Hellfest 2016 - Le week-end de Cglaume - Troisième partie

Hellfest 2016 Le week-end de Cglaume - Troisième partie (dossier)
 

 

EVIL BEQUILLES, jour 3

 

 

DIMANCHE 19 JUIN

C’est à l'heure où cannibales et vampires s'abreuvent du corps et du sang du christ  avec, donc, un poil de retard  que nous débarquons sous l’Altar pour voir à quoi peut bien ressembler Corrosive Elements. Choppé en plein milieu, le second morceau du groupe propose un Death/Thrash légèrement boosté au Punk, avec un chant clair intervenant parfois en renfort. Pour tenter de réveiller un parterre quelque peu clairsemé, les Parisiens nous proposent ensuite d’aller brûler les prédicateurs de tous poils sur le Death de « Burn The Preachers », le morceau se partageant entre blasts à la mode Grind et passages plus Thrash (avec notamment des « chœurs » évoquant Nuclear Assault). Petit à petit, une comparaison se fait de plus en plus évidente pour évoquer le style de nos réveils matins du jour : No Return. Quelques petits solos bien Rock’n’Roll plus tard, notre sourire commence à franchement nous barrer la trogne… Jusqu’au recours à ces harangues à base de « Hey ! Hey ! » pénibles imposés au public, exercice qui devrait être proscrit de tout bon concert qui se respecte. Nom de nom ce genre de pratique réduit systématiquement les morceaux pendant lesquels elle est appliquée à leur plus simple expression : une trame binaire, bovine, où le public se voit réduit au niveau d’une tribune de supporters bêlant sur une musique ramenée au rang d’hymne sans âme pour supermarché. Mais je m’égare… Et le show de continuer dans ce style Thrash/Death mâtiné de Punk et de Rock’n’Roll, parfois sans plus, parfois carrément sympa, le final s’effectuant sur « Warmongers » dans un grand élan de fraternité multiculturelle (le groupe abritant des musiciens d’origines franco-turque, algérienne, française + un porteur de coupe afro) que n’empêchera pas un début bien brutal et un circle pit endiablé. « War / Mongers / Bastaaaaards ! ».

 

Moins sympa, une connaissance nous apprend que la journée précédente a été l’occasion pour quelques pickpockets de faire le plein de smartphones et autres matériels à haute valeur monétaire ajoutée… Pas glop !

 

Puis retour sous l’Altar pour assister au concert du groupe de la tendre moitié de Sibylle de Witches : Agressor. J'avoue ne connaître le groupe que de réputation, ainsi qu'à travers le titre « Someone To Eat » (…eh oui : mes jeunes années ont été bercées par Loudblast, No Return, Massacra ou encore Mercyless, mais j'avais zappé les provençaux): il était donc grand temps de les voir et de les entendre pour de vrai ! Dès le premier morceau, « Overloaded », le groupe sort la grosse armada Death / Thrash old school pour un impact immédiat. En plus d'affirmer crânement la bonne santé de ces vétérans, ce début de set est l’occasion pour nous de vérifier la bonne implantation de Fred – le photographe qui couvre le ‘fest pour CoreAndCo cette année – dans le sud de la France : notre metalrazzi obtient en effet des mimiques sur mesure de Joël, le bassiste de la troupe! Le 3e morceau, plus virulent, annonce une belle montée en puissance, qui se poursuit sur le très attendu (par mézigue) « Someone To Eat », brutal à souhait. Partagé entre vieux de la vieille (Alex, Joël) et petits jeunes, le groupe fait preuve d’une belle cohésion sur scène, prouvant que la génération Dorothée / MC Hammer peut parfaitement faire bon ménage avec celle de l’époque Pokémon / Eminem. Retour vers du bon vieux Death « so 90s » pour continuer les échanges de mondanités, puis sur un morceau plus sombre, et plus lent : le bien nommé « Dark Power ». C’est enfin sur un retour aux origines que le groupe pose son point final, avec « Neverending Destiny », morceau en effet bien plus Thrashy que la moyenne. On a vu, on conclut: ces « anciens » ont de beaux restes, mazette !

