Hellfest 2016 - Le week-end de Margoth

Hellfest 2016 Le week-end de Margoth (dossier)
 

 

Introduction

 

Cela faisait depuis l'édition 2011 que je n'avais plus remis les pieds au Hellfest. Quatre ans quand même. Quatre longues années, situation qui m'a énormément frustrée. Je n'étais pas non plus une inconditionnelle de la boutique auparavant, n'ayant que les éditions 2007, 2009 et 2011 dans les pattes. Mais que de bons souvenirs ! Que ce soit en terme de contexte où l'édition 2007 remporte sans souci la palme avec son mauvais temps et autres soucis techniques et organisationnels donnant comme un arrière-goût de Vietnam. Et surtout, tous ces groupes souvent vus, parfois découverts – l'affiche étant tellement large et énorme qu'il est difficile de laisser beaucoup de tribune aux groupes inconnus au bataillon. Tellement de prestations privilégiées, de moments d'émotion intenses et de tribulations funs. Parce que le Hellfest, c'était ça, beaucoup de musique et surtout le fait de se faire happer dans un monde parallèle et orgiaque où l'on n'a pas beaucoup de mal à se lâcher dans des délires que l'on n'oserait pas mettre en œuvre en société, dans notre vie de tous les jours. De ce dernier point, on m'avait prévenue que l'évolution du festival opérée entre mon dernier Hellfest et cette présente édition 2016 le privilégiait énormément. On m'avait prévenue également que les changements allaient me laisser sur le cul sans qu'on ne me dise non plus pourquoi exactement.

 

Même si je m'étais préparée à être surprise, j'avoue que j'en reste encore maintenant à me taper le cul par terre. Comment en si peu d'années, le festival a réussi à arriver là ? De passer d'installations sauvages à un truc aussi énorme en terme d'aménagements. Passer de simple pelouse verdoyante sur laquelle on appose simplement des scènes en plein air, sous tente et autres stands sans forcément d'artifices sophistiqués à une véritable ville avec ses rues, ses édifices aux architectures artistiques, ses monuments, son idole religieuse « lemmienne », commerces et restaurants. Un centre-ville grouillant et impressionnant qui ne doit pas non plus faire oublier qu'il est jonché de banlieues résidentielles, pas forcément luxueuses mais de bon aloi, étonnamment propres et bien entretenues au vu de la forte densité affichée. On est loin du côté bidonville que l'on pourrait facilement s'imaginer.

 

Il ne fait aucun doute que le Hellfest peut hisser son nom auprès des autres grands ténors mondiaux tant le petit fiel est devenue une métropole quasi-industrielle, dotée d'une machinerie mastoc plutôt bien rodée prise dans sa globalité. Même si elle n'est pas exempte de heurts dans ses engrenages. Car sur certains points, 2016 se sera montrée pénible. En premier lieu, cette foule, encore plus accrue que les années précédentes, qui nous amène à un lot de conséquences logiques mais fatalement impossibles à éviter ou pallier. Se retrouver pris dans des files d'attente énormes devient un lot quotidien fort désagréable. Que ce soit pour rentrer sur le site ou pour remplir sa cashless, nul doute que beaucoup ont dû se retrouver biaisés de louper quelques concerts. Ce qui d'autant plus valable pour les groupes eux-mêmes qui ont dû se retrouver face à un public restreint et clairsemé alors que le restant de malheureux se retrouvent à patienter devant le portail pour se faire prétendument fouiller – chose que j'ai rarement subie étonnamment. Frustrant. La cashless était également une belle épreuve, les pauvres banquiers étant souvent victimes de bugs de l'an 2000 à retardement au sein de leur installation, provoquant de belles pertes de temps et de stagnation dans des files d'attente qui n'arrêtaient pas de s'agrandir. Autant dire que s'équiper du minimum syndical pour profiter pleinement de ses tribulations urbaines relevaient du parcours du combattant en terme de patience et de sacrifice musical.

