Hellfest 2016 - Le week-end de Cglaume - Première partie

Hellfest 2016 Le week-end de Cglaume - Première partie (dossier)
 

 

Avouez que ça finit par devenir barbant, années après années, de lire les mêmes Hellfest reports relatant les tribulations de tel freluquet expert en circle pit, ou de tel érudit bougon grommelant sur une basse sous-mixée ou sur l’absence d’extrait de la première démo lors du set de Vlad T'Herpès… Pour renouveler un peu l’exercice, cette année CoreAndCo a carrément engagé l’intégrité physique de son lapin-reporter afin de vous faire vivre la plus claudiquante, la plus fauteuil-roulante des aventures vécues en terres clissonnaises, une expérience thématique sans équivalent…

 

EVIL BEQUILLES

==== < Le Hellfest des P.M.R. (pour « Pit Moyennement Remuant »), ça déboîte ! > ====

 

 

N’écoutant que sa conscience professionnelle, votre serviteur à grandes oreilles a donc accepté de se faire une maousse entorse de la cheville pile-poil 2 jours avant son départ pour le pays des décibels. Ainsi armé d’une seyante orthèse suro-pédieuse (bref : un attelle de maintien de la cheville) et de 2 béquilles de compétition, je rejoignais un collègue du webzine-ami des Eternels – lui aussi « strappé » de près –, puis une fois sur place d’autres compères de Thrashocore et Rock Hard – les uns et les autres blessés à des degrés divers en ces mêmes régions inférieures et pourtant vitales à l’équilibre –, cette joyeuse équipe optant pour le patronyme collectif des « Copains clopants », « Les Pieds niqués » ayant été écarté pour des raisons d’anti-foot fétichisme primaire. Il apparut néanmoins assez vite que seuls les usagers de béquilles seraient véritablement en mesure de vivre l’aventure de l’intérieur, au milieu des grands brûlés et autres handicapés ceintures noires.

 

Mais n’allez pas croire que les seules béquilles vous ouvriront les portes des espaces VIP (Very Impotent Person) du Festival de l’Enfer… Grave erreur : sachez donc, grands blessés en devenir et potentiels éclopés de l’édition 2017, que pour vous voir attribuer le précieux sésame P.M.R., il vous faut soit une carte officielle d’handicapé en bonne et due forme (mais peu d’entre nous font partie de cette haute noblesse de la boitillance), soit un mot de votre médecin préféré attestant de l’extrême nécessité que vous soient portées les attentions les plus délicatement paramédicales. Arf, c’est que nous autres avions complètement occulté la chose, et n’avions donc pas moyen d’effectuer notre reportage au cœur de l’action… Mort-né le B’Hellquilles Report ? Meuh non : c’était sans compter sur la présence sur le site de la Croix Rouge. Sacrifiant une grosse partie du créneau 10h30 – 11h du vendredi matin pour aller voir un disciple du bon Dr Kouchner, nous finîmes par obtenir l’ordonnance nécessaire, puis le fameux sésame. A nous les infirmières peu farouches, les cocktails vodka / mercurochrome et les petites pilules des espaces PMR !

 

Avertissement préalable : qui dit accès PMR dit placement zarbi par rapport aux scènes. Et qui dit placement zarbi dit son moisibus et angles de vue « particuliers ». Du coup ne vous attendez pas à trouver ci-après des réflexions du style « Les lignes de basses d’Olaf étaient vraiment marécageuses et empiétaient malencontreusement trop sur des guitares dont seules les aiguës ressortaient proprement dans le mix » ou des « Les poils de nez du batteur étaient d’une teinte blond/roux qui se mariait magnifiquement avec le jaune opalescent des chaussettes de la bassiste ». Parce que de là où l’on est perché, les oreilles comme les yeux abandonnent le subtile et l’insaisissable pour se concentrer sur le feeling et les ambiances. On vous aura prévenu…

 

 

 

JEUDI, METAL CORNER :

Qui dit mobilité réduite dit « finies les conneries ». Pas de camping pour Bibi cette année, donc, mais à la place partage de piaule avec les copainnnngs. La piaule en question étant située chez un producteur de Muscadet, le début de Hellfest se fait sous le signe du « Il a pas un petit goût de banane ? » et du « Vous me faites une réduction si je vous en prends 5 bidons de 10 litres ? »… Vous me l’accorderez, il y a pire pour se mettre en jambes (expression a priori à proscrire, m’enfin bon). Mais avant de rouler sous la table, l’un des compères dégustateurs a la bonne idée de se souvenir que c’est au Metal Corner que les vraies hostilités sont censées commencer. Roule me poule, Chauffe Marcel : en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Glycosylphosphatidyléthanolamine nous atteignons le lieu de remise des précieux sésames permettant d’accéder au site. Première constatation : la paille au sol, c’est a priori une bonne idée, mais en absence d’humidité la chose saute à la gorge pour faire tousser le quadra’… Kof Kof Kof. Du coup, une fois la carte rechargée en thunes, direction le bar pour calmer un gosier quelque peu irrité.