 

Après un vendredi très orienté Altar et un samedi ayant permis une belle exploration de la Warzone, ce dimanche va nous permettre de travailler un peu plus sérieusement l’espace P.M.R. consacré aux Main Stages. Vu le programme, c’est avec Municipal Waste que l’exercice va commencer… Et bordel, le constat est amer: qu’est-ce qu’on est loin de la Main Stage 1 ! C’est simple, on se retrouve à mater l’intégralité du concert sur les grands écrans. Du coup l’intérêt de l’espace en question se trouve grandement amoindri – en dehors de la possibilité de poser son séant, évidemment… Heureusement, les sales gosses américains foutent suffisamment le boxon pour faire oublier les tristes conditions dans lesquelles on assiste à leur show. A commencer par leur excellent backdrop sur lequel un Trump gigantesque se tire une balle et déclenche ce faisant une belle gerbe bien sanglante dans laquelle n’apparaît logiquement pas un seul grumeau d’encéphale : pertinemment impertinent ! Si vous n’avez jamais assisté à un concert du groupe, c’est simple à résumer : un gros coup de fouet Crossover Thrash, tout le temps à bloc, tout le temps vilain. Avec, pour faire bonne mesure, un requin gonflable et des ballons de plage dans le public. Parce que Fun & Mosh & Beeeeer ! Ce genre de prestation dégage la même énergie foutraque et débordante qu’un set de Napalm Death : on en ressort tout requinqué ! Enfin, à moins de s’être cassé une côte lors des nombreux Circle Pits et autre Walls of Death qui enflamment la fosse. Après un détour par une version revisitée de « I Want To Kill The President » où Trump prend la place de Bush derrière le canon du flingue, le groupe interprète « Bangover », « Hazardous Mutation » et continue sa course folle jusqu’à une coupure totale du son déclenchée volontairement par l'orga' après que le groupe ait franchement trop dépassé de l’horaire prévu.

 

C’est sans transition – pour éviter de décaler tous les groupes défilant sur les scènes principales – qu’Orphaned Land démarre son set sur la Main Stage 2… Un peu plus près de nous autres, donc, les estropiés que l’idée d’assister à nouveau à un concert des Israéliens enchante carrément. La messe démarre sur « Ocean Land » et sa mélodie merveilleuse… Et l’on réalise alors que le son n’est pas des plus merveilleux. Heureusement le chant ressort bien dans le mix et, aidé de la guitare, il permet de remettre tout le monde sur les rails des différents titres. Coincé sur la tyrolienne, un festivalier assiste avec une vue imprenable sur le début du titre « All Is One », qui lui encore nous remonte le thermostat cardiaque de quelques degrés. N’empêche, on a du mal à ne pas se dire que sans Yossi Sassi, ça manque un peu de joie de vivre et d’espièglerie sur les planches. Mais le début de « Simple Man » nous sort à nouveau de ces sombres considérations, puis derrière lui « Barakah » et « The Kiss of Babylon ». Sur « Sapari », on regrette l’absence d’une chanteuse, mais nous n’avons par contre rien de mal à dire sur l’exécution de « In Thy Never Ending Way (Epilogue) », ni sur celle de « Norra El Norra » (… un peu trop orienté « Jump Jump ! », quand même, dans son interprétation, mais bon…). Alors c’est vrai, cette prestation nous semble un peu moins enthousiasmante que celle de l’édition 2011. Mais avec une telle collection d’hymnes, impossible d’être véritablement déçu !

 

Après une courte pause déjeuner, nous voilà de retour pour découvrir en live le phénomène Dragonforce, qui va devoir aujourd’hui faire ses démonstrations de maîtrise instrumentale devant un public accablé par un cagnard relativement sévère.