 

Parce qu'on pourrait penser que le guerrier moyen pourrait sacrifier son accès au saint-breuvage. Et nul doute que c'est ce qu'aurait fait tout être raisonnable en société. Pourtant, maître Kro est omniprésent, même dans le domaine de la livraison à domicile par le biais des désoiffeurs, et il serait bien embêtant de s'en priver. Parce que ça fait partie de l'ambiance. Parce que le metalleux n'est pas forcément connu pour son tempérament raisonnable. Et qu'au final, la fourmilière blindée et comprimée à outrance a bien du mal à nous convaincre des joies des premiers rangs pour profiter des messes musicales. Au final, on finit vite par se retrouver bien mieux dans ses rangers à squatter les arrières et les images des écrans géants. Ça enlève un peu de l'ambiance certes mais au moins, on peut bouger et boire à son aise. Même si les mauvaises langues diront sans doute que le festival suit l'air sociétal du temps, à savoir privilégier la consommation. Après, le monde de l'entreprise est ce qu'il est et il faut reconnaître que l'on ressent moins de culpabilité de se faire traire comme des vaches à lait au sein du Hellfest qu'en-dehors. Au moins, ça ne dure que quelques jours là-bas.

 

En-dehors du panthéon de la consommation festive et éthylique, le Hellfest n'est rien sans musique. Et sur ce point précis, je plaiderais coupable : certaines choses ont fait que j'ai plus privilégié la fête aux concerts. L'envie de se lâcher, oublier les problèmes de sa vie extérieure. Et il en a été clair dès le départ, ceci est une bafouille, un recueil d'impressions et de sentiments pouvant se montrer aussi anarchiques qu'a pu être mon état d'ébriété et non un véritable compte-rendu de festival en tant que tel. Je n'étais pas une journaleuse en herbe, ne possédais de toute manière même pas ce fameux badge faisant office de St-Graal que l'on nomme communément « Pass Presse », juste une simple festivalière comme les autres. Une mauvaise graine relativement soiffarde, qui n'arrivait pas forcément à se poser avec le sérieux, attention et dévotion que l'on est en droit d'attendre d'un éminent membre de la presse. Idéalement parce qu'on sait que dans la pratique, les chroniqueurs sont des alcooliques comme les autres, juste qu'il ont la présence d'esprit de sauver les apparences.

 

 

Le Vendredi

 