 

… Et là, c’est le drame !

 

C’est le drame, oui, car arrive soudain la prise de conscience hautement douloureuse suivante : marcher avec des béquilles et se déplacer en portant une binouze sont 2 activités non compatibles. Je ne vous cache pas que pendant le court instant suivant cette révélation, on n’a plus en tête qu’une seule chose : NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!! Ce n’est donc qu'après avoir consciencieusement vidé mon godet que je me dirige vers la tente pour voir ce qu’il s’y passe… Grosse blastance des familles, tsunami guitaristique : je tombe sur le Brutal Death de Kakothanasy. Mais malgré l’occasion que me donnent ces Suisses de transcender la frustration du moment via une bonne séance de yoyo nuquesque, la musique du combo ne suffit malheureusement pas à me faire oublier la triste nouvelle tombée quelques instants plus tôt. Après un détour du côté des baraques à boustifaille dînatoire, je m’en retourne boitiller vers la tente dans l’espoir de faire une découverte juteuse. Sauf que c’est alors au Punk Rock joyeux d’Angry Days de prendre le relais, et que dans la situation courante, je me vois mal faire du skate… Après un tour d'horizon des monts et merveilles proposés au Metal market, on réintègre donc finalement la Hellbulance pour s'en retourner au clapier, histoire de prendre des forces pour la suite des évènements.

 

 

 

VENDREDI 17 JUIN 

Après un petit-dèj' plein de jus de raisin maison et de « Curé Nantais » (le fromage, voyons, pas le pédophile !), menu qui change avantageusement des Pitch engouffrés au son des « Apéroooooo » du camping, notre petite troupe prend la direction du site. Première étape stratégique : se faire attribuer un pass P.M.R. afin 1) de réaliser pleinement la mission journalistique qui nous a été confiée 2) de pouvoir garer la voiture au plus près du lieu des réjouissances. Le passage par la tente de la Croix Rouge nécessaire dans ce cadre n’aura qu’un défaut : me faire louper une bonne partie du set de Witches. On n’assiste donc qu’aux trois titres finaux de la bande à Sibylle, ce qui laisse peu de temps pour convaincre mais permet de constater que, bien que relativement statique sur scène, ces vétérans envoient un Death old school bien pêchu. On en regrette d’autant d’avoir manqué le rendez-vous 3.4.1 à l’époque de sa sortie. Ce premier concert est surtout l’occasion de tenter plusieurs approches pour réussir à profiter d’un concert en béquilles, celle du « Je m’appuie contre les barrières attenantes à la console » s'avérant finalement la meilleure. C'est également l’occasion d’apprécier le nouvel agencement Altar / Temple, dont le positionnement côte-à-côte et non plus en angle droit permet de limiter les désagréments dus aux sound checks effectués par les « groupe d’après »…

La tranche 11h-11h30 n’étant pas squattée par des groupes susceptibles de nous accélérer le rythme cardiaque, la fin du concert de Witches devient une invitation naturelle à entamer un tour du site… Rapide, une pluie fine s’étant décidée à procéder au baptême de cette édition 2016 !

 

Les débuts de Hellfest étant souvent marqués par des concerts de Thrash sur les Main stages, on est un peu étonné de devoir attendre 11h40, et d’avoir à se rendre à nouveau sous l’Altar pour aller assister au concert de Dust Bolt. Crénom : si le Thrash est dorénavant considéré comme extrême, le public des éditions à venir risque de plus en plus de ressembler au fan club de Linkin Park ! En attendant, les conseils que nous ont prodigués le collègue des Eternels s'avèrent pertinents : ce groupe allemand de Thrash à l’ancienne est bien sympathique, dans une mouvance Exodusso-SacredReichienne tout à fait convainquante. La grosse énergie dégagée sur scène déborde largement sur un public enclin au circle pit. Mais les teutons ne font pas que dans l’échevelé classique et proposent également de bonnes mosh parts, de belles éruptions de twins mélodiques, quelques aboiements plus typés Crossover… Bref un panel finalement assez large de Thrash réjouissant. Et les quelques extraits de leur dernier album (alors prévu pour le mois suivant) ont de quoi séduire les amateurs.