Alors pas de doute, le groupe ne fait pas dans le Grunge minimaliste : ça cavale à donf’ sur les manches lors du premier titre « Holding On ». Sauf que le son n’est pas vraiment au rendez-vous, et que le chanteur semble peiner. Et en effet, à la fin du titre, on apprend que celui-ci n’a pas de retours. L’un des gratteux de la formation n’étant autre que le Français F. Leclerc, celui-ci s’empare du micro pour occuper l’assistance le temps de régler le problème. Il nous rappelle au passage qu’il est déjà venu avec le groupe en 2009… Ainsi que les 4 années suivantes – cette fois plus occupé à se cuiter qu’à autre chose par contre ! Puis le grand cirque joyeux du shred de reprendre de plus belle, Fred pétant une corde de sa basse tant le groupe se donne. L’homme étant tout particulièrement en verve – et en soif – il nous confiera qu’à l’occasion de son anniversaire – le jour même – il accueillera avec plaisir les fans au stand Rock Hard pour se faire offrir des coups à boire ! En tant qu’amateur de Inhuman Rampage, on apprécie d’entendre enfin résonner les mélodies de « Through the Fire and Flames », morceau néo-classique de folie où ça cavale à fond de train. Et même si on n’apprécie pas forcément l’exercice de manière générale, de voir un groupe à la fois aussi compétent et aussi heureux d’être sur scène (le batteur a toujours une large banane, et le clavier est l'illustration vivante du mot espièglerie), ça fout la patate !

 

Alors oui, je sais : j’aurais dû aller voir Power Trip, puis Brodequin. Mais la grand-messe clissonnaise est également l’occasion de retrouver des connaissances que l’on ne voit pas le reste de l’année. Le créneau 15h—16h30 est donc dédié aux retrouvailles houblonnées entre amis. Et puis de tels écarts auraient risqué de nous divertir du thème principal de la journée qui est – je le rappelle – « P.M.R. et Main Stages font-ils bon ménage » ?

Du coup, l’heure du set de Gojira arrivant à grands pas (la veinarde !), il fallut penser à reprendre le chemin des gradins, tout là-bas, au loin, en ces lieux où sont parqués les loqueteux à motricité partielle. Sur le chemin, la fin du set de Tarja ne réussit pas franchement à nous convaincre. M’enfin bon, on dira que cet avis donné depuis le fin fond d’un chemin blindé de poilus, entre 2 « Pardon… Merci », est un brin superficiel. Enfin arrivé sur notre siège de vieux métalleux, on attend les landais avec une impatience mitigée. C’est que, contrairement au concert donné à la Loco en 2004, le show de 2013 – même lieu, même scène – ne nous avait pas franchement convaincu. Eh bien changement radical d’avis. Ceci malgré (grâce à ? Vil médisant !) la distance qui nous sépare de la Main Stage 1. Car le groupe réussit cette fois à nous chopper bien fort par les tripes, voire même parfois carrément à nous souffler. Dès « L'Enfant Sauvage » (eh oui), ces mélodies profondes, cette dimension chamanique, ce revêtement rythmique épais nous colle puissamment à notre siège. Effet décuplé par la tuerie « The Heaviest Matter of the Universe », et son break de folie. Ah ça, on peut dire que la magie opère ! Et a priori le groupe lui aussi prend son pied pour sa 4e apparition en ces lieux. Suivent des extraits du nouvel album, avant qu’enfin retentissent les cris de baleines annonçant « Flying Whales ». Ah putain cette batterie sismique, ce voyage trippant…

« Now I can see the whales

Looming out of the dark

Like arrows in the sky

I can’t believe my eyes »

Oui, parfaitement… Maman j’avais oublié que j’aimais Gojira: quelle grossière erreur! Et comme pour confirmer cette révélation soudaine, le groupe retourne à l’époque de The Link avec « Wisdom Comes », avant de s’en revenir aux cétacés sur « Backbone ». Marco fêtant son anniversaire le jour même, on lui laisse le droit de taper un peu sur ses bambous pour fêter ça. Un dernier détour vers le dernier album et le groupe finit sur « Vacuity », dont le mouvement de balancier hypnotique manque de peu de faire somnoler les outres à bière que nous sommes. N'empêche, la leçon de l’après-midi est claire : les anciennes amours musicales ne peuvent être oubliées aussi facilement qu’on pourrait le penser…