Vendredi, ouverture des hostilités officielles. Début du parcours du combattant visant à parcourir les terres du site dans de bonnes conditions. Qui commence déjà de façon cruelle vu que, même si une certaine marge d'avance était prévue pour ne pas louper le début de Delain, premier concert qui m'intéressait beaucoup de voir, cela n'a pas suffit. En même temps, difficile d'imaginer qu'il fallait imaginer une queue monumentale qui a bien dû durer 2h pour rentrer. Certes, le côté cérémonial d'ouverture amène son lot de bonnes résolutions chez les esprits les plus courageux, étonnant quand même de constater qu'il pouvait en avoir autant à des heures réputées comme les plus calmes. Bref, passons pour Delain, pas que j'en étais une fière supportrice, juste que The Human Contradiction s'était présentée comme une galette qui m'avait laissée sur le cul au milieu d'une discographie qui m'indifférait fatalement. Une prochaine fois peut-être... A force de patience heureusement aidée par la jovialité ambiante, il est enfin venu le temps de gambader pour se rendre... A une autre file d'attente. Direction, la banque. Stratégiquement choisie néanmoins. Ce qui a permis de profiter du show des Nashville Pussy. Prestation sympathique, rock'n roll bien comme il faut pour se prendre sa bonne dose de fun. Même si on déplore que le côté foufou et libéré des icônes féminines du combo soit absent, apportant un arrière-goût de trop conformiste. On ne leur jettera pas la pierre pour autant, le contexte de l'horaire et de la scène en plein air n'est pas non plus vecteur de ce genre d'excentricités prenant tout leur relief dans une salle puante et moite. Une ambiance d'attente loin d'être désagréable néanmoins et une sympathique invitation à aller profiter du groupe américain dans d'autres conditions. Grand moment de soulagement une fois la cashless enfin en main : le concert de Solefald n'est toujours pas commencé. Ni une, ni deux, direction les scènes couvertes non sans jeter un rapide coup d’œil à un Shinedown puant, qui semble s'être un peu planté dans le choix de sa setlist, préférant s'empâter dans ses tendances commerciales molles et surléchées au détriment du rentre-dedans, plus adapté pourtant à l'ambiance Hellfest. Passé cette courte parenthèse, Solefald que j'attendais beaucoup est enfin à ma portée. Un concert des plus frustrants d'ailleurs. Plantade totale sur le son qui fait que ça gâche beaucoup d'une prestation qui aurait pu être magique en terme d'ambiance. Voir un artiste s'affairer sur sa toile tout le long du show était clairement hypnotisant et tout le côté mystico-folklorique de la musique du combo norvégien appuyait totalement cet état de fait. La mauvaise mise en son, notamment vocale, fait qu'on en reste malheureusement sur le carreau et nous empêche de vraiment plonger dedans la tête la première. Du gâchis, d'autant plus que Solefald nous a livré une belle prestation, passionnée et joviale avec son public. Une fois l'esprit pas forcément parti complètement mais néanmoins coincé dans quelques rêveries pleines de paysages et de poésie, changement radical de registre. Le Bal Des Enragés est de retour et le fait bien savoir. Auto-proclamé comme étant une sorte de troupe des Enfoirés version keupon, il ne faut pas voir en ce collectif français mené de fer de lance par des figures comme VX de Punish Yourself, Reuno de Lofofora, les mecs de Tagada Jones ou encore Stéphane Buriez de Loudblast un messie artistique mais plutôt un moment d'évasion et de fun. Composé uniquement de reprises diverses de grands titres rock/metal/punk, c'est vraiment pour la bonne grosse dose de fun qu'il faut aller les voir. Celui de profiter du dynamisme communicatif de ces musiciens montés comme des coucous suisses et surtout brailler à tue-tête des grands classiques qui font toujours mouche. Le Bal Des Enragés, c'est toujours l'assurance de passer un moment aussi super qu'éreintant et là encore, ils n'ont pas démérité. Même si ceux les ayant vu en salle en tête d'affiche ont dû se retrouver bien frustrés de l'amputation obligatoire de setlist, passant des 2h30 de live à 30 petites minutes filant à toute allure. Qui n'oublie pas par ailleurs son hommage au défunt Shultz de Parabellum, un des membres fondateurs du collectif, avec un « Cayenne » gorgé d'émotion.

 

C'est lessivée mais plus qu'heureuse qu'il est temps de s'octroyer une petite pause syndicale. Visite du propriétaire, extase devant l'impressionnante statue de Lemmy et l'aménagement tout nouveau tout beau d'une Warzone enfin valorisée à sa juste valeur, remplissage d'estomac et de gosier sont au programme. C'est donc à peu fraîche comme un gardon que je me retrouve devant Turbonegro. Un show que j'attendais aussi beaucoup. Et nullement, je n'ai été déçue cette fois. Un moment culte et privilégié de voir un groupe beaucoup apprécié mais jamais vu en live... Et qui se fait surtout rare en France de toute manière. C'est comme avoir une tranche d'histoire oubliée. Ou plutôt intentionnellement censurée. Car en tout point, Turbonegro allie le kitsch et le mauvais goût. Mais toujours dans la bonne humeur. Une sorte de Twisted Sisters en version plus malsaine, délurée et perverse. En tout cas, le pied était là car Turbonegro n'a pas démérité avec un show bourré de classiques, impeccablement interprété et sonorisé.