 

Nouvelle escapade loin des scènes pour la tranche horaire suivante, les béquilles étant une bonne excuse pour ne pas devoir essayer les Cruachan et autres Tremonti qui ne nous disent vraiment rien... Alors je ne sais pas si c’est la proximité rassurante de la Croix Rouge qui joue ou non, toujours utile que c’est encore et toujours sous l’Altar que l'on revient pour la 3e fois afin de vérifier tout le bien qui nous a été dit des Américains de Skeletal Remains. Parce que, oui, comme pour beaucoup des concerts de début de journée, la présence du festivalier est plus due à la curiosité ou aux conseils prodigués par les potos qu’à une réelle connaissance des groupes qui se produisent. Du coup c’est la tête plus pleine d’a priori positifs que d’une réelle maîtrise du sujet que nous retournons sous la tente, alors que le soleil revient enfin. Et pour la première fois de la journée on utilise le fameux pass PMR pour aller voir comment les choses se passent au pied de la scène. Arf… Le son est bof-mouôf, et côté visibilité ça n'est guère mieux. C’est donc les sens un peu entravés que l’on décortique la zic du groupe pour lui trouver d’agréables relents à la Pestilence / Monstrosity, ceci en partie du fait d’une patte old school (jusque dans les fringues de vieux thrasheurs) et d’un chant à la Patrick Mameli. Par contre côté jeu de scène, l’énergie insufflée précédemment par les Allemands de Dust Bolt a totalement disparu : que tout cela est statique ! Mais c’est vrai que le set nous aura quand même donné envie d’aller jauger sur pièce ce que vaut Condemned to Misery, leur dernier album. Pas tout le temps à blinde, adoptant la posture du coureur de fond plutôt que celle du sprinteur, le groupe a compris que le fan d’old school n’a que faire des exploits des Origin et autres Spawn of Possession : il veut du groove et de l’agression directe, du coup de poing américain plutôt que du marteau-piqueur laser !

 

13h30, pas le temps d’aller boustifailler : Solefald se produit à quelques encablures de là, sous la Temple. C’est à ce moment que l’autre avantage du nouvel aménagement Altar / Temple se révèle à nous : pour les pauvres P.M.R. que nous sommes, le passage d’une scène à l’autre devient du gâteau, une courte marche permettant de rejoindre la scène jumelle en une poignée de secondes. C’est d’autant mieux qu’un détour par l’extérieur n’aurait pas été des plus sympas, la pluie s’étant à nouveau invitée à la fête. C’est sur « CK II Chanel № 6 » que les Norvégiens nous accueillent donc, enrobés d’un beau jeu de lumières bleues. Bandeau de kamikaze autour du front et toge large en guise de costume, Cornénius attire à lui les quelques regards qui ne se perdent pas dans la contemplation du peintre invité pour l’occasion, celui-ci réalisant « en live » (l’expression est appropriée du coup) une tête de cheval stylisée. Le titre ancien utilisé en guise de mise en bouche (1999) s’inscrivant dans une veine « Smart Black » à même de plaire à l’amateur d’Avant-Garde Metal ayant découvert le groupe au comble de la « Bububu-mania », je me glisse dans ce show comme un ours brun dans une ruche, avec plaisir et volupté. Et le public de faire de même, les salutations effectuées dans un très bon Français par Cornélius n’étant qu’un élément de plus attisant notre sympathie. Puis passage des lights au rouge pour le titre suivant, plus typé « Post’n’Folk ». La lumière passe ensuite au blanc/jaune pour le 3e titre, qui persiste dans l’univers Folklo-Black, mais se révèle receler un break excellemment dansant… Mais ce n’est qu’à l’arrivée de « World Music with Black Edges », extrait du dernier album en date, que notre tension s’élève franchement, les « Yeah-yeah, yeah-ii-yeah » du titre, les percus et la touche Electro-Techno-Folk Metal du morceau emmenant notre pauvre carcasse brisée dans une folle sarabande aussi orange (couleur des lights d’alors) qu'envoûtante. Puis retour au bleu pour un titre mélangeant saxo et lourdeur doomy, avant de s’en revenir à nouveau sur des terrains nawako-friendly à l’occasion d’un « Vitets Vidd I Verdi » séduisant dès la première écoute (je parle pour moi). Et le set de continuer ainsi sur encore 2 titres, notre seul regret étant 1) une tente trop peu remplie 2) l’absence de la tuerie « Bububu Bad Beuys ».