 

Bien arrimé à notre siège, pour la suite on se laisse porter par le mouvement de va et vient entre les 2 Main Stages, pour s’offrir à présent un concert de Blind Guardian – qui, pour la petite histoire, est le premier groupe jamais vu à Paris par ma pomme, à La Loco, à l’époque où sortait Nightfall in Middle-Earth. Souvenirs souvenirs… C’est sur une intro aussi ampoulée que les arbres des Champs Elysées en décembre – chants sacrés, chœurs démultipliés – que le groupe fait son entrée. Et là, question : merde, ils ont changé de chanteur ou bien ? Eh non, c’est juste que Hansi K. s’est fait une belle tête de consultant en marketing… Heureusement il n’a rien perdu de sa voix ! C’est par contre sur un long morceau récent – pas mal, mais pas non plus renversant – que le set démarre, nous laissant dans la crainte que le groupe ne revisite que peu ses tubes les plus anciens. Heureusement la doublette qui suit nous remet du Benco dans le réservoir avec d’un coup d’un seul « The Script for My Requiem » et l’épique « Time Stands Still (at the Iron Hill) ». Pour ne rien gâcher le son s'avère pour une fois tout particulièrement bon... Yeaah ! La fatigue revient nous visiter à l’occasion de deux nouveaux aperçus des albums les plus récents, puis Morphée se fait enfin chasser à grands coups de « Valhalla » (que même que c’est nous qu’on chante le refrain, dans la grande tradition), de « The Bard's Song » (pendant lequel le public est plus que jamais en pleine communion avec le groupe) et enfin de l’hymne « Mirror Mirror », qui nous finit de manière magistrale, sur un "Fatality" mortel. On aurait préféré se déchirer la gorge avec les fans dans la fosse, mais bordel que c’était bon quand même !

 

Puis, sans avoir le moins du monde à bouger, c’est à un concert de Slayer que nous sommes ensuite conviés – mais une fois de plus par écran interposé, vu l’éloignement de la Main Stage 1. Bon, je vous la fais brève : en dehors de la tuerie Decade of Aggression, je n’ai jamais été un gros fan de Slayer live. Trop statiques, trop distants… Bref. Et avec l’âge, le moins que l’on puisse dire c’est que cela ne s’arrange pas : du coup ça fait chier, on a l’impression que les mecs viennent faire leur taf, et basta. Bordel, c’est pas ça le Metal ! Heureusement, Slayer c’est avant tout des morceaux qui butent. Et ce même quand ils ne jouent pas la facilité. La preuve avec ce « Disciple » de tueur – extrait du trop sous-estimé God Hates Us All. Puis « Postmortem », « War Ensemble »… Comment résister ? On continue avec les classiques : « Mandatory Suicide », « South of Heaven », et le groupe de changer de backdrop pour revenir à un pentagramme et à des épées bien old school, décor approprié pour la « Love song » « Dead Skin Mask » – titre sur lequel Tom ne se fera même pas chier à chanter le refrain ! Oh vieux, tu ‘veux pas qu’on te décapsule tes bières aussi ? Par contre c’est Kerry King qui, contrairement au frontman, semble ne pas bouger avec les années. Et il le prouve sur la doublette de feu « Raining Blood » / « Angel of Death » qui termine le set, alors qu’un dernier backdrop (Angel of Death – Hanneman 1964-2013 – Still Reigning) nous rappelle que malgré la présence de Gary Holt, Jeff Hanneman reste le grand absent qu’il serait vain de vouloir remplacer. Bilan de ce nième concert du « Tueur » : c’est encore et toujours le même spectacle qu’il nous est donné de voir. Autrement dit un show musicalement intense, remplis de morceaux forts, m’enfin bon… C’est tout le temps la même chose !