 

C'est excitée comme une pucelle ayant entraperçue un prince charmant que je me laisse entraîner dans les abysses du camping. Apéro, fiesta, nouvelle petite pause pour se préparer à affronter une nouvelle dimension de foule. Rammstein en ligne de mire pour le nouvel assaut du site dont le portail se passe sans le moindre heurt ni attente. Tout le monde était déjà là, à avoir décuvé pour mieux se préparer aux têtes d'affiche plus sérieuses. Tentative de se placer pas trop loin de la scène, peine perdue et en plus tassée et comprimée debout. Le claustrophobe à tendance agoraphobe aurait été bien mal. Première et dernière fois que je m'y suis risquée tant le confort était loin d'être au rendez-vous. S'y étant pris avec de l'avance, le moment est surtout venu de prendre son mal en patience avec les Dropkick Murphys visiblement très attendu de beaucoup. Et ayant attiré beaucoup de foudres festives et passionnées. Malheureusement, peut-être que l'inconfort a dû amené une humeur plus fermée et bougonnante mais votre serviteur y est restée totalement insensible. Il y avait comme un goût de personnalité pas assez affirmée gênante. Le groupe mélange les sonorités rock et celtico-irlandaise de façon trop juvénile et maladroite pour y apporter crédit. Même si l'on reconnaîtra qu'en contexte de festival, il est facile d'occulter ce ressenti pour batifoler avec ses voisins, l'ambiance s'y prêtant clairement. Malgré tout, un groupe pas assez affirmé à mon goût dans ses bottes pour que je m'y intéresse. Et puis, j'attendais Rammstein surtout. Je ne suis pas forcément une de leur plus fervente supportrice non plus mais je voulais découvrir ce monstre scénique pour la première fois. Un groupe peut-être surestimé mais qui aura livré quand même une belle triplette dans ses débuts discographiques, quand bien même la suite s'est montrée bien plus décevantes. Difficile de dire pourquoi mais même si j'ai pris mon pied avec une belle myriade de classiques qui ont fait ma jeunesse musicale mais j'en suis ressortie déçue. Peut-être était-ce le fait de ne pas être en position de confort, tout tassée sur les corps voisins, à batailler pour voir un millimètre de pan de scène et une vue acceptable de l'intégralité de l'écran géant. Les désagréments que doivent connaître toutes les petites pousses mesurant moins d'1m65. Ou peut-être parce que j'attendais peut-être trop du show pyrotechnique sur lequel on en dit toujours des tonnes. Qui m'a finalement pas tant impressionnée, même encore maintenant lorsque je regarde cette même prestation en replay sur le site d'Arte. Et même si la préparation du spectacle était peut-être l'un des trucs les plus énormes que le Hellfest ait connu, les personnes qui les avaient vu au Download la semaine précédente m'ont admis qu'il leur semblait avoir eu un meilleur spectacle à Paris plutôt qu'à Clisson. En tout cas, malgré cette petite pointe au cœur, il n'y a pas de regrets, voir Rammstein a été une chance fortuite car nul doute que j'aurais pris la peine de payer le tarif plein pot pour un concert complet des Teutons. Petit tiraillage ensuite en terme de bifurcation : compliqué de savoir où se diriger entre les Offsprings, Abbath ou Kvelertak. Le premier qui commençait un peu en avance des autres a fini par me convaincre en moins de deux minutes d'aller voir ailleurs. La nostalgie m'a rendue curieuse mais entendre et voir un groupe qui se prend en pleine face un tel coup de vieux et son lot de conséquences fâcheuses (la voix notamment), c'est plutôt attristant. Il valait mieux rester sur ses bons souvenirs et ne pas se remplir la tête de hits massacrés et je rallie donc la Warzone avec un certain entrain pour profiter de Kvelertak. Trahissant d'une certaine fatigue, la fin est compliquée à suivre sans partir vers des délires de piverts mais il faut reconnaître par ailleurs que le groupe à suivre en live est aussi trippant que sur album. La sauce black'n roll prend bien ainsi que le son. Pas de regrets donc, même si Abbath titillait également beaucoup ma curiosité. Mais comme ce n'est pas la première fois que mon chemin croise le sien en terme de concerts, possible que j'aurai un jour l'occasion de me rattraper.