 

14h20, l’heure du miam, enfin ? Penses-tu : les orfèvres italiens de Sadist doivent fouler les planches de l’Altar tout-de-suite-maintenant, l’occasion de prouver que ventre affamé peut tout à fait avoir des oreilles. Il faut dire que malgré les nombreuses errances qui ont marqué sa carrière, le groupe bénéficie dans mon petit cœur de lapin unijambiste d’une aura sans pareil, Tribe ayant illuminé mes toutes premières années post-Baccalauréat. C’est donc avec l’espoir fou de pouvoir entendre des titres de cet opus chéri que je m’en retourne clopiner en sens inverse, vers l’Autel 4 étoiles. L'arrivée des Génois se fait sur un tapis rouge tout en crescendo de percus. Constat immédiat, et ce malgré une localisation toujours aussi bancale : le son est très bon, on entend parfaitement tout – la basse et le clavier notamment –, en dehors du chant peut-être, qui n’est de toute façon pas le point fort de la formation. Après 2 titres bons mais pas gravés dans le mou de notre encéphale arrive enfin « The Lonely Mountain », premier titre du petit dernier, Hyaena, qui prend ici une toute autre dimension. Belles parenthèses technico-mélodiques, basse égrenant une véritable cascade de notes moelleuses : le cocktail est savoureux.

Et le constat fait à l’occasion des chroniques des derniers albums de se voir réviser : si les musiciens sont des techniciens indiscutablement aguerris, ils proposent autre chose que de stériles séances de branlage de manche. Et si ces dernières années l’exercice du studio n’a pas toujours permis de voir au-delà de leur dimension « musicology nerd », la prestation du jour remet les pendules à l’heure. On reste sur le même album avec « Bouki » au cours duquel on ne peut s’empêcher d’avoir la mâchoire qui se déboite en observant Tommy Talamanca enchaîner parties mélodiques au clavier et solos de guitare comme on passe du café au calva’, de la plus naturelle des façons, sans effort apparent. Par contre côté micro, Trevor a tendance à manquer de charisme. M’enfin il est vrai que ce n’est pas lui qui attire la majorité des regards, le spectacle (technique) se passant surtout du côté des musiciens. Ce n’est qu’au 6e morceau que le thermostat de mon palpitant passe sur 12, lorsque retentit le clavier englouti du morceau tout droit sorti de l’Atlantide : « Tribe ». Enfiiiiiiiiin ! A partir de ce moment mon jugement se verra nettement entravé par la grosse couche de chamallow rosâtre qui filtrera mes capteurs sensoriels pendant vingt bonnes minutes. C’est donc sur un petit nuage que je vis les 2 derniers morceaux, l’amertume de n’avoir eu droit qu’à un seul titre de L’album culte n’émergeant qu’une fois la toute dernière note éteinte…

 

Après s’être muni de quoi empêcher mon estomac d’imiter le cri du balrog en rut, il est déjà temps de courir (mouais. Ça reste une expression en l’occurrence) au VIP pour rejoindre l’ami Pidji afin d’effectuer l’interview de Solefald que notre collègue Xuaterc aurait dû mais n’aura pas pu effectuer. Résumé de l'exercice, en un mot : ces mecs sont des crèmes ! Mais vous pouvez vous en rendre compte par vous-mêmes en allant lire l’article en question

 