 

Prenant au sérieux le programme de ma « journée Main Stage », je ne bouge donc pas de mon brancard, histoire de voir à quel point Amon Amarth est devenu une grosse pointure scénique. C’est qu’il est bien loin le concert donné à la Loco à l’époque de Versus The World ! Enfin, quand je dis « je ne bouge » pas, ceci est à comprendre « en dehors de l’obligatoire pause pissou ». Alors un conseil : ne jamais se rendre aux chiottes pour hommes situées juste à côté de l’espace PMR entre 2 concerts Mainstagesques. Car l’accès au lieu se résume à un étroit couloir qui se retrouve complètement bouché lors de tels moments d’affluence. M’enfin c’est après avoir réussi à éviter de me faire sur les béquilles – mais en ayant ce faisant loupé le premier morceau du set – que je rejoins le banc des blessés afin d’assister à la Viking Party qui démarre sur la Main Stage 2. Accueilli par la guitare mélodique tournoyante de « As Loke Falls », c’est en premier lieu le décor déployé qui attire mon attention, la scène n’étant plus que proues de drakkar et monolithes enrunifiés, le tout placé sous la haute protection d’un grand backdrop / arche. Lourd et mélodique, le groupe en impose clairement, et Johan Hegg donne l’impression de se régaler. Et puisque les débuts de show sont faits pour vendre, les barbares enchaînent sur un nouveau titre, « FirstKill », qui une fois encore passe presque trop facilement, notre attention étant plus attirée par les effets pyrotechniques et le changement de backdrop (qui révèle logiquement la pochette de Jomsviking). On profite du morceau pour constater que les années passent, les « trves » se détournent du groupe, mais que Johan garde ce growl profond et chaleureux qui donne envie d’aller récolter le miel déguisé en grizzly. En cinquième position arrive un « Death In Fire » qui réjouit le vieux briscard que je suis, puis « Deceiver of the Gods » voit le déploiement d’un troisième backdrop représentant une armée en marche : ‘tain ils font un concours avec Slayer ou quoi ? En dehors du spectacle que constitue le décor à lui tout seul (les dragons / proues se mettant à présent à cracher de la fumée), le groupe ne peut compter que sur Johan pour assurer le show, les autres musiciens se tenant relativement sagement à leur poste. Très mélodique, le morceau fait quasiment penser à du Maiden, sauf que visuellement, quand il gratouille son instrument avec les cheveux devant les yeux, le guitariste Olavi fait plutôt penser à Jeff Hanneman, que ce soit par ses postures ou par sa corpulence… Avant d’attaquer « Raise Your Horns », le groupe nous initie à la culture suédoise en nous enseignant l'adage local suivant: « Pour a beer for thirsty men, Pour a beer for tired men, For beer is a body's friend... ». Quelque-chose me dit qu’on est tous Suédois ce week-end (y compris les "women", grandes oubliées de ce dicton). Sauf qu’au final ce titre nous semble manquer cruellement de puissance et de ce petit côté dangereux qui fait le sel de notre musique préférée. Mince : se pourrait-il que les détracteurs du groupe aient raison ? Mais on met bien vite de côté ces doutes, le groupe choisissant de finir sur 2 morceaux de ce qui doit rester son album-phare, Twilight of the Thunder God, « Guardians of Asgaard » et le morceau-titre finissant cette heure passée dans les eaux de la Mer du Nord sur une touche héroïque qui ferait presque oublier que le son n’était pas des plus limpides…

 