 

 

Le samedi

 

Samedi. C'est la goule pâteuse mais néanmoins pleine d'espoir de tenir le rythme de la veille pas si faiblard malgré les contrariétés. L'optimisme a du bon, ce qui ne veut pas dire pour autant que les bonnes résolutions sont gagnées d'avance. Preuve en est : la journée se sera révélée plutôt creuse en terme de concerts foulés. Premier point ayant foutu toutes les bonnes volontés en l'air : une queue à l'entrée aussi énorme que la veille pour rentrer sur le site. Grosse flemme de subir cela encore une fois. L'appel de l'apéro a remporté les suffrages, avec son lot d'égarements. C'est à partir de 18h30 que la raison a repris ses droits et me voilà face à Satriani. Typiquement le genre de truc qui ne m'intéresse pas. Mais à voir une fois, pour la culture. Parce que le père Joe, techniquement, il envoie du pâté, c'est indéniable. De quoi faire chouiner tous les guitaristes en herbe qui sont encore en phase de peiner à enchaîner fluidement trois accords. Les décourager même d'aller porter leur instrument chez Cash Converters aussitôt rentré de Clisson. Au moins, j'aurai vu un concert instrumental faisant la part belle à un guitar hero une fois dans ma vie. Changement de registre radical ensuite avec les Hollandais de Within Temptation. Même si je n'apprécie vraiment pas le combo en terme musical, il faut quand même reconnaître que sa frontwoman, Sharon Del Adel, ne manque pas de charisme, de charme et de présence, ce qui fait que le concert passe comme une lettre à la poste, notamment lorsque le groupe puise dans son registre plus ancien, nettement plus convaincant que le nouveau. Volte-face stylistique avec les Twisted Sisters. Une première pour moi. Et à priori dernière si les choses restent ce qu'elles sont. Si les concerts précédents restaient fort calmes, la bande à Snyder nous offre une jolie fête. En même temps, entre le visuel kitsch et les hymnes cultes que l'on connaît tant ils ont traversé le temps et les générations, difficile de se planter. Une fois encore, je pourrais dire : « Je les ai vu dans ma vie ! ».

 

Pas comme Lemmy que j'aurai malheureusement toujours loupé avant qu'il ne passe l'arme à gauche. Un grand regret dans la vie de metalleuse. C'est ce que j'ai d'autant plus ressenti durant le long hommage à Lemmy oscillant entre un feu d'artifice qui n'a pas lésiné sur les moyens et retransmission du dernier concert que Motörhead a livré sur ces mêmes planches. Ce qui est d'abord excitant finit par poser au fur-et-à-mesure que l'esprit se met à tourner à plein régime. Oui, nous ne sommes pas immortels, la preuve en est qu'une légende comme lui y est passé. Et oui, assurément, la toute fin 2015 et actuelle 2016 est vraiment une année de merde. Bien moins merdique, cela m'a permis de voir ensuite Korn. Voilà qui a forgé ma jeunesse. Là encore, je ne les avais jamais vu et mes souvenirs restent même encore assez amers, ne pouvant m'empêcher de penser à l'épisode 2007 où les Américains s'étaient fait la malle sans avoir joué. Amertume vite chassée tant les papas du neo metal ont sans doute livré un des plus beaux cadeaux qu'ils pouvaient faire au public. Celui de miser l'intégralité de la setlist sur tout le back-catalogue jusqu'au départ de Head. A savoir jusqu'au Take A Look In The Mirror à une exception près. Les tubes s'enchaînent et c'est porté par des bouffées délirantes du fait de vivre un rêve de gamine que je me délecte de l'énorme claque que Korn, visiblement dans un bon jour, nous livre en ce 18 juin.

 

 

Le dimanche

 