Tout cela nous aura fait louper quelques groupes, notamment Havok qu’on aurait bien aimé tester – mais tant pis, ce sera pour une prochaine fois! La suite des évènements nous permet par contre d’aller enfin prendre un bon bain de Thrash devant la Main Stage 1 pour aller voir les grands anciens d’Anthrax qui y élisent domicile pour 50 bonnes minutes. Bon alors certes, tout le monde le dit : For All Kings, le petit dernier des Américains, est un très bon album. Certes. Mais perso je n’ai pas encore eu l’occasion de me le déverser dans le pavillon auriculaire. Et si « You Gotta Believe », extrait de ladite galette, s’avére bien sympa pour ouvrir leur set, il ne m’a pas non plus donné envie de me précipiter sur mon disquaire préféré pour effectuer l’achat de rattrapage qui me permettrait de me mettre à jour dès mon retour. Heureusement, les classiques qui suivent réveillent l’ancien volcan dont on savait bien qu’il n’était pas trop vieux. Avec « Caught In a Mosh », « Got The Time », « Antisocial » puis pour finir « Indians », on se prend une dose de décibels suffisante pour ressentir cette sensation unique d’avoir à nouveau l’âge d’aller au lycée. M’enfin l’« effet P.M.R. » – 1) qui implique de partir en croisade à travers le site pour rejoindre l’espace P.M.R. des Main Stages, tout là-bas, aux confins des Terres du Milieu clissonnaises 2) et qui donne l’impression de vivre le concert par procuration, via écrans géants interposés – aura quand même bien réduit l’effet Kiss Cool attendu de ce genre d’expérience... 

 

Du coup l’obligation de « cavaler » de long en large à travers le site nous ayant bien niqué les muscles, c’est presque contraint et forcé qu’on fera notre deuil du set de Vader – dont on a de toutes façons loupé les sorties postérieures à Revelations (… ça fait un bail, oui, c’est ça). Mais cette impasse est un mal pour un bien puisqu’elle nous permet de boire un coup (puis un 2e. Puis…) avec Nicolas Alberny, 2nd et plus jeune guitariste de Gorod qui, l’alcool lui déliant la langue, nous en apprend des vertes et des pas mûres. Mais nous n’en dirons pas plus, notre parole ayant été engagée dans l’opération.

 

Il était dit que ce vendredi serait la journée du Thrash U.S.. Car les 3 shows suivants nous maintiennent tous sans exception sous l’Altar, afin d'y célébrer le genre sous l’égide de 3 groupes qui, au siècle dernier, évoluaient à proximité de la porte du Big 4, prêts à tout moment à prendre la place qui pourrait s’y libérer. Et le premier de ceux-ci est Sacred Reich, qui semble ne pas avoir bougé d'un cheveu (...enfin si: bougé de la Main Stage à l'Altar) depuis la prestation donnée ici 4 ans plus tôt. Même zicos, même bonne bouille de John Goodman pour Phil Rind, et même set list ou presque (« Independant », « Ignorance », la reprise de « War Pigs », « Surf Nicaragua »…) si l’on ne prête pas trop attention à l’ordre d’exécution. Mais j’exagère car on a cette fois droit à 2 morceaux du très bon et moins connu Heal (album qui fête ses 20 ans cette année) : « Blue Suit, Brown Shirt » et « Heal », ce dernier s’avérant tout de même un peu trop mou pour la scène. On bénéficie également en guise d'introduction du titre « The American Way », grand absent du show précédent. Alors c’est vrai que le Thrash du combo n’est pas toujours le plus virulent ou le plus inspiré qui soit. Mais la joviale bonhomie du groupe et son approche « pas prise de tête » le rendent éminemment sympathique. D’ailleurs pour entériner cet état de fait, le groupe demandera aux metalheads présents de s’« embrasser » les uns les autres, ce qui nous poussera à prodiguer un gros câlin à Philippe Courtois de Misanthrope, présent en ces lieux non pas du fait d’un handicap, mais d’un pass VIP / artiste++ !

 

Si mon collègue Crom-Cruach avait été présent, sûr qu'il aurait tenté de me faire enfiler une tunique en peau de loutre pour aller guincher, un godet de cervoise à la main, devant les paillarderies de Korpiklaani. Mais en tant que vieux lapin à la béquille hésitante et aux ampoules plus que naissantes au niveau des mimines (c'est que ça use d'utiliser ses pognes en guise de 3e et 4e pieds !), il semblait préférable d'aller faire le plein d'énergie avant d'assister à l'un des 2 shows que j'attendais avec le plus de ferveur. C'est que le groupe a beau avoir une réputation de feu, des albums exceptionnels et de longues années d'expérience derrière lui, on ne le voit pas si souvent que ça dans nos contrées... De qui-qu'y-cause ? Des américains d'Overkill bien sûr, que j'avais loupés quelques semaines plus tôt à Paris, et qui semble-t-il y avaient donné un concert de folie. C'est donc avec l'impatience du scatophile attendant son ordonnance de laxatifs que je m'en retourne sous l'Altar, aux alentours de 21h30. Les groupes profitant généralement du début de set pour mettre en avant leurs dernières œuvres, c'est sans surprise que l'on accueille le groupe sur « Armorist », le single extrait de White Devil Armory.