Avec l’arrivée de Megadeth, c’est mon dernier concert du week-end qui se profile. Car oui, bavez, crachez, lynchez (… un handicapé ? Ouh les vils !), mais les Ghost, Paradise Lost, Black Sab’, Refused, King Diamond, soit je ne connais quasiment pas, soit je m’en tamponne le coquillard avec un foulard en soie. Si j’avais été un peu courageux, j’aurais pu aller béquille-banguer devant Deicide, mais les ayant déjà vu au sommet de leur gloire, ayant entendu le pire sur leurs dernières prestations, et ayant envie de boire un dernier coup avec les copaiiings, je décide d’arrêter là les frais. C’est via un « Hangar 18 » générateur de chair de poule que le groupe débarque sur scène, le son pas génial alloué à la voix ne nous empêchant pas de prendre notre pied (… qu’il dit, ha ha). Sur « The Threat Is Real », petit agacement : pourquoi arbore-t-il toujours cette éternelle moue boudeuse le Dave ? Ça le fait chier à ce point de jouer devant des milliers de fans, en fin de journée, le dimanche ? Au moins le frontman d’Amon Amarth avait la banane lui ! Mais allez, fin des râleries avec l’excellent « Tornado of Souls », dédicacé à Nick Menza, mort moins d’un mois plus tôt. Suivirent les moins excitants « She-Wolf » et « Post American World », pendant lesquels on réalisa avec stupeur (tout le monde ne lit pas les potins de Paris Thrash) que le batteur du groupe n’est autre que Dirk Verbeuren  qui est sans doute l’autre francophone (... Goji quoi ?) à poursuivre une carrière internationale aussi fructueuse. Alors certes, Dave communique de manière vraiment minimaliste avec le public, mais quand retentit « Sweating Bullets », on lui pardonne tout. Le concert continue avec une série moins époustouflante, constituée de « Poisonous Shadows » et ses nappes de synthé bof-bof, « Trust », « Dystopia » et ce « A Tout le Monde » qui commence à nous casser les bonbons : on s’en branle du refrain en Français, un bon vieux titre old school ferait bien mieux l’affaire ! Il faut encore attendre un titre avant de recevoir enfin notre dû avec la triplette « Symphony of Destruction » / « Peace Sells » (sur lequel, tel Tom Araya, Dave ne se fait pas chier à chanter le refrain) / « Holy Wars » (lors duquel le solo sonne un peu foiré…). Alors ? Ça fait du bien ces vieux tubes! Sauf qu'à l’image des vieux briscards de Slayer, Dave (et ses Mustainettes) ne donne plus guère l'impression de faire rien d'autre que son job, son visage semblant nous dire qu’il a hâte de retrouver ses pantoufles pour aller continuer ses parties de sudoku... Du coup il nous monterait comme des envies de balancer des « Place aux jeunes !! » à tout ce petit monde !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion : OK, on ne peut pas en vouloir à Ben Barbaud que le Hellfest du P.M.R. ne soit pas aussi palpitant que celui du métalleux valide lambda. C’est déjà cool d’avoir un accès privilégié – aux premières loges ! – à l’Altar et à la Temple… Alors tant pis si le son est un peu moyen, si on se prend les infrabasses de plein fouet dans la cage thoracique et si on ne peut espérer voir qu’un quart de la tête du frontman quand il daigne venir chatouiller les objectifs des photographes. C’est également super cool de pouvoir applaudir les punk-coreux de la Warzone depuis aussi haut… Alors tant pis si les zicos semblent avoir la taille de playmobils et si l’on ne peut pogoter contre nos voisins crêtus. Par contre l’espace P.M.R. attaché aux Main Stages est positionné avec la même pertinence qu’un point de vue sur l’Arc de Triomphe offert depuis le parking sous-terrain de Bobino. Non c’est vrai: voir un concert se déroulant sur la Main Stage 1 depuis ce site est tout aussi intéressant que d’aller regarder le match France-Suisse depuis le grand écran de l’espace V.I.P… C’est dire ! Ne pourrait-on pas envisager de déplacer les P.M.R. sur le toit de l’espace où les ingé-sons et lumière s’évertuent à faire leur job ? D’ailleurs c’était plus ou moins ce qui existait par le passé non ? M'enfin, malgré le manque cruel de pogo et l’impossibilité de transporter sa bière tout en marchant avec des béquilles, cette fois encore le Hellfest nous aura procuré de ces sensations pour lesquels on revient chaque année : frissons, impression d’évoluer dans un monde parallèle aux codes en total décalage avec ceux de la vie de tous les jours, bonheur de retrouver les potos, et quelques super souvenirs parmi lesquels figurent les concerts de Solefald, Sadist, Overkill, Ludwig Von 88 ou encore Gojira. Alors rendez-vous l’année prochaine (… avec les valides) !

photo de Cglaume
le 24/11/2016

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