Réveil pâteux en ce dimanche 19 juin. Encore. Peut-être un peu moins jovial que les autres. Déjà le dernier jour du Hellfest, c'est qu'on ne l'aurait pas vu filé celui-là. Celles que je n'ai pas vues s'éclipser également, ce sont mes cordes vocales. A priori, elles ont dû se faufiler dans la nature entre des « Somebody Someone », des « Freak On The Leash » ou encore des « Blind », ces saloperies. Tant pis, il va falloir faire sans elles. Un petit déjeuner sur Clisson et quelques bêtises dans les stands avoisinant le site plus tard, c'est le pas sautillant que je m'empresse de rejoindre le show d'Orphaned Land qui vient tout de commencer. Déjà la quatrième fois que je m'en délecte sur les planches, ici encore, je ne m'en lasse pas. Toujours aussi bons ces bougres, quand bien même il s'agit d'une prestation sans chichis vestimentaires et de mise en scène. La musique rock/metal arabisante alliée à au touchant discours de paix de Kobi Farhi – trouvant encore plus de sens actuellement avec le contexte d'attentat que l'on connaît – suffisent d'eux-même pour faire mouche. Une chose est sûre : le restant faiblard de voix était bien en passe de disparaître totalement d'ici la fin de la journée. Vintage Trouble prend la relève de suite après. Totalement inconnu au bataillon pour moi, il s'avère être une découverte agréable. Totalement en décalage avec le reste de la programmation, le rythm & blues rock retro bien fait et entraînant (à défaut d'être original) fait office de pilule d'exotisme de fort bon goût, ayant toujours été friande de ce genre de sonorités. Et à priori, je n'étais pas la seule tant le groupe a attiré son lot de curieux. A moins que ce ne soit que pour des recherches de sommeil hors des guitares oversaturées et autres cris de cochons égorgés. Ou pour attendre les prochains prétendants sur la scène voisine : Dragonforce. J'y suis restée par simple curiosité. Je savais déjà comment ça allait se finir mais je ne pensais pas que cet état de fait allait arriver si rapidement. Qu'est-ce qu'ils m'emmerdent ces prétentieux « toujours tout à fond » ! Bref, je détestais Dragonforce avant même de les voir sur scène et je les déteste maintenant encore davantage. Exit les scènes principales pour se retrouver sous la Temple pour assister à The Vision Bleak. Un concert que j'attendais autant qu'il m'a déçu au bout du compte. Adorant leur identité musicale de par l'ambiance qu'ils arrivent à insuffler dans leur goth/horror metal, j'aimais m'imaginer un effort visuel pour le côté live. Qui a été pour le coup inexistant. Sans aller jusqu'à demander des effets spéciaux hollywoodiens, un peu plus de breloques sur scène ainsi que des costumes auraient renforcé l'aura générale. Par chance, à côté de ça, la musique était habilement retranscrite et le frontman fort agréable, charismatique et communicatif. En revanche, j'attends toujours avec une certaine tristesse « Wolfmoon ».

 

Passons rapidement sur les cas Tarja qui m'a fait fuir encore plus vite que Dragonforce et Gojira, que j'ai entraperçu de-ci, de-là mais qui m'a paru aussi monumental que les deux autres fois où j'ai eu la chance de les voir par le passé pour arriver directement au cas Rival Sons. Fort de leur hard teinté de 70's, le revival sonore des Américains a su s'attirer du monde à lui tant la Valley était garnie. Et franchement, il y avait de quoi car même si on peut leur reprocher d'avoir été un peu autistes en terme de communication avec le public, il faut reconnaître qu'ils savent s'y prendre niveau musique. Des influences évidentes des plus grands sans jamais plagier, ces mecs arrivent à faire leur tambouille sans fausse note et surtout en usitant du meilleur de ce que le passé pouvait bien offrir. Un beau moment. Encore quelques tribulations plus tard, j'ai fini par me retrouver totalement par hasard devant Grand Magus. Alors que je ne devais faire que passer, j'avoue avoir beugué dessus sur une bonne moitié de leur show. Bien que je connaisse les Suédois de nom, j'avoue ne jamais m'être penchée sur la question. Grand tort à priori car j'ai été agréablement surprise. Gros son guerrier plutôt traditionnel dans l'approche mais efficace, il faut admettre que les Scandinaves savent comment tenir un public dans la poche : belle communication, refrains fédérateurs qui s’apprennent en moins de deux...