Mais Bobby et D.D. étant eux-mêmes de vieux briscards, ils savent pertinemment qu'il faut vite rétablir la balance pour réactiver leurs plus vieux fans : suit dont un « Rotten to The Core » issu de l'extrémité opposée de leur discographie. C'est là que l'on réalise que pour certains groupes, 30 ans ont beau avoir passé, c'est comme si de rien n'était ! Mais comme leurs dernières productions sont tout particulièrement excellentes, le groupe y revient vite, notamment avec l'excellent « Electric Rattlesnake » qui met votre serviteur et ses collègues en transe ! Au vu du best of qui s'ensuit (« Hello From The Gutter », « Hammerhead »...), on ne peut que se rendre à l'évidence : Overkill maîtrise mieux que quiconque l'art du break qui tue, et du mélange du Thrash le plus létal avec un esprit indéniablement Rock'n'Roll. Bordel, malgré son âge à présent respectable, Bobby assure toujours comme un petit jeune derrière le micro... Impressionnant ! Et quand il trouve que le public ne lui rend pas la pareil, il l'aiguillonne avec malice, d'où la pique : « Alors ? C'est pas la France ça, c'est Barcelone ! ». A croire que le groupe a récemment connu le plus amorphe des publics en Catalogne... Puis arrive le passage du set consacré à l'un des albums-phares de groupe, Horrorscope, avec « Coma » et le morceau-titre. La tension atteint alors un pic, à un tel point que – fait rare – l'on voit un metalhead en fauteuil roulant (ouaiiiiiiiiiiiiis, vas-y collègue!!!!) crowd-surfer jusqu'aux barrières. Tout à la fois estomaqué et boosté par la performance, le groupe se donne de plus belle sur la suite constituée de la doublette de feu « Ironbound » / « Elimination », pour finir sur l'incontournable – quoiqu'un peu surestimé si vous voulez mon avis – « Fuck You », interprété avec une hargne toujours aussi revancharde. Maman : je veux vieillir comme ces gugusses !

 

Bon alors : est-ce qu'on essaie de donner à Rammstein une chance de nous convaincre ? Allez... Quoique vue la marée humaine amassée devant la Main Stage 1, pas la peine d'espérer voire véritablement quelque-chose. En même temps, le groupe étant aussi peu avare en pyrotechnie qu'un notable pékinois en pétards le jour du Nouvel An chinois, le début du show peut tout à fait se vivre à distance. Mais malgré la haute teneur en poudre de ce début de show, on ne réussit pas à se contraindre à regarder bien longtemps en direction de la première des grandes scènes. Et c'est donc logiquement que l'on retourne pour la dernière fois de la journée sous l'Altar afin d'y voir l'ultime représentant de la scène Thrash ricaine de ce vendredi : Testament. Et comme pour Sacred Reich, on se refait la réflexion que ça fait un peu mal de voir la formation « reléguée » dans la tente de l'extrême, alors que sa dernière prestation en ces lieux s'était faite du haut de la Main Stage 2. Cela n'empêche pas le groupe de déployer un impressionnant décor de scène bien dans l'esprit de l'atmosphère supposée « evil » du lieu. Déterminé à ne laisser personne sur la touche, Testament tape dans toutes les périodes de sa discographie, les classiques (« Over The Wall », « The Preacher », « Into The Pit », « Practice What You Preach »...) côtoyant les morceaux extraits de The Gathering, The Formation of Damnation, Low ou encore Dark Roots of Earth. A son habitude, Chuck Billy fait subir les derniers outrages à son micro – dont certains beaux solos d'air guitar – tandis qu'Alex Skolnick s'entête à croire qu'il joue dans un groupe de Happy Hair Metal. Alors c'est vrai, en début de set le groupe va connaître quelques petits pets au niveau de la batterie, et le son sera globalement brouillon, car trop saturé. Mais c'est surtout la fatigue, et la comparaison avec leurs compatriotes d'Overkill qui fait que, in fine, on trouve la prestation certes sympathique, mais pas non plus boulversifiante.

 

Au sortir de la tente, on tente un coup d'œil curieux en direction de The Offspring. Mais la vague impression de voir de sales mioches ayant mal vieilli nous pousse à continuer notre chemin vers nos handi-pénates, histoire de reprendre des forces pour le lendemain.

photo de Cglaume
le 24/11/2016

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