisième jour de festival, il ne faut pas nous chanter des berceuses. Qu’est ce que c’était lourd ! Un mythe vient de s’écrouler, passons.

Un petit arrêt aux stands s’impose… C’est dommage de terminer les concerts de la journée sur ce terne show, rien de bien grave une bonne Jupiler fait passer bien des maux. Surtout qu’en rentrant dans la nuit, la bonne surprise est que bon nombre de tentes (les fameuses 2 secondes !) n’ont pas tenu face aux intempéries. Certaines sont même carrément ourdées et trempées… La loose complète, heureusement, certains de mes camarades sont venus en camping car. Ils décident donc de passer la nuit dans leur havre de sec.

 

« Il fallut des efforts inouïs, et que nos malheureux pontonniers, plongés dans les flots jusqu’à la bouche, combattissent les glaces que charriait la Bérézina »

Ségur

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