 

Malheureusement, pas le temps de s'y attarder très longtemps puisque la performance de Ghost m'intéressait énormément sur le papier. Cela faisait très longtemps que j'entends parler de ce groupe, de façon à la fois dithyrambique et incendiaire, mais jamais je n'avais pris le temps de creuser à son sujet. Savoir sa présence au Hellfest était une belle occasion d'assouvir ma curiosité. Et je n'ai pas été déçue, me faisant même regretter au passage d'avoir attendu si longtemps. Que ce soit en terme musical, d'ambiance et de mise en scène, tout y est pour faire d'un show de Ghost un moment unique. Même s'il aurait été sans doute mieux que Papa Emeritus se la boucle un peu plus au profit des riffs par rapport à la courte heure allouée au groupe qui se termine en apothéose par un feu d'artifice honorable, même s'il n'est pas prêt de faire de l'ombre à celui tiré la veille. Bref, cela conforte un peu tous les sons de cloche que j'ai pu entendre, à savoir que Ghost est typiquement le genre de groupe qui ne peut laisser indifférent : soit on l'adore, soit on le déteste, le tout, sans demi-mesure. Assurément un gros coup de cœur. Une fois remise de la gentille petite claque bien sentie derrière les oreilles, la fébrilité emporte le pas sur le petit regret passager de faire l'impasse sur Enslaved. Black Sabbath... Black Sabbath putain ! Une institution que je ne pouvais pas louper, d'autant plus que c'est la dernière fois qu'on pourra les voir (normalement). Même si ça effraie toujours un peu, sachant qu'avec Ozzy, on peut avoir le droit au meilleur comme au pire. Par chance ce soir, c'est vers le meilleur que ça lorgne. Pas exempt de fausses notes, mauvaise farce des abus de toute une vie de ne plus être capable de tenir sa voix avec précision, le Madman s'en tire quand même pas mal. Même si on le sent plus calme et sérieux que d'accoutumée, se permettant quelques gimmicks et gestuels typiques du personnage sans non plus en abuser à outrance. La setlist, uniquement tirée de vieilleries poussiéreuses de la première moitié des années 70, est un véritable joyau, notamment pour les plus jeunes générations telles que moi qui ont découvert ces monuments musicaux sur le tard. L'instant est grave, plein d'émotions, une sorte de sombre communion mortuaire. Oui, certes, je n'aurais jamais vu Motörhead dans ma vie mais au moins aurai-je vu Black Sabbath. Et vu mon plus grand attachement pour le second par rapport à la bande à Lemmy, je dois dire qu'il peut m'arriver un malheureux accident demain, je pourrais crever en paix.

 

C'est un peu dans cet état d'esprit que je quitte le Hellfest cette année, le show de King Diamond me prenant plus la tête qu'autre chose. Même si je n'ai aucune dent contre leur musique, je reste encore sur mon petit nuage Black Sabbathien qu'il m'embête de devoir briser. Au final, 2016 n'aura peut-être pas été le meilleur crû musical que j'ai pu connaître. Il n'en demeure pas moins avoir passé de bons, voire intenses, moments sonores. Mais n'ayant pas été aussi assidue que d'habitude aux concerts, difficile de juger tant j'en ai loupé. Par ailleurs, mon weekend a été une vraie réussite en tant que fête. Une véritable plongée dans un monde à part, bien loin des tracas quotidiens et de la vie en société conformiste. Et au vu de la forte densité affichée ainsi que toutes les conséquences que cela apporte, notamment en terme d'attente, ce n'est peut-être plus vers Clisson qu'il faut maintenant se tourner si l'on recherche vraiment du délire musical. Impossible de profiter des concerts avec un confort optimal dans ces conditions, il faut le reconnaître. Pour cela, il vaut peut-être mieux tourner la tête vers des concurrents plus modestes comme le Motocultor, aujourd'hui pas si loin de représenter ce que serait une sorte de Hellfest à l'ancienne. En revanche, en terme d'ambiance, il faut reconnaître que celle qui règne à Clisson est incomparable. Se défouler, faire la fête, s'en prendre plein les yeux en terme d'installations, profiter de gros noms qu'on n'aurait pas forcément eu l'occasion de voir autrement pour diverses raisons, c'est peut-être plus dans cette optique qu'il faut voir ce qui est maintenant devenu une institution allant au-delà du national.

 

 

photo de Margoth
le 24/11/2016

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